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Rodrigues: «Padman» et «Padwoman» ont besoin d’aide

2 mars 2018, 22:00

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Rodrigues: «Padman» et «Padwoman» ont besoin d’aide

Des côtes asiatiques à l’Afrique, plus précisément à Rodrigues, Padman a éveillé les consciences sur la menstruation. Dès la sortie de ce film racontant l’histoire d’Arunachalam Muruganantham, un homme qui a révolutionné la vie des femmes indiennes, un projet dans la petite île, où sa machine à fabriquer des serviettes hygiéniques est utilisée, a été mis en avant. L’initiative revient à Anooradah Pooran, directrice de l’ONG Apeded, qui grâce à cette machine, permet à une vingtaine de Rodriguaises de mieux gagner leur vie depuis quelque temps déjà.

L’aventure a débuté en 2013, lorsqu’Anooradah Pooran lance le projet qui va changer la vie d’une vingtaine de femmes. La travailleuse sociale, qui a rencontré le véritable Padman en Inde, découvre la réalité des femmes de Cité- Patate, petite localité isolée de Rodrigues. «Je fais du social depuis 1996 à Rodrigues et quand j’ai vu la pauvreté dans laquelle vivent les familles à Cité-Patate, je me suis dit que cette machine trouvera sa raison d’être là-bas», confie Anooradah Pooran.

Francis Legentil, projet coordinator, qui a fini par devenir le Padman rodriguais, explique que c’est avant tout une communauté de femmes piqueuses d’ourites. «Ces femmes, une vingtaine, vivaient au gré de la saison des ourites, lorsque la marée était assez bonne pour leur permettre d’en chasser. C’est le seul moment où elles arrivaient à travailler et avoir un revenu. L’autre partie du temps, elles étaient assises sous les arbres, à jouer au domino, en attendant de pouvoir retravailler », dit l’homme de 67 ans. C’est une situation qui les mettait dans la précarité, avec des périodes où elles se retrouvaient sans le sou.

Quoique le sujet soit encore quelque peu «sensible » dans l’île, Francis Legentil n’a écouté que son coeur de travailleur social et a foncé. «J’ai abordé les femmes et l’idée s’est imposée tout naturellement. L’important c’était que le travail se fasse et qu’elles s’en sortent mieux.» Anooradah Pooran importe alors des machines et trouve une entente avec les collectivités locales pour les placer dans le centre communautaire de La Butte. Les femmes apprennent la production de serviettes hygiéniques, comment émietter le coton, donner la forme aux serviettes et aussi l’empaquetage. Les serviettes sont commercialisées sous la marque Ti Mamzel.

C’est Francis Legentil qui assure la liaison entre la zone éloignée que sont Cité-Patate et tous les points de vente de Rodrigues. «Les femmes se relaient par groupe de dix pour travailler à la production qui peut atteindre les 800 paquets mensuellement. À chaque fin de mois, une partie des recettes leur est remise. Une partie de ces serviettes sont aussi distribuées gratuitement aux collégiennes », dit Anoorah Pooran.

Ces serviettes hygiéniques ont connu un véritable succès, car elles se vendaient à moins cher, soit à Rs 20 à 25 au lieu de Rs 40. Il y a cependant eu un petit grain de sable dans ce système bien rodé: «La production de serviette hygiénique a dû être stoppée depuis quelque temps, par manque de matière première, le coton», confie Anooradah Pooran.

Cette dernière explique qu’étant une petite entreprise, Ti Mamzel n’a pas les moyens d’importer sa matière première. «Ceux qui en vendent ne livrent qu’en grande quantité et nous, nous n’avons pas les moyens d’en acheter. Dans le passé, une entreprise mauricienne qui confectionnait des couches et serviettes hygiéniques acceptait de nous revendre une partie de son stock de matière première. Cependant, elle a aussi cessé ses opérations», confie la Padwoman locale. Mais qu’importe, elle n’est pas près de baisser les bras de sitôt : elle lance un appel aux entreprises qui pourraient l’aider, en vendant une partie de la matière première, où alors à toute personne qui pourra la soutenir pour en importer en grande quantité. En espérant pouvoir offrir de meilleurs lendemains aux femmes de Cité-Patate.