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Législatives en Malaisie: le Premier ministre affronte son ex-mentor de 92 ans

9 mai 2018, 09:29

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Législatives en Malaisie: le Premier ministre affronte son ex-mentor de 92 ans

Les électeurs malaisiens votaient mercredi aux législatives qui s’annoncent comme l’un des scrutins les plus serrés dans ce pays où le Premier ministre Najib Razak, englué dans un scandale financier, est confronté à l’ex-dirigeant autoritaire Mahathir Mohamad, 92 ans.

Najib, 64 ans, cherche à se maintenir à son poste à la tête d’une coalition gouvernementale formée de partis au pouvoir en Malaisie depuis l’indépendance de l’ex-colonie britannique en 1957. Mais le retour surprise sur le devant de la scène politique du charismatique Premier ministre Mahathir Mohamad a bouleversé la donne.

Excédé par un énorme scandale financier qui a sapé l’image de la Malaisie à l’étranger, Mahathir s’est allié avec des partis qui étaient opposés à lui du temps où il était au pouvoir (1981-2003), en particulier avec un dirigeant de l’opposition emprisonné, Anwar Ibrahim, ex-ennemi juré du nonagénaire.

La coalition gouvernementale dirigée par Najib, le Barisan Nasional (Front national, BN), devrait néanmoins remporter le scrutin à la faveur d’un système électoral qui lui est favorable, selon les critiques. Des analystes prédisent cependant que les partis au pouvoir vont perdre le vote populaire pour la seconde fois après les législatives de 2013.

Pour remporter les élections, une majorité simple au Parlement suffit. Le scrutin s’annonce serré dans la mesure où la coalition d’opposition dirigée par Mahathir a gagné du terrain ces dernières semaines. Elle a rogné sur le socle électoral des partis au pouvoir, la majorité musulmane des Malais ethniques.

De longues files d’attente se formaient dans les bureaux de vote de ce pays d’Asie du Sud-Est. Ils ont ouvert à 08h00 (00h00 GMT) et fermeront à 17h00 (09h00 GMT). Les résultats devraient être connus tard dans la soirée de mercredi ou jeudi.

Lim Kok Tong, un électeur de 43 ans dans la capitale Kuala Lumpur, a émis l’espoir d’un changement de régime.

«Quand les gouvernements réalisent qu’ils peuvent être remplacés, ils sont montrent attentifs aux citoyens», a déclaré le quadragénaire issu de la minorité chinoise, qui soutient traditionnellement l’opposition.

A Alor Setar, une ville du nord du pays, Jaafar Hassan, un ancien fonctionnaire de 69 ans, a lui voté pour la coalition au pouvoir.

«Je connais Mahathir. C’est un honnête homme, mais il est devenu arrogant, c’est sa plus grande erreur», a estimé cet électeur.

Sous pression

Najib est sous pression pour remporter une nette victoire après la perte des votes populaires par les partis au pouvoir pour la première fois aux précédentes législatives en 2013. Son maintien au poste de Premier ministre pourrait être remis en question en cas de mauvais résultats, observent des experts.

Les électeurs de ce pays multiethnique sont de plus en plus désabusés par les politiques ethniques qui sèment la division, l’augmentation du coût de la vie et les scandales de corruption.

L’affaire de détournements au détriment du fonds souverain 1MDB, créé par M. Najib à son arrivée au pouvoir en 2009 pour moderniser la Malaisie, affecte le Premier ministre qui a toujours nié tout acte répréhensible.

Depuis 2015, la Malaisie est secouée par le scandale autour de ce fonds endetté aujourd’hui à hauteur de 10 milliards d’euros. Il est au coeur d’allégations de corruption qui font l’objet d’enquêtes dans plusieurs pays, notamment en Suisse, à Singapour et aux Etats-Unis.

Selon une enquête d’opinion publiée mardi par le Centre Merdeka, un institut indépendant, le BN de Najib devrait se maintenir au pouvoir à la faveur du système électoral, mais perdre à nouveau le vote populaire. La coalition au pouvoir récolterait 37% des voix contre 43,4% pour la coalition d’opposition de Mahathir.

Des partisans de l’opposition et des représentants de la société civile ont dénoncé des tentatives de triche de la part de la coalition au pouvoir, affirmant que des millions d’électeurs sans adresse et même des personnes décédées étaient apparues sur les listes électorales, à la suite d’un redécoupage électoral en mars, favorable à la coalition au pouvoir.