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Ces Mauriciens qui travaillent à l’Unesco

25 avril 2018, 03:30

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Ces Mauriciens qui travaillent à l’Unesco

À la faveur d’un séjour dans la capitale française, nous avons rencontré cinq Mauriciens, actuellement en poste au siège de l’Unesco, à Paris. Il y a des quotas d’embauche par pays à l’Unesco, dépendant de la contribution financière de chaque pays à l’institution. Ce quota ne concerne que la catégorie des «professionnels», par opposition au personnel dit «general staff». Le quota de Maurice est actuellement de deux personnes.

Christine Maurel Goletto, Assistante sociale

Oreille attentive qui écoute les employés mal dans leur peau. Christine Maurel Goletto est assistante sociale du personnel de l’Unesco depuis un an. Elle s’occupe de la «qualité de vie au travail» et de la gestion des «difficultés d’ordre professionnel et personnel».

Christine Maurel Goletto propose aussi des actions préventives, pour gérer le stress au travail. Comme des ateliers de la méditation de pleine conscience qui durent 10 minutes. Cela se fait-il sur le temps de travail ? «Il y a des employeurs qui acceptent. Souvent c’est programmé entre midi et 14 heures.»

Avant d’être employée par l’Unesco, elle a travaillé pendant 20 ans comme assistante sociale à la préfecture de police judiciaire, à Paris. Après le Lycée Labourdonnais, Christine Maurel Goletto a étudié à Toulouse. Elle rencontre son mari parisien. Ils ont deux enfants, âgés de 18 ans et 14 ans.

L’expatriation a été, pour elle, «un déracinement. J’en ai souffert. On essaie de se replanter ailleurs. Heureusement que je peux rentrer à Maurice régulièrement. Sans la famille et le soleil, c’est difficile. Je vis un peu dans mes souvenirs. Quand je rentre, je m’aperçois que ce que j’ai connu n’existe plus».

Imteyaz Khodabux, Programmes specialist en sciences naturelles

Cet ancien élève du collège Royal de Port-Louis, né à Plaine-Verte, travaille à l’Unesco depuis 14 ans. Il est membre d’une équipe chargée du «renforcement des capacités des États membres en sciences fondamentales». En clair, ce biologiste de formation, spécialisé dans la génétique et dans l’informatique des sciences de la vie, s’occupe de pédagogie.

«Dans les pays en voie de développement, la méthode d’enseignement est traditionnellement basée sur ce qui est appris par cœur. Nous essayons de montrer qu’il est possible d’apprendre par l’expérience et l’innovation.» Son équipe touche des enseignants de tous niveaux, jusqu’aux jeunes chercheurs.

Imteyaz Khodabux a d’abord étudié l’agriculture à l’université de Maurice, avant de passer par l’université Paris VI, puis l’informatique appliquée aux sciences de la vie à Paris V. «Je suis titulaire de deux mastères.» Pour son stage de fin d’études, il atterrit au département de sciences écologiques à l’Unesco. «Il paraît que j’étais bon. Ils m’ont pris.»

Il est aussi secrétaire exécutif du prix international Unesco Guinée Équatoriale pour la recherche en sciences de la vie. Ce qu’il retient de ses diverses missions en Afrique subsaharienne et Afrique centrale : «On ne se rend pas compte de la chance qu’on a à Maurice, surtout que l’hôpital et l’école sont gratuits. Il y a des pays où on n’a même pas le centième de ça.»

Valentino Etowar, Programs specialist au patrimoine mondial

Une décennie à l’Unesco, dans le secteur de la culture. C’est le parcours de Valentino Etowar, 38 ans. Il est spécialisé dans la convention du patrimoine mondial de 1972, surtout l’article 29 qui stipule que tous les six ans, les pays doivent soumettre un rapport sur l’état de conservation de leur patrimoine mondial. «Pour Maurice, on n’a pas spécifiquement de problème. Mon travail consiste à préparer la soumission de ces rapports.»

