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Affaire Platinum Card: la présidente capitule

On croyait que le feuilleton allait durer encore longtemps. Mais le samedi 17 mars, la présidente a pris tout le monde de court en annonçant, à travers son homme de loi, qu’elle démissionnait. Et, après son départ, le 23 mars, elle donnera une conférence de presse pour tout déballer, selon ce dernier. Est-ce à dire que le film n’est pas terminé ?

Me Yousuf Mohamed, Leading Counsel d’Ameenah Gurib-Fakim: «Elle en a assez de toute cette pression et de tous ces palabres»


Vous saviez que la présidente allait annoncer son départ puisque le matin, vous nous aviez dit qu’il y avait «une grosse nouvelle» qui allait tomber à midi… Celle-ci est finalement arrivée après 16 heures. Que s’est-il passé au juste ?
La possibilité qu’elle parte existait, en effet. Naturellement, il fallait qu’elle consulte ses proches avant de prendre une décision finale. C’est ce qu’elle a fait durant cette journée (NdlR, samedi).

Était-elle toujours dans le doute à ce moment-là ?
Elle avait déjà à l’esprit de partir. Elle voulait avoir des conseils de ses avocats. Cela explique notre présence à la State House.

Quand a-t-elle fait appel à vous ?
Le matin, j’étais à Réduit de 11 heures à midi et quart et dans l’après-midi, de 14 à 16 heures.

Son époux était-il aussi présent lors de cette réunion à la State House ?
Non, pas en ma présence. Mais elle m’a dit qu’il s’était rendu à la State House à un certain moment.

La lettre de démission a-t-elle été rédigée en votre présence ? Est-ce possible d’en avoir une copie ?
Non, je n’en ai pas. Je ne me suis pas permis de lui demander une copie pour la remettre aux journalistes, mais j'en connais la teneur.

Juste un petit bout…
“Honourable Madam Speaker, I have decided to resign from the post of President of the Republic of Mauritius in the supreme interest of the country and the Mauritian population, effective as from the 23rd of March, at noon. The reason for this period is for me to be able to remove my personal belongings”.

La lettre de démission a-t-elle été envoyée par fax ou par courrier ? 
Par courrier, un special dispatch à la présidente de l’Assemblée nationale. J’ai appris que la speaker, qui participe à une session de prière quelque part, ne l’a pas encore reçue (NdlR, hier soir). Du moment que la lettre est adressée à sa résidence, cela suffit. Elle prendra connaissance de la missive après, quand elle rentrera chez elle. On ne pouvait pas envoyer la lettre à Port-Louis, puisqu’il n’y a personne à l’Assemblée nationale un samedi pour la réceptionner.

Hier encore, vous la disiez «combative et très sereine». Est-ce que ce sont comme vous l’avez dit, des vérités convaincantes que détiennent Pravind Jugnauth sur la présidente qui l’ont poussée à la démission ?
Non, elle en a assez de toute cette pression et de tous ces palabres. Sa famille et elle sont soulagées, désormais. Mais, je peux vous assurer qu’elle est toujours in a fighting mood.

Mais qu’est-ce qui a provoqué le déclic du départ ?
Il y a une crise au sommet de l’État et elle veut la désamorcer dans l’intérêt général. Elle pensait que si elle demandait une commission d’enquête, le Premier ministre aurait agréé. Mais, on a vu la réaction de Pravind Jugnauth. J’espère maintenant que les partis de l’opposition vont faire pression pour que l’on instaure cette commission. Elle viendra alors tout dire. N’oubliez pas qu’Alvaro Sobrinho a été reçu à Maurice avant même qu’elle ne devienne présidente.

Reçu par qui ?
Par deux ministres surtout…

Deux ministres du Muvman Liberater ?
Je préfère ne pas le dire. Ma cliente détient des documents à cet effet et elle va donner une conférence de presse pour révéler tout cela.

Pourquoi se donner une semaine pour partir ?
Si vous avez habité une maison pendant plus de deux années, vous ne pouvez pas partir tout de suite.

