Publicité

Ashvin Seeboo: remettre l’humain au centre du développement

17 juin 2018, 01:30

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Ashvin Seeboo: remettre l’humain au centre du développement

Lorsque l’on a pour père Kris Seeboo, qui a dirigé quatre hôtels du groupe Beachcomber et pour mère Pam, qui a fait carrière comme cadre à Air Mauritius, il est difficile de ne pas avoir des fourmis dans les jambes et ne pas éprouver l’envie de découvrir des terres inconnues.

Si la maison familiale se trouve à Roches-Brunes, la famille vit dans la maison dédiée au directeur d’hôtel qui n’est autre que son père. C’est ainsi qu’en grandissant, Ashvin Seeboo a bougé trois fois de maison. Mais les enfants Seeboo ne sont pas autorisés à aller tous les jours à l’hôtel. «Notre éducation a été stricte. Nous n’étions pas autorisés à aller à l’hôtel en semaine, seulement le samedi. Rien n’était acquis, pas même notre argent de poche que nous devions mériter en accomplissant des tâches comme tondre le gazon ou encore nettoyer les vitres», raconte Ashvin Seeboo.

Au Lycée Labourdonnais, Ashvin Seeboo excelle en sport, notamment en course de demifond. À deux reprises, il est d’ailleurs sacré championde Maurice sur 600 mètres.

À 14 ans, il veut faire un stage dans l’hôtellerie. Son père donne comme consigne à son homologue de ne pas l’épargner. C’est ainsi que pendant les vacances scolaires, il agit comme bagagiste à l’hôtel Royal Palm. Ashvin Seeboo s’éclate en découvrant le monde du travail et en obtenant de généreux pourboires. Lors de ses prochaines grandes vacances, il insiste pour faire un autre stage dans l’hôtellerie. Son père, qui veut lui faire voir l’envers du décor, le fait entrer comme assistant commis à l’hôtel Le Paradis. Vivre dans le Nord et travailler dans le Sud n’est pas une sinécure. Pas pour Ashvin Seeboo qui apprécie le contact humain.

Ashvin Seeboo demande un troisième stage et il est envoyé dans le département de pâtisserie de l’hôtel Shandrani. Lors de sa première réunion de conseil d’orientation à l’école, lorsqu’on lui demande vers quelle filière il veut s’orienter, c’est très clair dans sa tête que ce sera l’hôtellerie. À 17 ans, il passe son baccalauréat économique et social avec Mention. C’est à l’école hôtelière Les Roches en Suisse qu’il est admis dans l’optique d’obtenir un diplôme en gestion hôtelière. «À l’école Les Roches, on m’a appris le savoir-faire.»

À ce diplôme, il veut adjoindre une maîtrise. Il se fait admettre à l’École de Savignac dans le Périgord, en France. Mais avant de reprendre les études, il accepte un poste d’animateur d’hôtel au Fram de Gosier en Guadeloupe. Après trois mois à faire le pitre, il regagne la France et entame sa maîtrise en gestion d’établissements de tourisme. Cette filière est plus vaste car elle englobe tous les métiers de l’hospitalité.

Il fait la différence entre l’école suisse qui «sait ce qu’elle vaut et a un chip on the shoulder» et l’école de Savignac où il apprend entre autres, l’importance de l’humilité. «Nous avions même un module sur le savoir être et l’humilité. Ce qui permet de tout relativiser. Tout le monde peut apprendre la technique mais il faut surtout apprendre à respecter l’autre et se dire que l’on n’est pas le centre du monde.»

Au cours de sa première année de maîtrise, il a l’opportunité de se rendre aux États-Unis et de faire un stage dans un des hôtels Mariott dans l’État du Kentucky. Il effectue son stage de deuxième année au Maroc pour le groupe Fram qui lui commandite un audit destiné à rehausser le niveau de prestations de restauration d’un de ses hôtels. Il tente d’appliquer le concept d’empowerment qu’il a vu faire au Kentucky en encourageant le personnel à prendre des initiatives mais se fait rabrouer par le directeur qui lui demande d’être plus directif. «J’y ai appris une grande leçon de management, à savoir que même si une idée est excellente, si on ne l’adapte pas au contexte local, on faillit.»

