Publicité

Catalogne : blocage de routes pour protester contre la détention de Puigdemont

27 mars 2018, 22:20

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Catalogne : blocage de routes pour protester contre la détention de Puigdemont

La police anti-émeute est intervenue mardi pour dégager une autoroute en Catalogne, coupée par des militants indépendantistes protestant contre la détention en Allemagne de l’ex-président catalan Carles Puigdemont qui risque d’être extradé vers l’Espagne.

En début de soirée, plusieurs centaines de personnes ont également manifesté aux cris de «liberté pour les prisonniers politiques !», près d’une gare de Barcelone dont les accès étaient contrôlés par un grand nombre de policiers régionaux. «Après l’arrestation de Puigdemont, nous ne pouvions pas rester à la maison», disait Daniel Larrotcha, un informaticien de 34 ans.

En fin de matinée, les policiers étaient intervenus pour lever le barrage formé à l’aube à hauteur de Figueras, près de la frontière française, par des dizaines de manifestants à l’appel d’une plateforme indépendantiste radicale, les Comités de défense de la République (CDR).

D’autres routes ont été coupées pendant la journée, de même que brièvement des accès à Barcelone, où des milliers de manifestants avaient affronté dimanche la police. Les échauffourées avaient fait une centaine de blessés légers dont 23 policiers.

Point de non-retour

Les CDR, qui comptent quelques milliers de militants selon la police, avaient annoncé lundi un printemps de «protestations permanentes», affirmant que la détention de Puigdemont marquait «un point de non-retour» pour le mouvement sécessionniste.

Les partis indépendantistes ont été décapités par une série d’inculpations et d’incarcérations et l’arrestation dimanche en Allemagne de Carles Puigdemont, qui s’était installé en Belgique il y a cinq mois.

L’ancien président catalan, destitué par le gouvernement Madrid après la vaine déclaration unilatérale d’indépendance de la Catalogne le 27 octobre, est détenu dans la ville allemande de Neumünster, où un juge a vérifié son identité lundi.

Il doit attendre la décision du tribunal de Kiel dans le nord de l’Allemagne, qui pourrait le remettre à la justice espagnole.

M. Puigdemont «est déterminé à continuer le combat», a assuré mardi l’un de ses avocats, Gonzalo Boyé, après lui avoir rendu visite en prison. «Il a dit que nous (les indépendantistes catalans) ne nous rendrons jamais» et la population «a le droit d’exprimer sa volonté d’une indépendance et d’une République en Catalogne».

«Nous comptons beaucoup sur la justice allemande», qui dispose de 60 jours pour trancher, a déclaré un autre avocat de M. Puigdemont, Jaume Alonso Cuevillas.

Une porte-parole du parquet allemand, Wiebke Hoffelner, s’est bornée à dire que la décision ne serait «pas prise cette semaine».

Elle aura à décider si des délits similaires à ceux pour lesquels M. Puigdemont est poursuivi en Espagne existent en droit allemand.

Il est inculpé de «détournement de fonds publics» et, comme 12 autres dirigeants indépendantistes, de «rébellion», un délit passible d’un maximum de 30 ans de prison en Espagne.

Au total, 25 dirigeants indépendantistes ont été inculpés, dont 12 de délits moins graves comme «désobéissance».

Neuf sont incarcérés en Espagne et sept ont fui à l’étranger - dont six sont visés par des mandats d’arrêt européens.

Tous sont accusés d’avoir préparé pendant des années, en ignorant tous les avertissements du gouvernement et des tribunaux, la rupture avec l’Espagne qui a débouché sur l’éphémère déclaration d’indépendance.

Les poursuites pour «rébellion» sont controversées car elles supposent «un soulèvement violent» qui, selon des juristes, ne s’est jamais produit.

Infractions bien concrètes

Steffen Seibert, le porte-parole de la chancelière Angela Merkel, a qualifié l’Espagne d'«Etat de droit démocratique» et relevé qu’il régnait «une confiance toute particulière entre les autorités judiciaires des pays membres de l’UE».

Il a aussi rappelé que selon Madrid, M. Puigdemont et ses camarades ne sont pas poursuivis pour «des idées politiques, des idées d’indépendance, mais en raison d’infractions bien concrètes».

M. Puigdemont avait été interpellé dimanche par les policiers de la région de Schleswig-Holstein au moment où il arrivait du Danemark, en voiture, pour retourner en Belgique. Deux policiers catalans l’accompagnaient et des enquêtes ont été ouvertes contre eux.

Une autre indépendantiste, Clara Ponsati, qui s’est exilée en Écosse, se rendra à la police écossaise mercredi matin, a annoncé mardi son avocat, Aamer Anwar, dans un communiqué.