Pourquoi démissionner si elle n’a pas fauté ?
Elle va continuer à le dire, elle n’a pas fauté. Comme dans ce SMS à Ivan Collendavelloo, elle a écrit qu’elle n’a rien fait de mal. Elle ne veut plus être responsable de cette crise au sommet de l’État. Si responsabilité il y a, allez chercher ailleurs. Elle préfère partir, car elle ne souhaite permettre à cette crise de perdurer. C’est sage de sa part. C’est une vraie patriote qui prend en considération l’intérêt de son pays et de ses compatriotes. Elle tiendra une conférence de presse après le 23 mars, où elle répondra à toutes les questions.

Pourquoi n’est-elle pas venue répondre aux questions pendant tout ce temps ?
Ce n’est pas bien pour elle d’organiser une conférence de presse pendant qu’elle est toujours présidente. Je peux vous assurer qu’elle ne partira pas en catimini. Les journalistes auront l’occasion de l’interroger.

Que compte faire Ameenah Gurib-Fakim à partir de là ?
Continuer à être présidente jusqu’au 23 mars. Après cette date, je ne sais pas.

Et vous, votre rôle s’arrête-t-il ici ?
Si elle fait appel à moi, j’aurai toujours un rôle à jouer, puisque je suis son avocat.

Son parcours

Le 24 octobre 2014, on annonçait qu’Ameenah Gurib-Fakim, 58 ans, serait présidente en cas de victoire de l’alliance Lepep. À cette époque, elle portait le manteau d’une scientifique mondialement reconnue et sa popularité n’avait d’égale que son sourire éclatant.

Nous sommes en 1983. Ameenah Gurib-Fakim quitte Maurice après ses études secondaires, elle se rend en Angleterre. Elle complète son BSc en chimie à l’université de Surrey, à Londres, et enchaîne avec un doctorat en chimie organique en 1987. Elle rentre au pays où elle est aussitôt embauchée comme lecturer à l’université de Maurice. C’est là que sa carrière démarre.

Elle fait son petit bonhomme de chemin et, en parallèle, publie des livres sur le bienfait des plantes, se consacre à ses bonzaïs, sa passion. En 2007, elle obtient le L’Oréal-UNESCO Award for Women in Science et la presse internationale l’encense.

En 2010, l’Afrique du Sud l’approche pour siéger sur un comité scientifique consultatif de haut niveau. Mais localement, elle doit faire face à des difficultés. C’est en 2013 qu’elle réalise un «coup d’éclat», lorsqu’elle traîne l’université de Maurice devant l’Equal Opportunity Commission car sa candidature pour prendre les rênes de l’institution est rejetée. «I have never seen such drama around nominations», devait-elle déclarer. La même année, on lui décerne la citoyenneté d’honneur.

En 2014, l’alliance Lepep annonce plus tard qu’elle sera présidente en cas de victoire. Ameenah Gurib-Fakim accepte le défi, même si, quelques mois avant, elle déclarait qu’elle parlait «peu aux politiques, parce qu’ils sont trop superficiels». Elle préfère, dit-elle, passer du temps avec ses confrères scientifiques, «c’est tellement plus enrichissant».

Le 5 juin 2015, elle s’installe à la State House et en décembre 2016, elle apparaît sur la liste de Forbes comme la 24e femme la plus influente au monde et 96e dans la catégorie politique.

En mars 2017, ses liens avec Alvaro Sobrinho sont mis en lumière et sa popularité en prend un sérieux coup. Le coup de grâce arrive le 28 février 2018, avec l’affaire Platinum Card… Le reste fait désormais partie de l’histoire.

Pas que du mauvais

Ameenah Gurib-Fakim, ce n’est pas seulement la carte Platinum ou Alvaro Sobrinho. Depuis sa nomination en tant que présidente de la République, en juin 2015, la chef de l’État a tenu parole. Celle qui avait dit qu’elle ne sera pas uneprésidente «vase-à-fleurs» a lancé plusieurs activités à Maurice. Notamment dans le domaine culturel, la conservation des plantes endémiques et l’avancée technologique.

Parmi ses actions les plus connues, la venue de la célèbre Barbara Hendricks. C’est à l’invitation de la présidente de la République que cette chanteuse mondialement reconnue avait donné un concert, le 10 novembre dernier, au centre de conférence Swami Vivekananda, à Pailles.

