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Labos et centres de soins privés: le chaos

29 mars 2018, 22:07

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Labos et centres de soins privés: le chaos

Nombre de Nursing Homes, cabinets dentaires, spas et autres établissements de santé du privé ne sont pas agréés par les autorités. Ils ne reçoivent non plus aucune inspection pouvant certifier la qualité des soins.

460 institutions offrant des services de santé ne sont pas réglementées. C’est ce que démontre le rapport de l’Audit publié mardi. «C’est une situation très dangereuse», estime le Dr Ishaq Jawaheer, président de l’Association des médecins du secteur privé. Il est reproché à la Santé, sévèrement épinglée dans le rapport, de ne pas exercer un contrôle rigoureux sur les laboratoires du privé.

Une enquête devrait par ailleurs être ouverte suite à des allégations de conflit d’intérêts impliquant des fonctionnaires ayant des liens dans des laboratoires privés. Parmi les institutions privées, 21 des 24 centres de soins (Nursing homes) ne sont pas en règle. Idem pour 175 cabinets dentaires et de traitements endodontiques et orthodontiques. Pour ce qui est des autres organismes privés offrant des soins médicaux, la situation interpelle davantage.

Des spas, des centres de yoga, de soins ayurvédiques mais aussi des établissements de traitement des pathologies de la colonne vertébrale et des studios de tatouage et de piercing. Le bureau de l’Audit estime de ce fait à plus de Rs 1,6 million le manque à gagner annuel pour la Santé. Non seulement ces centres ne sont pas agréés par les autorités mais ils ne reçoivent aucune inspection pouvant certifier la qualité des soins et le service aux clients.

Le Dr Ishaq Jawaheer affirme avoir attiré l’attention des autorités depuis près de 20 ans sur la pratique des masseurs, chiropracteurs et ceux pratiquant l’acupuncture à Maurice. «Ils font des injections et prescrivent des médicaments alors qu’ils n’ont pas les compétences requises pour le faire», déplore le président de l’Association des médecins du secteur privé.

Le manque de contrôle dans le secteur de la santé s’est aggravé ces dernières années, selon plusieurs médecins interrogés, avec le laisser-aller des autorités. Une négligence confirmée dans le rapport de l’Audit. La législation régissant les centres de santé privés (Private Health Institutions Act) date de 1989 et n’avait pas été revue jusqu’en 2016. Sans pour autant inclure les nouveaux types de soins.

En novembre 2016, le ministère de la Santé avait sollicité un avis juridique sur la question. Dans sa réponse au Senior Chief Executive du ministère, le Solicitor General avait conseillé d’inclure de nouvelles catégories de soins afin que le ministère puisse exercer un contrôle et aussi réclamer des frais. Jusqu’ici rien n’a été fait, nous dit une source à la Santé, qui confirme toutefois qu’une liste est en préparation.

La supervision est également quasi inexistante en ce qui concerne les 66 laboratoires privés du pays. L’Enforcement Unit prévue à cet effet dans les règlements de 2016 n’arrive pas à fonctionner, d’une part, en raison d’un flou au niveau de certaines dispositions juridiques, et de l’autre, à cause d’un manque de personnel. Difficile de savoir dans quelles conditions sanitaires les tests sont effectués et les échantillons stockés dans les institutions du privé, concède un haut cadre du ministère. D’autant que, ajoute-t-il, le personnel n’est pas forcément qualifié.

Par ailleurs, il faut savoir que ces laboratoires privés bénéficient de concessions sur leur taxation. Cependant, ces concessions ne sont pas contrôlées par le ministère de tutelle. Ces laboratoires ne sont pas obligés de soumettre leurs comptes au ministère.

Les pratiques douteuses ne s’arrêtent pas là. Ces mêmes laboratoires privés feraient payer le prix fort à leurs clients pour des tests alors qu’ils ne déboursent que de modiques sommes pour les faire réaliser dans les hôpitaux publics. L’ancien ministre de tutelle, Anil Gayan, conscient du problème, avait annoncé une révision de la grille de tarifi- cation mais, selon nos informations, ce projet aurait été abandonné après son départ.

Autre irrégularité révélée dans le rapport de l’Audit : des fonctionnaires qui travailleraient à la fois dans le secteur public et dans les laboratoires d’analyse privés. Au moins deux des Consultant Pathologists étaient même actionnaires dans des institutions du privé.