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Le gouvernement britannique remporte un vote majeur sur le Brexit

13 juin 2018, 01:20

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Le gouvernement britannique remporte un vote majeur sur le Brexit

La Première ministre britannique Theresa May a évité de justesse mardi une défaite lors de l’examen de son projet de loi sur le Brexit, après le rejet d’un amendement qui aurait donné au Parlement un droit de veto sur les négociations avec Bruxelles.

Les députés ont rejeté par 324 voix contre 298 cet amendement qui aurait octroyé au Parlement le pouvoir de renvoyer le gouvernement à la table de négociations si l’accord obtenu avec Bruxelles ne lui convenait pas.

Ce rejet a été obtenu à l’issue d’ultimes discussions entre le gouvernement conservateur et les députés tories pro-UE, qui ont donné lieu à des scènes spectaculaires au Parlement, les ministres négociant d’arrache-pied avec les parlementaires au beau milieu de la chambre des Communes.

Etant donné sa courte majorité à la chambre des Communes, et face à des récalcitrants à la ligne qu’elle a tracée, Theresa May craignait une défaite sur cet amendement, qui aurait eu de lourdes conséquences sur sa marge de manoeuvre.

Le projet de loi, intitulé «Loi (de retrait) de l’Union européenne», doit mettre fin à la suprématie du droit européen sur le droit britannique, et organiser la transposition de certaines règlementations européennes.

Les députés, qui avaient adopté une première version en janvier, se prononcent jusqu’à mercredi sur une série d’amendements introduits lors de l’examen du texte à la Chambre des Lords, la chambre haute du Parlement britannique, allant à l’encontre du projet gouvernemental.

Sur un autre sujet qui pose problème, la possibilité de maintenir le Royaume-Uni dans l’union douanière, l’exécutif semble avoir trouvé un arrangement avec sa majorité, avec un amendement de compromis porté par quatre députés tories, Oliver Letwin et Nicky Morgan -pro-UE-, et Jacob Rees-Mogg et Bill Cash -anti-UE. Il sera mis au vote mercredi.

Soucieuse d’éviter un camouflet, Theresa May avait convoqué l’ensemble des députés de son parti lundi soir pour les rappeler à l’ordre.

«Le message que nous envoyons au pays cette semaine avec nos votes est important», avait-elle prévenu. «Nous devons montrer clairement que nous sommes unis, en tant que parti, dans notre détermination à mettre en place la décision prise par le peuple britannique» qui avait voté à 52% pour sortir de l’Union européenne en juin 2016.

«J’essaie de négocier le meilleur accord possible pour le Royaume-Uni» avec Bruxelles, avait-elle fait valoir. «Mais si les amendements des Lords sont maintenus, cela ébranlera notre position dans les négociations».

Une mise en demeure qui a conduit le secrétaire d’Etat à la Justice et député conservateur pro-UE Phillip Lee à annoncer sa démission mardi matin afin de voter librement, a-t-il expliqué.

- Ambiance délétère -

Signe des tensions provoquées par ces votes, le tabloïd pro-Brexit The Sun a mis en garde les députés : «Vous avez le choix: Grande-Bretagne, ou grande trahison ?», a-t-il titré en une mardi. «Ignorez la volonté du peuple à vos risques et périls», a pour sa part admonesté le Daily Express.

«À ma connaissance, au moins un député sur ces bancs ne votera pas (...) selon sa conscience en raison de menaces», a dénoncé la députée conservatrice pro-EU, Anna Soubry.

A l’ouverture des débats en début d’après-midi, le ministre du Brexit David Davis avait invité la chambre des Communes à prendre conscience des enjeux.

«Nous avons écouté, dans la mesure du possible, les suggestions sensées qui ont été faites pour améliorer le projet de loi mais lorsque des amendements ont été faits, volontairement ou non, pour saper (...) le résultat du référendum, nous devons les rejeter», a-t-il dit.

Malgré les divisions, le député Jacob Rees-Mogg, eurosceptique influent, avait estimé sur la radio LBC que la discipline serait observée au sein des tories: «Il y aura de l’unité. Ce ne sera pas parfait mais cela devrait suffire pour faire passer le texte et renforcer la position de Theresa May».

Le rapport de force actuel au sein du gouvernement a peut être conduit les députés conservateurs pro-européens à modérer leurs velléités de rébellion: en cas de nouvelles défaites à Mme May, ce sont les ministres partisans d’une ligne dure sur le Brexit qui pourraient en sortir renforcés.