Sa maîtrise en poche, il regagne Maurice et obtient un poste d’assistant Food and Beverage Manager à l’hôtel Royal Palm. Deux ans plus tard, il est nommé Food and Beverage Manager au sein de ce fleuron du groupe Beachcomber. À 25 ans, il est le plus jeune à ce poste à Maurice. Après un an, son envie d’ailleurs le reprend et il accepte un poste de Marketing Manager d’Air Seychelles, proposé par David Savy. L’ouverture de l’espace aérien, un an et demi plus tard vient tout chambouler et entraîne une restructuration. Ashvin Seeboo préfère démissionner.

Il prend alors un poste de directeur d’hôtel à La Gazelle d’Or à Taroudan au Maroc. Par la suite, Ashvin Seeboo décide de compléter ses études par un Masters in Business Administration et il est accepté à EMLyon Business School. En attendant la rentrée, il est contacté par le frère de David Savy, Francis, directeur de l’Office du tourisme des Seychelles qui lui propose de retourner dans l’archipel et de faire un audit des petits hôtels dans l’optique de créer un label seychellois. Ashvin Seeboo accepte car il a du temps à tuer avant la reprise de ses cours en France.

Or, Francis Savy finit par se mettre à son compte et reçoit une proposition d’un groupe maldivien pour développer un hôtel sur l’île Silhouette. Il convainc Ashvin Seeboo de le rejoindre. Ayant accepté la proposition, il doit remettre à plus tard ses études de MBA. C’est de vive voix qu’il va annoncer à EMLyon qu’il ne pourra pas suivre le cours de MBA. La responsable des admissions est si étonnée de la démarche qu’elle décide de mettre son admission en stand-by. Ashvin Seeboo regagne les Seychelles et continue à développer le projet hôtelier qui finit par buter sur une contrainte environnementale.

Le gouvernement ayant décidé de faire de l’île Silhouette un parc marin national, l’Environment Impact Assessment du groupe maldivien est rejeté. Celui-ci offre au Mauricien la possibilité de gérer son hôtel de luxe aux Maldives qui comprend cinq villas sur une petite île et dont la nuitée est à 2 500 dollars. Ce qu’il fait pendant quelques mois avant d’être relancé par Francis Savy, qui entend cette fois développer un hôtel, Zil Pasyon, sur l’île Félicité. Ils parviennent à mener à bien ce projet.

Après 12 ans passés aux Seychelles, Ashvin Seeboo rêve d’un autre monde. Il fait une escale au Qatar où il agit comme consultant pour l’Organisation mondiale du tourisme et aide à développer l’offre touristique en marge de la Coupe du Monde 2023. Puis, il va se ressourcer à Bangkok et à Maurice en attendant de prendre un emploi de développeur à Hong Kong. Lors de son séjour mauricien, il prend un café avec son contemporain Jayeen Jhuboo, le benjamin des frères Jhuboo, qui lui parle du projet Cap Tamarin. Il rencontre même Georges Talbotier, le CEO du groupe Trimetys qui développe ce projet. Alors qu’il a regagné Bangkok, il reçoit une proposition de Georges Talbotier : le poste de CEO du pôle immobilier de Trimetys.

Si Ashvin Seeboo accepte de retourner dans son île natale - Cap Tamarin va prendre entre cinq et sept ans pour se développer - c’est parce que le projet comporte une forte composante humaine. «C’est un projet à taille humaine, qui remet l’humain au centre du développement.

C’est un Smart & Happy village dans le cadre du Smart city scheme. Ce qui me plaît dans cette vision, c’est que je gère l’humain. Je conceptualise certes un projet immobilier, j’ai des réunions thématiques mais je développe un rêve avec une équipe d’architectes, d’ingénieurs, de financiers, etc. Tout ce monde-là fera de Cap Tamarin un succès. On le fait ensemble…»