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Dr David Strain: «L’insuline Tresiba réduit de moitié le risque de faire une hypoglycémie»

8 mai 2018, 18:22

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Dr David Strain: «L’insuline Tresiba réduit de moitié le risque de faire une hypoglycémie»

 

Le laboratoire Norvo Nordisk a récemment lancé à Maurice la nouvelle génération d’insuline injectable qui se présente sous forme de stylo. Le point avec le Dr David Strain, chargé de cours principal en médecine préventive pour le diabète et les maladies vasculaires en Grande-Bretagne.

De quand date le lancement originel de l’insuline Tresiba ?
L’insuline Tresiba a été lancée en 2013 en Europe. Puis, elle a gagné le Japon et ensuite les États-Unis. Maurice est le deuxième pays africain à l’avoir, après l’Égypte. Elle sera bientôt introduite en Afrique du Sud.

En quoi cette nouvelle génération d’insuline se différencie-t-elle de ses prédécesseurs ?
Tresiba a une toute nouvelle formulation. Elle agit sur une très longue durée, soit pendant environ 42 heures alors que l’insuline de la génération précédente avait une action ne dépassant pas 24 heures. Elle imite au plus près l’insuline naturelle dans le pancréas.

En raison de son action de longue durée, Tresiba accorde une plus grande flexibilité aux diabétiques, en particulier à ceux qui voyagent ou qui ont des vies compliquées. Vu sa longue action, si un diabétique oublie de s’injecter son insuline à l’heure habituelle, avec Tresiba, il est couvert pour 42 heures et peut donc se rattraper dès qu’il note l’oubli, sans que cela ne comporte de risques pour sa santé.

Comprend-t-elle des molécules animales ?
Pas du tout. On fabrique la plupart des insulines modernes par des gênes mises dans une levure. Les insulines d’aujourd’hui sont totalement synthétiques.

Quels en sont ses bénéfices ?
Les insulines des générations précédentes contrôlaient de façon irrégulière la glycémie, mettant les diabétiques à risque de faire une chute drastique du niveau de leur sucre sanguin (hypoglycémie), en particulier de nuit. Et chez un diabétique, l’hypoglycémie est la complication la plus redoutée car elle le rend grandement dépendant.

C’est comme s’il avait eu une congestion. La partie gauche et la partie droite de son corps ne répondent plus et même s’il pense à faire quelque chose, il ne peut bouger ni avertir son entourage. Avec la nouvelle génération d’insuline, le risque de faire une hypoglycémie de jour est réduit par deux cinquième. Et le risque d’avoir cette complication de nuit est réduite de 53 %.

À quel type de diabétique s’adresse la Tresiba ?
Aux diabétiques de Type 1 qui prennent en même temps un autre médicament nommée le Victoza. Les deux vont de pair. Mais elle est aussi recommandée aux diabétiques de Type II, qui peuvent la prendre en complément de leurs comprimés. Le mélange Tresiba et Victoza répond davantage aux besoins du diabétique de Type II. Nous avons ces deux produits dans un seul stylo d’injection en Grande-Bretagne. Mais généralement, les gouvernements préfèrent avoir deux injections différentes. Une fois qu’ils ont eu confiance, ils passent la commande pour le stylo contenant les deux insulines.

Qu’indiquent les recherches à propos de cette nouvelle génération d’insuline ?
Elles indiquent qu’avec la Tresiba, les diabétiques ont moins besoin d’insuline sans que cela ne cause une hypoglycémie ou une faiblesse pouvant affecter la conduite sur la route, par exemple.

Il a été noté qu’elle réduit aussi le risque de chutes chez les personnes âgées. D’un point de vue global, cette nouvelle génération d’insuline réduit les dépenses budgétaires de la santé. Sur chaque cinq livres dépensées sur la santé, une livre va à la gestion du diabète. Avec Tresiba, les coûts de l’hypoglycémie sur le budget de la santé sont réduits de 36 %.

Par quelle partie du corps s’administre-t-on le Tresiba ?
Comme les autres insulines, c’est une injection sous-cutanée, qui se fait dans le ventre. L’aiguille du stylo est très fine, soit un centimètre.

Avant de lancer la Tresiba, vous avez sans doute fait des essais cliniques. Qu’ont-ils donné ?
Notre essai clinique de sécurité, appelé Devote Trial, a été mené l’an dernier. Cela est venu confirmer que la Tresiba réduit le risque d’hypoglycémie nocturne et qu’elle stabilise mieux le niveau de sucre sanguin.

Cette nouvelle génération d’insuline est-elle utilisée par le «National Health Service» anglais ?
Oui. Elle est administrée à des patients ciblés, soit aux diabétiques qui vont bientôt passer à la pompe à insuline, aux diabétiques de plus de 65 ans et qui sont plus susceptibles de chuter. Mais aussi à ceux qui voyagent beaucoup et qui ont un style de vie irrégulier et ceux qui risquent une hypoglycémie avec d’autres insulines.

Cette insuline est-elle déjà disponible à Maurice ?
Elle l’est dans le privé. La boîte de Trésiba pour un mois de traitement coûte Rs 665. D’après mes informations, elle est moins chère que les médicaments pour le diabète chez vous alors qu’en Grande-Bretagne, elle est plus coûteuse. Cette nouvelle génération d’insuline est plus pratique et moins contraignante. Elle occasionne moins d’angoisse de faire une hypoglycémie et contrôle mieux le niveau de sucre sanguin. Presque aussi bien que le ferait le pancréas s’il fonctionnait naturellement.