Toujours dans le domaine culturel, Ameenah Gurib-Fakim avait gracieusement, en mai 2016, ouvert les portes des jardins de la State House au public et aux artistes. Cela, le temps d’une exposition éphémère intitulée The Edge of the World, du 19 au 29 mai 2016. Les oeuvres exposées avaient été sélectionnées sur dossier par un jury international.

On se souviendra également que dans le cadre des célébrations du 25e anniversaire de la République, la présidente de la République avait organisé une semaine d’activités pour le public, du 20 au 28 mai 2017, à la State House, Réduit. Ateliers de réflexion, vente de produits artisanaux, de fleurs et de tableaux et exposition de voitures de collection étaient au programme.

Elle était fière

Pour la préservation des plantes endémiques, Ameenah Gurib-Fakim avait inauguré le Gabriel d’Argent Endemic Plant Garden, au Réduit, en août 2016. Ce jardin aménagé dans ceux de la State House, est un hommage rendu par la présidente de la République à Gabriel d’Argent. Ce dernier a passé 40 ans au service du département des Bois et forêts et 30 ans à la Mauritius Wildlife Foundation. Il a, entre autres, collaboré à l’écriture de plusieurs ouvrages sur les plantes de Maurice.

Concernant la technologie, c’est à l’initiative de la présidente de la République que s’est tenue l’édition 2017 de l’Africa CodeWeek, à Maurice. Lancé en 2015, ce projet a pour but de promouvoir le coding literacy auprès des jeunes africains.

Toujours dans ce secteur, Ameenah Gurib-Fakim s’était dit fière, en février de cette année, d’être la marraine d’iamtheCODE. Soit un mouvement regroupant divers acteurs afin de faire progresser la science, la technologie, l’ingénierie, les arts, les mathématiques et le design.

Succession à la présidence

Des noms reviennent en force

Qui sera le septième président de la République ? Bien avant l’annonce de la démission d’Ameenah Gurib-Fakim, plusieurs noms revenaient avec insistance. Parmi ceux qui sont les plus cités : Sam Lauthan et Ahmad Jeewah.

Sollicité pour une réaction à ce sujet il y a quelques jours, Sam Lauthan n’a pas souhaité s’étendre sur le sujet. «Il y a des rumeurs, certes, mais je n’ai eu aucune offre», disait-il. Ahmad Jeewah était, pour sa part, resté injoignable quand nous l’avons appelé. Quoi qu’il en soit, il faut savoir que les deux hommes sont d’anciens députés du MMM. 

Sam Lauthan est actuellement un des assesseurs de la commission d’enquête sur la drogue. Ahmad Jeewah est, lui, le frère de la vice-Première ministre, Fazila Jeewah-Daureeawoo. Si Sam Lauthan a pris sa retraite politique il y a plusieurs années, Ahmad Jeewah suit toujours les activités des mauves. Il avait, d’ailleurs, donné un coup de main au parti, lors de la partielle à Belle-Rose– Quatre-Bornes, l’année dernière. 

Pour les experts, la couleur politique des deux hommes ne serait pas un obstacle dans l’éventualité d’une alliance MSM–MMM, si le Muvman Liberater quitte le gouvernement. «Ce sont deux personnes respectées par les mauves. C’est probablement un des appâts pour attirer Paul Bérenger», déclare-t-on. D’ailleurs, sir Anerood Jugnauth a fait de l’oeil au leader du MMM Paul Bérenger, lors d’un entretien accordé à une radio privée. «Rien n’est impossible en politique. Il était un bon Premier ministre», a-t-il déclaré. Preuve, s’il en faut, qu’en politique, tout est possible.


