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Suicides à France Telecom: l’entreprise et l’ex-PDG devant le tribunal pour «harcèlement moral»

17 juin 2018, 11:04

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Suicides à France Telecom: l’entreprise et l’ex-PDG devant le tribunal pour «harcèlement moral»

Une première en France. Suivant une vague de suicides entre 2008 et 2009, France Telecom (devenue Orange entre-temps), l’ancien PDG Didier Lombard et six autres dirigeants devront faire face à un procès pour «harcèlement moral» devant le tribunal correctionnel de Paris.

«Incitations répétées au départ», mobilités «forcées», missions «dévalorisantes», «isolement»Les juges d’instruction ont relevé, dans leur ordonnance en date du 12 juin, une longue liste de pratiques répétées. Lesquelles constituent «une politique d’entreprise visant à déstabiliser les salariés» et «à créer un climat professionnel anxiogène».

C’est le suicide, en juillet 2009, d’un technicien marseillais qui avait fait éclater cette affaire. Avant de se donner la mort, il avait parlé d’un «management par la terreur».

À l’époque, en pleine réorganisation dans le cadre d’un projet de privatisation, le groupe France Telecom voulait éliminer 22 000 postes entre 2006 et 2008 et procéder à 10 000 changements de métier. D’ailleurs, en octobre 2006, le PDG Didier Lombard avait déclaré : «Ce sera un peu plus dirigiste que par le passé (...) En 2007, je ferai les départs d’une façon ou d’une autre, par la fenêtre ou par la porte.»

En 2010, une enquête était confiée à des juges d’instruction ; ils ont examiné le cas de 39 employés. De ce nombre, 19 se sont suicidés, 12 ont tenté de le faire et 8 ont souffert soit de dépression soit ont dû se mettre en arrêt de travail. Concluant au harcèlement moral, les juges d’instruction ont ordonné un procès contre Orange et l’ancien patron Didier Lombard.

Les six autres dirigeants et cadres sont, eux, accusés de «harcèlement moral» ou de «complicité». Les juges ont retenu à leur encontre leur participation comme «complices» à la politique du groupe.

Dans un communiqué, le syndicat CFE-CGC, partie civile, «se félicite de cette décision» mais «regrette cependant que le chef d’homicide involontaire n’ait pas été retenu» par les juges. «La responsabilité morale des sept prévenus dans la crise sociale et ses conséquences les plus tragiques, les suicides de nos collègues, est avérée.»