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Ghouta: 1.200 personnes évacuées de Douma pour la 2e journée consécutive

4 avril 2018, 00:39

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Ghouta: 1.200 personnes évacuées de Douma pour la 2e journée consécutive

Près de 1.200 combattants et civils ont quitté mardi soir l’ultime bastion rebelle aux portes de Damas, une initiative parrainée par Moscou qui doit permettre au régime syrien de reprendre le contrôle total de la Ghouta orientale, selon les médias d’Etat.

L’agence officielle Sana a fait état de la sortie de 24 bus au total de la région de Douma dans la Ghouta orientale, à bord desquels se trouvent 1.198 combattants et civils.

«Les bus se dirigent vers la ville de Jarablos», dans le nord de la Syrie, a ajouté Sana.

Les évacuations, qui doivent se dérouler sur plusieurs jours, n’ont pas été confirmées par Jaich al-Islam, dernière faction rebelle présente dans la Ghouta, qui contrôle la ville de Douma.

Le groupe, miné par des divisions internes selon une ONG, reste muré dans le silence depuis l’annonce par Moscou d’un «accord préliminaire» pour son départ.

Alliée indéfectible du pouvoir de Bachar al-Assad, la Russie a déjà orchestré les évacuations de deux autres groupes rebelles de la Ghouta, contraints d’abandonner leurs territoires pour rejoindre des régions insurgées dans le nord-ouest de la Syrie.

Plus de 46.000 personnes au total, dont un quart de combattants, ont été évacués ces derniers jours du secteur rebelle, reconquis à 95% par les forces du régime à la faveur d’une offensive dévastatrice lancée le 18 février.

Cinq semaines de pilonnage ont tué plus de 1.600 civils, selon une ONG. L’opération du régime dans la Ghouta, d’une violence sans précédent même pour un pays déchiré par la guerre depuis 2011, représente une des pires défaites pour la rébellion, affaiblie face à la force de frappe de Damas et de Moscou.

Malgré le silence de Jaich al-Islam, des évacuations de combattants et de leurs familles avaient commencé lundi à Douma.

«Divisions internes»

Le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane, assure que le processus était ralenti mardi par les divisions au sein de Jaich al-Islam, qui rassemble quelque 10.000 combattants.

«L’aile radicale du groupe refuse toujours l’accord d’évacuation», souligne M. Abdel Rahmane.

«Nous allons rester dans cette ville et nous n’allons pas partir. Que ceux qui veulent sortir sortent», a lancé Essam Al-Bouidani, le chef de Jaich al-Islam, dans une vidéo postée dimanche sur le compte YouTube du groupe, sans qu’il ne soit possible de déterminer quand elle a été filmée.

Lundi soir, après une longue journée d’attente, plus de 1.100 personnes, des rebelles et leurs familles, ont quitté la Ghouta pour rejoindre Jarablos, une ville tenue par des insurgés pro-Ankara, selon Sana.

En prenant le contrôle de Douma, le régime d’Assad va parachever sa victoire dans la Ghouta orientale, devenue sa priorité en début d’année. Contrôlant depuis 2012 cette région autrefois appelée «le verger de Damas», les rebelles tiraient régulièrement roquettes et obus meurtriers sur la capitale.

La région, assiégée depuis 2013 par le pouvoir, comptait avant le début de l’offensive du régime quelque 400.000 habitants selon l’ONU, et connaissait de graves pénuries de nourritures et de médicaments.

Crainte de représailles

Face à l’avancée des forces prorégime sur le terrain, des dizaines de milliers de civils ont été obligés de fuir ces dernières semaines, n’ayant d’autre choix que de trouver refuge dans des secteurs gouvernementaux près de la capitale, malgré la crainte de représailles chez certains.

Plus de 40.000 personnes sont toutefois rentrées chez elles, dans des localités de la Ghouta reconquises par le régime, a annoncé mardi une source militaire citée par Sana.

Grâce à l’appui militaire de Moscou, le régime de Bachar al-Assad, également soutenu par l’Iran, a multiplié les victoires face aux rebelles et aux jihadistes, jusqu’à reprendre le contrôle de plus de la moitié du pays.

Le pouvoir de Damas ne cache pas sa détermination à reconquérir l’intégralité de la Syrie, même si le conflit s’est transformé au fil des ans en une guerre complexe, impliquant plusieurs belligérants locaux, mais aussi des puissances étrangères sur un territoire morcelé.

De vastes pans de territoires échappent ainsi encore au régime d’Assad. La province d’Idleb (nord-ouest), où sont généralement envoyés les rebelles évacués d’autres territoires, mais aussi celle de Deraa (sud), où des insurgés et des jihadistes sont très présents. De même que le nord-est, dominé par la minorité kurde.

Mercredi, un sommet trilatéral consacré à la Syrie aura lieu dans la capitale turque entre les chefs d’Etat russe, iranien et turc, dont les pays se sont imposés comme les maîtres du jeu dans ce conflit ayant fait plus de 350.000 morts en sept ans.