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Des habitants d’Albion: «Rendez-nous nos chèvres»

18 mars 2018, 23:55

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Des habitants d’Albion: «Rendez-nous nos chèvres»

Benladen, Mamoun ou encore Gromama. De doux noms que portent quelques-unes des chèvres de Rajah Ramdas, un habitant de Camp-Créole, Albion. Il a, malheureusement, dû les vendre, contre son gré, à un boucher de la capitale. «Zot ti kouma mo bann zanfan. Dépi baba monn grandi zot, donn zot manzé, asté zot gato. Mo ti konn zot tou, zot ti bien abitié…»

Mais voilà. Selon Rajah Ramdas, «enn gran palto», qui habite la région, ne pouvait «sentir» ses chèvres. La police affirme qu’il y a eu des plaintes verbales faites à ce sujet. Les kabri gênaient apparemment des automobilistes en traversant la route, selon les dires de certains.

Rajah Ramdass, lui, en est persuadé. C’est à cause du «gran palto» en question qu’il a dû se séparer de ses bébés. «Linn al port plint lapolis. Li dir mo bann kabri mars lor simé, zot enn danzé.» C’est alors que la police de la région serait venue voir le quinquagénaire, qui travaille à son propre compte, pour lui dire que ses bêtes devront déguerpir si elles ne sont pas enfermées. «Kouma mo kapav ferm zot enn zourné ? Zot bann zanimo ki kontan zot liberté.» Si le soir Rajah Ramdas les met dans un enclos, dès que les bêtes entendent ses pas, elles vont bêler et cogner contre les parois de leur fragile petite case pour qu’il les relâche.

Rajah Ramdas a cherché, en vain, un acheteur qui aurait pu les adopter, ce qui lui aurait permis de leur rendre visite. Alors, il a dû se résoudre à vendre 11 de ses chèvres. Désormais, il ne lui en reste plus que trois… «Ce n’est pas un business pour moi, je gagne bien ma vie. Je nourris ces animaux par pur plaisir.»

Les habitants d’Albion sont, eux aussi remontés. «Le seul endroit où il y avait des chèvres en liberté à Albion, c’était chez Ramdas. Mais elles ne sont plus là», se désole Nandini Harrah, une habitante de la région. Pour elle, ces chèvres ajoutaient une touche authentique à l’endroit.

Catherine, autre habitante d’Albion, regrette également le départ des chèvres. Elle aimait aller leur rendre visite, avec sa fille. «On ne peut pas se dire outrés par l’abattage des arbres sur Vandersmeersch et après vouloir se débarrasser d’animaux parce que ça ne colle pas avec le reste du décor.»

Un sentiment qui fait écho auprès d’une centaine de villageois. Qui réclament le retour des chèvres avant qu’elles ne finissent dans l’assiette. «Les kabri qui gênent, les chiens errants qui aboient, les chemins vers la plage qu’il faut asphalter… Si vous voulez un lieu d’habitation aseptisé, allez donc habiter dans un de ces endroits avec portails sécurisés et gardiens», lâche un internaute.

Certains veulent tellement revoir leurs petites bêtes de Ramdas qu’ils sont prêts à se mobiliser, à manifester. D'ailleurs, une rencontre s'est tenue à Camp-Créole ce dimanche, là où habitaient jadis les chèvres de Monsieur Ramdas.