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France: un plan pour les banlieues déshéritées en mai

26 avril 2018, 18:32

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France: un plan pour les banlieues déshéritées en mai

 

Les banlieues populaires françaises, qui se sentent oubliées par le gouvernement, connaîtront en mai le plan du président Macron pour les quartiers prioritaires, où pèsent les risques d'un «nouvel apartheid» et de «repli communautaire», avertit un rapport jeudi.

La colère gagne du terrain depuis des mois au sein des élus locaux, déçus par l'absence de mesures pour ces quelque 1 500 quartiers paupérisés, cumulant difficultés économiques, sociales et éducatives, alors qu'Emmanuel Macron a promis en novembre: «Je veux que le visage de nos quartiers ait changé d'ici à la fin du quinquennat».

«Incompréhensions» et «frustrations» entraîneront, «si nous n'y prenons pas garde, replis communautaire, identitaire, xenophobe», a averti jeudi l'ancien ministre Jean-Louis Borloo, chargé par le chef de l'État d'une mission sur la politique de la ville.

«La question de l'égalité et de la mixité est un combat politique et culturel qui doit être mené sans relâche»  pour «ne pas laisser prospérer les idées d'inégalité des sexes et de séparation des genres dans l'espace public, comme un nouvel apartheid», ajoute l'auteur du rapport remis jeudi au gouvernement.

Pour lui, qui fut notamment ministre délégué à la Ville et à la Rénovation urbaine entre 2002 et 2004 sous la présidence de Jacques Chirac, il faut bel et bien «changer la donne».

Et pour ce faire, «il faut des programmes extrêmement clairs» avec dans les entreprises un «recrutement massif en alternance», mais aussi «un énorme travail sur l'école». M. Borloo propose ainsi la création d'«une cité éducative autour de l'école», de «campus numériques dans les quartiers» et d'une «académie des leaders» inspirée de la prestigieuse ENA (Ecole nationale d'administration) d'où sort l'élite du pays.

L'attente autour du rapport et surtout du «plan de mobilisation» du président Macron à venir est très grande, notamment au sein des élus de banlieue qui dénoncent le «mépris de l'État».

«Droit à l'égalité républicaine»

Ils lui reprochent de ne pas prendre la mesure de la situation dans ces quartiers où vivent près de 6 millions de personnes, dont de nombreux immigrés ou descendants d'immigrés dans «une forme de relegation», souligne le rapport de 60 pages de Jean-Louis Borloo intitulé «Vivre ensemble - vivre en grand la République».

Signe de cette lassitude, le maire de Sevran (nord-est de Paris) Stéphane Gatignon a démissionné avec fracas fin mars, se disant «usé par la fonction et par les blocages qui viennent d'en haut».

En octobre, après des annonces de restrictions budgétaires par le gouvernement, une centaine de maires ont lancé un «appel» listant dix mesures urgentes pour ces quartiers où vivent 8% des habitants de France et qui doivent souvent faire face au cocktail pauvreté, chômage, discriminations...

Une série de mesures à l'automne, comme la baisse des aides personnalisées au logement, a fait l'effet d'une douche froide dans ces zones où le taux de chômage est «presque 3 fois supérieur» à la moyenne, tandis que les équipements et services publics sont «massivement moins présents qu'ailleurs», a pointé M. Borloo.

«On est très inquiet de la situation sociale de nos quartiers» et «le gouvernement est loin de prendre la mesure de la gravité de la situation», assurait il y a quelques mois Jean-Philippe Acensi, président du «mouvement citoyen» Bleu-blanc-zèbre, qui prône un travail «main dans la main» de la société civile et des élus locaux.

Pendant sa campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait promis de s'employer à valoriser les talents des banlieues, notamment les jeunes entrepreneurs potentiels. Il s'était également engagé à s'attaquer aux discriminations, en sanctionnant par exemple les employeurs qui font passer au bas de la pile les dossiers de candidatures de personnes dont les noms ont la "mauvaise" consonance -- étrangère  ou qui ont la «mauvaise» adresse, en banlieue.

Les quartiers populaires «ne demandent pas l'assistance» mais simplement «le droit à l'égalité républicaine», a de son côté souligné M. Borloo.