Chronologie

Affaire Platinum Card

  • 28 février : L’affaire Platinum Card éclate. L’express publie les «folles dépenses» de la présidente. Elle a utilisé une carte decrédit émise par Planet Earth Institute.
  • 1er mars : La présidente honore les lauréats à la State House. Elle ne fait aucune déclaration. Le Premier ministre sort de ses gonds lorsqu’il est pressé de questions sur l’affaire. Le même jour, son adjoint déclare qu’il est trop occupé pour en parler, mais à une sortie publique, il déclare qu’il «est fier d’avoir proposé Ameenah Gurib-Fakim à la présidence du pays. Je suis persuadé qu’il y a une explication normale à ces dépenses. Mo pa kapav anpes dimounn dépans so kas.» De son côté, Shakeel Mohamed dépose une motion de blâme contre la présidente.
  • 2 mars : Showkutally Soodhun affirme que «si ou fané, ou péyé» et précise qu’il ne faut pas embarrasser le gouvernement. Dans une déclaration sur une radio privée, Ameenah Gurib-Fakhim lance un ultimatum à l’express pour authentifier les documents publiés.
  • 3 mars : Pravind Jugnauth dit attendre que les documents soient authentifiés avant d’aller de l’avant. «Chacun doit prendre ses responsabilités. Mo pou les prézidant réponn lor itilizasion sa kart-la», dit-il. Le même soir, lors d’une cérémonie, la présidente décide d’authentifier elle-même les documents, affirmant ne pas trouver normal que des documents privés se retrouvent dans le journal. SAJ, de son côté, confirme qu’Ameenah Gurib-Fakim a affirmé avoir utilisé la fameuse carte.
  • 4 mars : Navin Ramgoolam demande la démission de la présidente.
  • 6 mars : Ameenah Gurib-Fakim rencontre le Premier ministre. Ce dernier fait savoir qu’il y a une divergence d’opinion entre la cheffe de l’État et lui, mais qu’il y a un consensus au sein du gouvernement. Ameenah Gurib-Fakim envoie un SMS à Ivan Collendavelloo, affirmant qu’elle ne démissionne pas et lui dit qu’il ferait bien de commencer à la défendre.
  • 7 mars : Lancement d’un livre au Château de Réduit. Ivan Collendavelloo est présent, tout sourire. Des membres du MSM prennent cela comme un affront. Les ministres du parti invités ne sont pas dans les parages. Ameenah Gurib-Fakim affirme qu’elle ne doit rien à personne, car elle a déjà tout remboursé. Ivan Collendavelloo ne réagit pas sur les propos de la présidente. Cette dernière s’en va sans déclaration supplémentaire.
  • 8 mars : Le Conseil des ministres se réunit en urgence et décide d’enclencher les procédures pour destituer la présidente. Ameenah Gurib-Fakim rencontre le PM dans la soirée.
  • 9 mars : Pravind Jugnauth annonce à la presse que la présidente a accepté de démissionner après les célébrations du 12 mars, mais avant la rentrée parlementaire. Ameenah Gurib-Fakim tweete qu’elle est toujours en poste.
  • 14 mars : Le bureau de la présidence émet un communiqué et affirme que la cheffe de l’État rejette toute perspective de démission.
  • 15 mars : Pravind Jugnauth tient une conférence de presse et affirme à nouveau que la présidente avait accepté de partir le 15 mars, lors de leur rencontre. Il annonce qu’il a découvert des choses «choquantes» sur elle.
  • 16 mars : Ameenah Gurib-Fakim annonce l’institution d’une commission d’enquête sur toute l’affaire Sobrinho, l’octroi des permis au businessman angolais et sur sa carte Platinum.
  • 17 mars : Elle annonce sa démission.


Réactions

Pravind Jugnauth, Premier ministre

«Problem ant mwa ek Ameenah… Je n’ai reçu aucune communication de la Speaker (NdlR, il s’exprimait à 18 h 30, hier soir). Mo pa kapav dépann lor kozé X,Y,Z. Si ti éna pou démisioné, kifer pass par avoka ? Afront enn kout…»

Ivan Collendavelloo, adjoint au Premier ministre

«L’avocat de la présidente a dit qu’elle démissionne. Elle, elle n’a rien dit. Au gouvernement, nous parlons d’une seule et même voix, celle du Premier ministre.»

Xavier Duval, leader de l’opposition

«Cette démission met Mme Gurib-Fakim dans le même panier que Jacob Zuma et Robert Mugabe, qui sont aussi partis sous la menace d’une destitution. Je me demande quel a été le poids des menaces du Premier ministre, qui a affirmé qu’il allait dévoiler ses secrets. Le PMSD fera en sorte qu’on n’oublie pas l’affaire Sobrinho, hors de question que cela se termine ainsi. Quatre démissions à la FSC, des pressions sur le BoI pour lui octroyer des permis et tout… La présidente n’a pas ces pouvoirs. Il y a d’autres gros requins qui sont impliqués, il ne faut pas qu’ils s’échappent. Instaurer un tribunal aurait permis de faire la lumière sur toute l’affaire. On continuera à insister pour avoir une commission d’enquête, car c’est le seul moyen pour qu’Ameenah Gurib-Fakim révèle les dessous de toute cette affaire. Je tiens quand même à saluer son dernier sursaut d’honneur en mettant sur pied une commission d’enquête, même si la légalité de cette démarche était contestée.»

