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Mort du seggaeman Kaya suivie d’émeutes à Roche-Bois et dans d’autres régions

21 février 2018, 18:32

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Mort du seggaeman Kaya suivie d’émeutes à Roche-Bois et dans d’autres régions

Il  y a 19 ans, du 21 au 24 février 1999

Le 21 février 1999, Joseph Reginald Topize, dit Kaya, le chanteur de seggae, un genre musical qui s’apparente au reggae, meurt en cellule policière aux Casernes Centrales. Il avait été arrêté, la veille, après son aveu d’avoir fumé un joint lors d’un rassemblement pour réclamer la dépénalisation du l’usage du cannabis. Le meeting, accompagné d’un concert avait eu lieu le dimanche précédent à Rose-Hill, à l’initiative de Me Rama Valayden, alors à la tête de son parti le Mouvement Républicain. 

La nouvelle du décès de Kaya plonge ses amis de Roche-Bois dans une profonde colère. Ces derniers s’en prennent au poste de police et à d’autres bâtiments publics dans la région. Il faut dire que la disparition du chanteur n’est que l’étincelle qui a déclenche les hostilités dans un contexte de tension sociale retenue. En effet, des sociologues et des observateurs avaient déjà attiré l’attention sur un malaise dans des quartiers défavorisés. Ceux qui y habitaient avaient le sentiment d’être exclus de la société. Et aux yeux de certains, ce sentiment prenait une coloration ethnique. 

Dans les jours qui suivent des débuts d’émeutes ont lieu dans d’autres régions de l’île. Des édifices publics sont attaqués, des commerces pillés, des maisons et des véhicules incendiés. Dans sa tentative de réprimer des actes de violence, la police tire sur des manifestants et abat trois personnes : deux à Bambous et le chanteur Berger Agathe à Roche-Bois. Un cadavre criblé de balles est aussi retrouvé dans la cour de l’Hôtel de ville à Curepipe. 

Des heurts ont lieu dans plusieurs localités du pays : Roche-Bois, Cite Kennedy, Bambous, Goodlands et Curepipe, entre autres. La police semble dépassée. Le Premier ministre, Navin Ramgoolam, ne faisant pas d’apparition publique laisse un sentiment de démission des autorités publiques. C’est le Président de la République, Cassam Uteem, qui prend l’initiative de descendre sur le terrain pour calmer les esprits. L’évêque de Port-Louis Mgr Maurice Piat et des responsables d’autres religions en font de même. 

Après trois jours de violence la tension s’est réduite et le calme est revenu. Les événements de février 99 ont laisse de profondes blessures au sein de la population. Avec le temps, elles semblent s’être cicatrisées. 

Plus tard, une commission d’enquête présidée par le juge Keshoe Parsad Matadeen aujourd’hui Chef-juge enquête sur les causes de ces événements tragiques. Son rapport reste secret jusqu’en octobre 2000, date de sa publication par le nouveau gouvernement MSM-MMM dirigé par Sir Anerood Jugnauth. L’inaction du Premier ministre d’alors, Navin Ramgoolam y est critiquée. Me Rama Valayden y est aussi blâmé. Cependant les deux obtiendront, par la suite, en cour suprême que les parties du rapport les concernant soit corrigées.