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#50ansMoris: 1968, quand le football était beau joueur

11 février 2018, 22:30

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#50ansMoris: 1968, quand le football était beau joueur

Cinquante ans de cela, le football local tenait le pays en haleine. Les matchs étaient suivis à la radio ou à partir des comptes rendus des journaux. Les Mauriciens ont assisté à la naissance de grands joueurs, qui ont fait vibrer le vieux stade George V (rebaptisé New George Vth Stadium). À savoir Édouard Leste, RioTyphis, RohitTeeluckchand, Parmanand Ramchurn, Michael Glover, Dany Imbert, Fakook Dinally, Latiff Jaddoo, Robert Espitalier Noël, Raoul Maurel, Guillaume Ah Kang et France L’Aiguille, entre autres.

Rencontre

 (De g. à dr.) Shyam Oodunt, Jean-Pierre Tostée, Serge Munso et Mukesh Ramrekha.

L’après-midi du mardi 6 février, au food court de Shoprite. Sont attablés Jean-Pierre Tostée (Dodos), Serge Munso (Police), Shyam Oodunt et Mukesh Ramrekha (Hindu Cadets). Ils sont lancés dans une discussion très animée. Le sujet ? Ils discutent de la manière dont ils comptent marquer le 50e anniversaire de l’accession de Maurice à l’Indépendance. Mais chut ! Il est encore trop tôt pour dévoiler leur plan.

Jean-Pierre Tostée, 70 ans, possède une archive impressionnante de photos et comptes rendus des journaux. Le septuagénaire a fait son baptême du feu chez les Dodos à l’âge de 20 ans. C’était un 20 janvier 1968. Il avait, d’ailleurs, marqué le premier but du tournoi. C’était contre les Blue Ducks. Son équipe avait gagné le match 4 buts à 1. Cette même saison, les Dodos ont été sacrés champion de Maurice et lui remporta le titre de meilleur buteur.

Serge Munso, avec ses 75 ans au compteur, joue encore au foot. Canonnier de l’équipe de la police, il a été sacré à plusieurs reprises meilleur buteur. Il raconte que lorsque la ligue de football avait été suspendue à cause de la bagarre raciale, il a dû travailler jour et nuit, car il faisait partie de la Special Mobile Force.

Shyam Oodunt, 68 ans, sacré trois fois meilleur buteur, se souvient, pour sa part, de la galère pour trouver un transport pour se rendre aux matchs et rentrer à la maison. «Nous devions prendre le bus pour rallier le point de rencontre, où un véhicule nous attendait. Et après le match, nous devions nous débrouiller pour rentrer, surtout si le dernier bus était déjà parti.» Mukesh Ramrekha était le plus chanceux. Il avait, lui, le privilège de voyager en voiture pour se rendre au stade.

Les quatre grands joueurs étaient animés d’une même passion, et le sont toujours. Celle du foot. «Nous vivions notre passion. Nous ne recevions aucun sou, même quand nous avons été sacrés champions», racontent-ils.

Que pensent-ils du football local ? Les quatre sont unanimes. «Maurice a été champion à plusieurs reprises au niveau de l’océan Indien. L’équipe rivalisait avec les meilleures en Afrique. Jamais la sélection locale n’a été humiliée par son adversaire. Nous ne perdions que par un but d’écart. Ce n’est pas comme aujourd’hui…»

Serge Munso et Shyam Oodunt se souviennent encore de la qualification de la sélection Maurice à la Coupe d’Afrique des nations, en 1974. C’est, d’ailleurs, l’unique participation de Maurice à un tournoi d’une telle envergure. Selon eux, il faut qu’il y ait davantage d’écoles de foot à travers l’île.

«Mamade Elahee, fin tacticien»

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<p>Si les autres internationaux parlent de Mamade Elahee comme d&rsquo;un grand entraîneur, Monaf Hossenbaccus, qui a été journaliste sportif, soutient qu&rsquo;il était plutôt un <em>&laquo;Team Manager&raquo;</em>. Il dit connaître Mamade Elahee depuis 1968 et qu&rsquo;il était un <em>&laquo;fin tacticien&raquo;</em> et un stratège plutôt qu&rsquo;un technicien.</p>

