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Agalega: un premier pas pour avoir une identité

9 mai 2018, 01:30

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Agalega: un premier pas pour avoir une identité

Treize ans de lutte et la lumière presque au bout du tunnel. Les enfants nés à Maurice de parents vivant à Agalega auront l’adresse de leurs parents inscrite sur leur extrait de naissance. Ce n’est pas encore la victoire pour les Agaléens, qui exigent que ces enfants aient comme lieu de naissance leur île, mais c’est déjà un progrès. Cette décision a toute son importance, que ce soit sur le plan légal, juridique ou social, d’autant que le malheur du peuple chagossien marque les esprits.

Cette mention est le premier pas vers la création d’une identité propre à eux, insistent Alain Langlois et Laval Soopramanien, respectivement le porte-parole et le président de l’Association des amis d’Agalega. Contrairement aux Rodriguais, reconnus comme des natifs de leur île, grâce à leur extrait de naissance, tel n’est pas le cas pour bon nombre d’Agaléens. «C’est comme avoir une nationalité. Nous sommes certes des Mauriciens, mais nous sommes originaires d’Agalega. Comment établir plus tard que nous vivons sur cette île s’il n’y a rien d’officiel ? D’ailleurs, c’est une fierté pour nous de pouvoir afficher notre identité, comme nos amis de Rodrigues», précise le porte-parole de cette association.

Cette décision revêt également un aspect économique et social. Elle permettra à un «peuple de ne pas disparaître». Depuis un peu plus de dix ans, les femmes enceintes sont évacuées à Maurice pour l’accouchement. L’extrait de naissance des nouveau-nés précisait qu’ils sont nés dans les hôpitaux mauriciens, sans aucune mention de leur île. Si cette tendance continue, craint Laval Soopramanien, il n’y aura plus officiellement d’Agaléens. «La troisième génération de Chagossiens n’aura pas le passeport britannique. Ceux qui naissent ailleurs ne sont pas reconnus comme des Chagossiens. Nous ne voulons pas que cela nous arrive. De plus, nous ne souhaitons pas non  plus que, pour une raison quelconque, l’on vienne dire un jour que l’île n’a jamais été habitée.» 

Sur le plan économique, les Amis d’Agalega militent pour qu’en cas de développement touristique sur l’île ou si elle est utilisée à des fins commerciales, la priorité doit être accordée aux Agaléens, ou à leurs descendants, pour le travail. «Les extraits de naissance seront alors d’une grande aide.»

Une demi-victoire

L’idéal pour que les Agaléens est que toutes les femmes enceintes accouchent dans l’île, comme cela se faisait autrefois. Elles arrivent à Maurice pour accoucher au cinquième mois de leur grossesse. Ensuite, les mères doivent attendre le prochain bateau pour rejoindre leur famille. «Bien souvent, une mère doit attendre huit mois pour rentrer. Pourquoi ne pas donner des facilités au médecin de l’île pour des accouchements comme cela se faisait autrefois ?» propose Alain Langlois.