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Publication: Philippe Forget remet la Sirandane à l’honneur

28 février 2018, 10:55

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Publication: Philippe Forget remet la Sirandane à l’honneur

À quelques jours des 50 ans de l’Indépendance de l’île Maurice, le président du groupe La Sentinelle publie 99 Sirandanes à siroter… (Et si la centième était dans votre tête), un recueil de devinettes créoles, symboles de la tradition orale mauricienne. 

«Kan mo gran mama dezabiyé, mo ploré ?» La réponse : «Zonion». Jeu verbal populaire, la sirandane n’a pas de définition propre dans le dictionnaire. Et pourtant, qui à Maurice n’a jamais entendu une de ces devinettes typiques de la langue créole ? Exercice intellectuel propre à la tradition orale des sociétés africaines et créoles, la sirandane est «une forme d’art savoureuse à l’intérieur du Kreol», souligne Philippe A. Forget dans la préface. 

Timing oblige, la publication de ce recueil à quelques jours de la célébration des 50 ans de l’Indépendance n’est pas sans arrière-pensée. Vantant la pluralité des héritages du passé et du métissage du présent, Philippe Forget utilise la sirandane comme symbole de la richesse multiculturelle du pays. «C’est une façon de préserver une parcelle de notre culture commune qui a tendance à un peu disparaître», explique-t-il. De rappeler, au passage, que le livre invite également les lecteurs à inventer leurs propres sirandanes, «un jeu de l’esprit qui pourrait leur donner une certaine satisfaction». 

Le livre comprend des dessins de Yann Erasmus.

99 Sirandanes à siroter(Et si la centième était dans votre tête) regroupe, comme son nom l’indique, 99 sirandanes connues ou non, illustrées par les dessins ludiques de Yann Erasmus. Parmi les devinettes, on retrouve en majorité celles récoltées par Charles Baissac, auteur mauricien du 19e siècle et spécialiste du Kreol Morisien (KM). Toutes sont empruntées de son livre Folklore de l’Île Maurice, publié en 1888 et bien connu du public amateur. Le reste ? Un regroupement de sirandanes envoyées par des citoyens mauriciens désireux de partager leurs inventions. 

Pour ce livre, Philippe A. Forget a pu compter sur l’aide de deux militants du KM. Dev Virahsawmy, linguiste et poète mauricien, et pour qui la langue aide à construire la nation arc-en-ciel. Ainsi que le Dr. Arnaud Carpooran, linguiste et doyen de la faculté des sciences sociales à l’université de Maurice, qui rappelle que c’est à la mémoire d’un couple d’anciens esclaves, Ppa Lindor et Mma Télésille, que l’on doit l’ouvrage de Charles Baissac. 

L’origine de ce recueil remonte à 2016, lorsque le quotidien l’express décide de remettre au goût du jour les sirandanes et lance un appel à la création auprès de ses lecteurs. Une initiative au succès plutôt relatif, que le groupe impute aux mœurs nouvelles. Regrettant «le Mauricien [qui] n’était alors sollicité ni par Facebook ni par la télévision», Philippe Forget retente l’expérience et invite ses compatriotes à prendre le temps… intelligemment.