<p>Il se souvient encore de la qualification historique (la seule jusqu&rsquo;ici) de la sélection de Maurice en Coupe d&rsquo;Afrique des nations, en Égypte, en 1974. Mamade Elahee a aussi contribué au sacre de l&rsquo;équipe nationale, qui a décroché la médaille d&rsquo;or en foot aux Jeux des îles de l&rsquo;océan Indien de 1985, organisés à Maurice.</p>

Ramlochun Sohun, arbitre

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<p>Ramlochun Sohun est à la tête du département responsable des arbitres à la Mauritius Football Association (MFA). Il jouit d&rsquo;une longue carrière en tant qu&rsquo;arbitre au niveau national et a exercé de 1963 à 1983. Pendant les neuf dernières années de sa carrière, il a été arbitre international.</p>

<p>Comme c&rsquo;est souvent le cas pour les arbitres, Ramlochun Sohun a fait l&rsquo;objet de critiques. <em>&laquo;Vous savez, le football était communal et moi, quand j&rsquo;arbitrais un match opposant les Hindu Cadets à une autre équipe, j&rsquo;étais souvent critiqué. Quand les Hindu Cadets remportaient la victoire, il y avait des critiques de la part des supporters des autres équipes. Et quand cette même équipe perdait, les partisans me traitaient d&rsquo;anti-hindous&raquo;</em>, raconte-t-il avec un certain humour.</p>

<p>L&rsquo;ancien arbitre affirme qu&rsquo;il ne s&rsquo;est jamais laissé influencer dans ses décisions. <em>&laquo;Il y avait jusqu&rsquo;à 20 000 spectateurs au stade George V et à chaque fois qu&rsquo;on sifflait un penalty, cela faisait des mécontents. Les supporters lançaient des gros mots. Je faisais le sourd !&raquo;</em></p>

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Questions à …Claude Julie, chroniqueur de foot

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<h2><strong>&laquo;Maurice dominait les équipes de l&rsquo;océan Indien&raquo;</strong></h2>

<p><strong>Quel regard avez-vous sur le foot d&rsquo;antan ?</strong></p>

<p>Il y avait dix équipes en première division et au moins six ou sept étaient du même niveau. Il était difficile de faire de pronostic avant un match et il fallait attendre jusqu&rsquo;à la 90e minute pour connaître le vainqueur, tant les joutes étaient très serrées. Ces matchs se terminaient souvent sur des scores étriqués.</p>

<p><strong>Vous parliez de niveau.</strong></p>

<p>Les équipes étaient composées de joueurs très talentueux. Certains avaient de très bonnes techniques. Il y avait de fins dribbleurs et aussi d&rsquo;excellents gardiens de buts. Ce qu&rsquo;on ne voit pas de nos jours. Au niveau international, Maurice dominait chaque fois les équipes de l&rsquo;océan Indien. Je me souviens que l&rsquo;équipe avait laminé Madagascar par 13 buts à 2 et La Réunion par 11 buts à 0.</p>

<p>Autrefois, quand Maurice se déplaçait à l&rsquo;extérieur, c&rsquo;était difficile de connaître le score le même jour en raison de la communication. Le lendemain, les Mauriciens ne demandaient pas le vainqueur du match, mais sur quel score on avait gagné !</p>

<p><strong>Il y avait des tensions dans les gradins à l&rsquo;époque ?</strong></p>

<p>Oui. Il fallait en finir avec ce football communal. En 1982, le gouvernement MMM-PSM a commencé à éliminer ce football. Mais en contrepartie, il y a eu une baisse au niveau du foot.</p>

<p><strong>Pourquoi ce déclin ?</strong></p>

<p>Vous savez, quand les Dodos, le Racing Club de Maurice et les Blue Ducks se sont retirés, il y avait un manque de joueurs de haut niveau. Et aussi, de nombreux jeunes ne jouent plus au foot. Il y avait une certaine relance trois ans de cela, quand on a introduit le football semi-professionnel, mais cela a été remis en question. Là, il semble y avoir une nouvelle dynamique.</p>

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Dix équipes en Ligue 1

<p>En 1968, il y avait dix équipes en première division. Elles étaient les Dodos, la Police, la Fire Brigade, les Hindu Cadets, les Muslim Scouts, le Racing Club de Maurice, les Faucons, les Cosmos, les Blue Ducks et l&rsquo;Orphelin Père Laval. C&rsquo;est l&rsquo;équipe de Dodos qui avait remporté le titre.</p>