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Théâtre-«Chat et souris»: le jeu se complique

8 mai 2018, 02:19

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Théâtre-«Chat et souris»: le jeu se complique

Dix-huit ans après. Jean, le chauffeur de taxi (joué par Vincent Pellegrin) est toujours marié, à la fois à Mathilde (Virginie Talbotier) et à Charlotte (Vinaya Sungkur). Il a maintenant une fille de Mathilde (Jaansi Sungkur) et un fils de Charlotte (Leo Maestracchi). Internet aidant, les deux enfants font tout pour se rencontrer. Fausses pistes, complications et mensonges sont au programme de Chat et souris. Cette comédie de Ray Cooney (c’est la suite de Stationnement Alterné), proposée par Philippe Houbert et Daniel Mourgues, est à l’affiche au théâtre Serge Constantin, du 18 mai au 2 juin. 

Deux jeunes talents à découvrir 

Léo Maestracci, 16 ans et Jaansi Sungkur, 13 ans sont les deux jeunes talents à découvrir dans Chat et souris. Le tandem Philippe Houbert et Daniel Mourgues les a choisis après un casting dans plusieurs écoles et ateliers de théâtre de l’île.  

Pour Jaansi Sungkur, le théâtre est une affaire de concentration. Tout le reste suit : apprendre son texte, savoir quand rentrer et sortir de scène. Elle joue une fille, «sûre d’elle, une fille à papa. Quand elle veut quelque chose, elle fait tout pour l’avoir. Elle veut vraiment rencontrer en vrai ce garçon qu’elle a rencontré sur Internet et elle va vraiment insister». À 13 ans, Jaansi a déjà suivi un cours de théâtre pendant deux ans et demi, à Paris. Est-ce que ce sont ses parents qui l’y ont inscrite ? «Non, c’est moi qui ai demandé», précise-t-elle.  

Léo Maestracci décrit son rôle comme celui du «petit gars qui cherche toujours la petite bête à chaque fois qu’on essaie de lui faire croire n’importe quoi. Il est très logique, il est là pour démentir ce que disent les autres. Il est énergique et bouge dans tous les sens».  

Léo Maestracci est élève au Lycée Labourdonnais, qui propose l’option théâtre. «Mon frère en faisait, il m’en a parlé et cela m’a intéressé. J’avais aussi envie de me débarrasser de ma timidité.» Quand Daniel Mourgues et Philippe Houbert organisent un casting dans son lycée, Léo Maestracci y participe. «Ils m’ont prévenu que les répétitions coïncideraient avec le bac de français. Mais cela me fait plaisir de participer à ce genre de truc. Cela me permet de passer un bon moment avec des gens sympas. C’est beaucoup moins difficile de s’organiser qu’on ne le croit.» Après les répétitions à l’École du Centre, par exemple, Léo Maestracci rentre à Tamarin. «Quand je sors de scène, je ne suis pas fatigué. Je me sens bien», assure-t-il.  

Ce qui fait réagir Jaansi Sungkur. «Moi, c’est tout le contraire. Quand on arrive, on est motivé pour la nouvelle répétition. Après toute cette concentration, j’en sors vidée. Au fil des jours, cela devient un rythme auquel il faut s’habituer.»  

Daniel Mourgues explique pourquoi le choix s’est porté sur ces deux jeunes. «Nous avons cherché des gens avec une belle personnalité. Le premier contact est important. Si on voit que la personne est complètement introvertie, on se dit, «aïe aïe, aïe, il va y avoir du boulot.»  

Le casting consiste à donner deux pages de texte aux jeunes et une demiheure pour l’apprendre. «On sait que ce ne sera pas parfait. Mais, au moins, on voit déjà si la personne parle juste. Au théâtre, il y a des notes qu’il faut respecter, sinon cela ne marche pas.» Philippe Houbert ajoute : «Il fallait aussi que le couple soit crédible.» Les deux ados choisis ont «véritablement l’âge des rôles». 

En avant la comédie jubilatoire 

Chat et souris est la suite de Stationnement alterné, jouée par l’équipe Houbert-Mourgues, l’an dernier. Le travail du comédien et du metteur en scène s’en trouvet-il simplifié ? Pour Philippe Hou- bert, ce n’est pas le cas, «même si on retrouve certains automatismes du personnage que l’on a interprété. Mais c’est quand même une nouvelle aventure». Le public retrouvera des personnages qu’il a «j’espère aimés : les deux épouses, le chauffeur, l’ami encombrant». Nouveauté : les deux adolescents. Sans oublier le papi farfelu, joué par Romain Blanchet, qui sera complètement différent de ce qu’il a joué l’année dernière». Un rôle physique, avec «de petites cascades».  

Daniel Mourgues et Philippe Houbert.