Le jeune homme de Cité-La-Cure a quitté Maurice en 2002, après des études au collège Bhujoharry. Il passe deux ans à étudier la sociologie à Paris VIII et y reste pour le mastère. Puis continue en sciences politiques. Dans le cadre du stage de fin d’études, Valentino Etowar fait une demande auprès de l’Unesco. Sauf que le stage n’est pas rémunéré.

Pour payer le loyer, Valentino Etowar cumule un job de manager dans une chaîne de fast-food et un boulot chez un concessionnaire de voitures. «C’était dur de gérer tout cela.» Quand l’Unesco demande au stagiaire de rester encore un mois, il refuse, expliquant que c’est à cause de son quotidien difficile. «On m’a alors proposé un contrat. Si j’avais su, j’aurais raconté cela plus tôt

Sandra Agosto Veeren, Assistante administrative

«Savoir dépenser efficacement les contributions des pays.» L’une des missions de Sandra Agosto Veeren, assistante administrative, budgets et finances, secteur de l’Éducation. Elle intervient, par exemple, quand un cadre de l’Unesco voyage ou qu’un consultant est embauché. «C’est un secteur où l’on ne chôme pas.» Sandra Agosto Veeren est officiellement nommée fonctionnaire à l’Unesco en 2003. De 1993 à 2001, elle était employée dans le service après-vente.

Elle épouse un ingénieur français et le suit à Paris. «Je m’ennuyais parce que je ne travaillais pas.» Elle postule un emploi à l’Unesco au moment où l’institution change de système de comptabilité. «On cherchait des gens bilingues.» Fille unique, originaire de Beau-Bassin, Sandra Agosto Veeren rentre au pays tous les ans. Elle est mère de deux enfants, âgés de 11 ans et 9 ans. «Quand je m’énerve, je leur parle en créole. Ma fille me dit : ‘Maman, pourquoi est-ce que tu parles anglais américain ?’» sourit-elle.

Jaya Conhye-Soobrayen, Programmes Specialist

À 59 ans, Jaya Conhye-Soobrayen est considérée comme la doyenne des fonctionnaires internationaux mauriciens à l’Unesco, où elle travaille depuis 1996. Après de longues années dans le secteur Éducation, elle est depuis trois ans à la coordination, au département Afrique.

«Nous sommes en appui au cabinet de la directrice générale de l’Unesco sur les questions qui concernent l’Afrique», explique-t-elle. Par exemple, quand la directrice générale reçoit des chefs d’État africains, «nous préparons les audiences». C’est aussi ce bureau qui prépare la documentation quand la directrice générale se déplace sur le continent.

Son parcours professionnel commence dans l’enseignement, au collège Bhujoharry. Elle suit en même temps les cours menant au Deug, en partenariat avec l’université de La Réunion. Diplôme en poche, elle débarque en France, comme étudiante en linguistique à Paris IV, à la Sorbonne.

Une opportunité se présente. La voilà embauchée par une société d’import-export de produits de luxe japonais, à Paris. Ce qui la pousse à apprendre le japonais jusqu’au niveau maîtrise. «On m’a dit, ‘t’es folle’.» Mais elle persévère.

Changement de cap, quand elle postule un emploi à l’Unesco. Elle est mariée à Beedianun Conhye, qu’elle a rencontré lorsqu’ils enseignaient tous deux au collège Bhujoharry. Ils ont trois enfants, un garçon et deux filles.

La benjamine a fini son Mastère, à Bruxelles, en marketing et management international. La cadette va entamer un doctorat alors que l’aîné est ingénieur informatique. Jaya Conhye-Soobrayen rentre à Maurice deux ou trois fois l’an.

À la retraite, elle se verrait bien passer la moitié de son temps entre Paris et Maurice. «J’aimerais donner des cours d’alphabétisation. Quand on a beaucoup reçu, il faut partager