Arvin Boolell, leader adjoint du PTr

«Son départ est un soulagement. Il faut que Pravind Jugnauth honore sa parole et institue une commission d’enquête pour faire toute la lumière sur l’affaire Sobrinho. Ameenah Gurib-Fakim a un devoir de déposer devant cette commission et dire toute la vérité sur les agissements de l’homme d’affaires angolais à Maurice.»

Barlen Vyapoory, vice-président de la République

«Je suis serein pour mon pays. C’était un dénouement souhaité ! C’est un sentiment de soulagement parmi la population et pour la présidente elle-même, comme son avocat Me Yousuf Mohamed, l’a dit. À partir du 23 mars, je vais assurer l’intérim jusqu’à ce que le gouvernement nomme un nouveau chef d’État.»

Reza Uteem, leader adjoint du MMM

«Elle n’avait d’autre choix que de s’en aller… Une motion de destitution aurait grandement embarrassé l’institution de la présidence. Il faut désormais faire la lumière sur toute l’affaire Sobrinho.»

Salim Muthy, travailleur social, membre du comité de soutien à Ameenah Gurib-Fakim 

«Nous avons pris connaissance de l’annonce de Mme la présidente. Mais il ne faut pas que cette affaire s’arrête là. Il faut que le peuple et les journalistes demandent une commission d’enquête sur toute l’affaire Sobrinho et nous, de notre côté, nous allons veiller que cela se fasse. Nous la soutenons, mais cela n’a rien de politique, nous mettons l’accent sur l’injustice et la discrimination qu’elle subit. Il faut cependant saluer sa stratégie : l’annonce de sa commission d’enquête a semé la pagaille dans les rangs du gouvernement et cela a mis en exergue leurs faiblesses.»

Patrick Assirvaden, président du PTr

«Ameenah Gurib-Fakim a subi des pressions pour quitter la State House. Maintenant qu’elle est libre, elle a un devoir, celui de déposer devant une commission d’enquête et de dire la vérité sur les fréquentations d’Alvaro Sobrinho à Maurice.»

Anil Gayan, ministre du Tourisme

«C’est une très sage décision de sa part. Nous avions une stratégie définie, qui consistait à la destituer. Le gouvernement n’a exercé aucune pression pour qu’elle parte.»

Paul Bérenger, leader du MMM

«Je ne dirais rien de plus que ce que j’ai dit lors de ma conférence de presse… (NdlR, avant l’annonce du départ d’Ameenah Gurib-Fakim, le leader du MMM avait déclaré ‘qu’il y avait déjà ce que la Constitution qualifie de serious acts of misconduct. C’est triste et chagrinant que la présidente se soit laissé influencer par quelques personnes. Il n’y a rien de pire que le viol de la Constitution. Ce qu’Ameenah Gurib-Fakim a fait en nommant une commission d’enquête peut-être qualifié de tel’.)»

Alan Ganoo, président du Mouvement patriotique

«De faux pas en faux pas… Une démission est mieux qu’une destitution, non seulement pour le pays, mais aussi pour la présidente. Même si elle a outrepassé ses prérogatives, il faut saluer la bravoure dont elle a fait preuve en nommant cette commission pour enquêter sur son implication au sein de Planet Earth Institute. Espérons qu’elle sera toujours disposée à aider à éclaircir les zones d’ombres dans l’affaire Sobrinho, même sans immunité présidentielle.»

Mubarak Sooltangos, ami et conseiller de la Présidente

«Je suis déçu parce que je l’ai soutenue et je persiste à penser que c’est une personne ‘clean’. Cela dit, Ameenah Gurib-Fakim a démissionné sur un point de droit, non sur un aveu de culpabilité. Ses avocats qui l’ont conseillée, n’auraient pas dû faire allusion à la Commission of Inquiry Act. C’est malheureux parce qu’on avait réussi à renverser la vapeur. Mais on reste amis et je lui souhaite une belle carrière au niveau international.»