Philippe Houbert insiste : «On peut voir Chat et souris sans avoir vu Stationnement alterné.» Les deux histoires sont indépendantes. «Bien sûr, pour ceux qui ont vu la première partie l’an dernier, il y a des clins d’œil.» Philippe Houbert ajoute : «Nous assumons pleinement de nous spécialiser dans la comédie.» Il reprend le personnage de Gilbert, l’ami encombrant du chauffeur de taxi. «Ce serait ridicule de s’accrocher au premier rôle, alors que je n’en ai ni le physique ni l’âge.»  

Chat et souris est un titre à double interprétation. Au premier degré, référence au jeu du chat et de la souris. À l’ère des technologies, le chat en anglais, signifie conversation. Et la souris, l’objet connecté à l’ordinateur. Quel rapport avec l’histoire ? Les deux enfants de Jean, le chauffeur de taxi bigame, se rencontrent via Internet. S’ensuit une course poursuite infernale pour éviter que les deux enfants ne se rencontrent. Avec, au final, des surprises, «que nous demanderons au public, chaque soir de ne pas révéler à ceux qui n’ont pas vu la pièce». 

La relève 

Jean (Vincent Pellegrin) et l’une de ses deux épouses, Mathilde (Virginie Talbotier). 

Quelle est la relève de Philippe Houbert et Daniel Mourgues ? «Nous avons formé une trentaine de comédiens», affirme Philippe Houbert. Daniel Mourgues ajoute qu’ils font tourner les équipes tous les ans. «Nous n’avons pas créé une troupe. Si cela avait été le cas, cela aurait été toujours les mêmes comédiens.» Philippe Houbert précise : «Évidemment, il y a toujours un noyau dur.» Quant à une relève qui tous les ans monterait une pièce, ils n’en sont pas encore là. «En tout cas, les papis font de la résistance. Nous assurons tous les ans», résume Philippe Houbert.  

Quelle est l’évolution du public depuis La cage aux folles, présentée par Houbert-Mourgues en 2011 ? «L’un de nos grands cadeaux, c’est un jeune qui amené ses parents au théâtre, alors qu’ils n’y avaient jamais mis les pieds. Nous voulons montrer aux jeunes que l’on peut aussi s’amuser au théâtre.» 

Écoles invitees 

Jean et son autre épouse, Charlotte (Vinaya Sungkur). 

Une représentation gratuite est prévue pour les ateliers de théâtre de divers établissements scolaires à travers l’île. A aussi été approchée La comédie mauricienne de Raj Gokhool, qui a répondu favorablement, ou encore Pierre Louis Pailluseau, comédien qui vit entre Maurice et Paris. «Il monte actuellement un projet de thérapie par le théâtre pour des enfants souffrant d’un retard mental», explique Philippe Houbert. Daniel Mourgues précise que l’objectif de départ est d’attirer au théâtre des jeunes qui n’y sont jamais allés.  

Au Bocage, une séance de questions-réponses est aussi prévue car cette année, la mise en scène est au programme d’études. «C’est une ouverture. Cela va donner aux élèves l’occasion de voir deux de leurs congénères sur scène, dans une production de qualité. Les deux jeunes pourront raconter ce qu’ils ont vécu pendant les trois mois de répétitions.» 

Le financement 

<p paraeid="{d7a2615b-92d9-4789-a548-11e947271093}{79}" paraid="1304965208">Pour ce qui est du financement de cette production, le partenaire principal, comme l&rsquo;an dernier, est la Mauritius Commercial Bank. Y a-t-il une participation de l&rsquo;État à cette aventure théâtrale ? Philippe&nbsp;Houbert&nbsp;est catégorique. &laquo;Nous ne demandons même plus. Après trois-quatre ans de promesses non tenues, de rendez-vous non honorés.&nbsp;Nous avons passé l&rsquo;âge d&rsquo;aller mendier.&raquo;&nbsp;</p>

Ce qu’il y aura l’année prochaine 

Philippe Houbert et Daniel Mourgues pensent déjà à la production de l’année prochaine. «Ce ne sera pas une pièce de Ray Cooney, nous en avons fait trois déjà», indique Daniel Mourgues. «Ce ne sera pas de l’humour british, non plus», précise Philippe Houbert.  

La pièce choisie pour 2019 est française. Il s’agit de Hier est un autre jour, de Sylvain Meyniac et JeanFrançois Cros. Cette pièce a été créée en 2013. Elle met en scène un avocat sur le point de conclure le procès de sa vie. La rencontre avec un personnage incroyable qui va lui faire vivre une journée de dingue, va tout changer. 

*Première à Rs 700, Seconde à Rs 600. Réservations et renseignements chez Otayo. Dix représentations du vendredi 18 mai au samedi 2 juin. Séances à 20 heures.