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Réformer le système de pension pour éviter l’asphyxie des finances publiques

29 mars 2018, 02:30

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 Réformer le système de pension pour éviter l’asphyxie des finances publiques

C’est le cas du pré- sident de l’Association des assureurs, Derek Wong, qui est aussi CEO de Mauritian Eagle Insu- rance (MEI), une filiale du groupe IBL, qui est monté au créneau lundi pour in- sister sur la mise en place d’un comité mixte gouvernement/secteur privé pour analyser dans ses moindres détails le système de pension et voir ses implications suivant le phénomène du vieillissement de la population et de l’introduction du fonds de pension portable.  

«Il est clair que sur la base de la tendance actuelle, le système de pension ne sera pas financièrement soute- nable d’ici les 15 prochaines années ou plus. Ce qui viendra exercer des pressions sur les finances publiques pour maintenir les bénéfices sociaux à leur niveau actuel», affirme le patron de MEI, rappelant dans la foulée l’importance de ces problématiques à l’industrie de l’assurance.

Aujourd’hui, qui dit pension dit également vieillissement de la population car les deux sont in- timement liés. Il n’est un secret pour personne que le Basic Retirement Pension (BRP) constitue aujourd’hui un fardeau lourd pour le Budget national. S’il ne représente actuellement que 2 % du produit intérieur brut, il devrait atteindre près 6 % dans 40 ans. D’où l’urgence d’une réforme.  

Vieillissement de la population  

«Si rien n’est fait, la pension va engloutir une large part du Budget du gouvernement dans les années à venir et cela va for- cer une remise en question plus drastique dans le temps. Actuellement, on ne sent pas encore vraiment les effets du poids de la pension mais il va bien vite devenir une question urgente, et plus on attend pour réformer, plus la réforme sera doulou- reuse», explique Bernard Yen, Managing Director d’Aon Hewitt, firme qui est le conseiller du National Pension Fund (NPF).  

Celui-ci est catégorique. Le vieillissement de la population pose et posera des questions quant au financement des fonds de pension. Il note que le dernier exercice d’évalua- tion actuariel avait été réalisé en 2005, ce qui avait permis à l’époque au ministère de la Sécurité sociale, et accessoirement au comité d’investissement du NPF, d’avoir une projection sur la durabilité du fonds à moyen et long terme et sur le profil des contribuables. Depuis, il n’y a pas eu d’autres évaluations. Du coup, les pouvoirs publics et les spécialistes de pension se retrouvent sans aucune visibilité sur l’évolution de ce fonds.  

Deux solutions sont envisagées pour la pen- sion de vieillesse payée par l’État : l’allongement de l’âge de la retraite et le ciblage. Mais rien n’a été fait à ce stade pour cette pension – le ciblage a été tenté puis abandonné, en 2004 à la veille des élections, quand le sujet avait été fortement politisé. Reste l’augmentation des contributions au NPF et au National Saving Fund, comme le Fonds moné- taire international (FMI) l’avait proposée quelques années plus tôt.  

Noncontributive  

Si, dans le privé, l’âge de la retraite a été éten- du à 65 ans, la pension de vieillesse est pour sa part toujours payable à 60 ans, ce qui, pour Bernard Yen, représente une contradiction. D’autant plus que la pension de vieillesse est non-contributive par des bénéficiaires qui totalisent plus de 240 000 aujourd’hui.

 «Depuis 2015, quand le montant de la pension de vieillesse est passé à Rs 5 000, on s’attendait à une réforme par le nouveau gouvernement qui pouvait inclure une dose de ciblage envers les plus nécessi- teux et/ou une extension de l’âge de paiement de 60 à 65 ans», soutient le Managing Director d’Aon Hewitt. Et d’interroger : «Que voit-on aujourd’hui ? Le montant a été augmenté à un taux largement supérieur au taux d’inflation pour atteindre presque Rs 6, 000 après trois ans ! La réforme est plus qu’urgente maintenant».

Jusqu’à présent tous les gouvernements qui se sont succédé n’ont pas osé prendre la décision de payer désormais la pen- sion à l’âge de 65, soutiennent par ailleurs des spécialistes. Ils refusent de faire le pas pour des raisons politiques car ce n’est pas facile de venir dire à la population que désormais la pension sera payée à 65 ans. «Il y a un décalage entre l’âge de la retraite associée à un em- ploi et celui auquel on commence à toucher la pension de vieillesse. Ce désaligne- ment entre ces deux âges n’a pas lieu d’être», note de son côté l’économiste Azad Jeetun. Toujours est-il que l’extension de l’âge de la retraite a néanmoins un effet pernicieux non né- gligeable : il diminue les opportunités d’emploi des jeunes.