Publicité

Cancer et dépistage: mieux vaut prévenir que guérir

4 février 2018, 00:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Cancer et dépistage: mieux vaut prévenir que guérir

Cette réceptionniste de 56 ans, mère d’une fille de 26 ans et dont l’époux est dans l’hôtellerie, n’avait jusqu’ici jamais connu d’ennuis de santé importants. Ses tests de dépistage effectués il y a deux ans contre le cancer du sein et celui du col de l’utérus s’étaient révélés négatifs.

De ce fait, il y a deux mois, lorsqu’elle effleure son sein gauche et y sent une grosseur, elle se dit qu’il n’y a pas lieu de s’alarmer. Elle est confortée dans cette idée de grosseur bénigne par des amies à qui elle en parle. «Elles m’ont dit que c’est seulement en cas de grosseur sous les aisselles qu’il y a lieu de s’inquiéter.»

Le 18 décembre dernier lorsqu’elle reçoit un mél professionnel l’informant que Link To Life viendra sur son lieu de travail pour offrir des tests de dépistage du cancer du sein, elle décide de se faire examiner. Elle se soumet à l’échographie mammaire sans appréhension.

La doctoresse parle d’un kyste dans son sein gauche et lui demande si d’habitude elle a un sein plus gros que l’autre. C’est le cas, réplique Marie Lucie. La doctoresse refait l’examen et lui dit alors qu’elle va la référer à un chirurgien. Mais qu’avant, elle doit faire des examens approfondis. «Là, j’ai commencé à avoir peur. J’étais brouillée après le test et j’avais du mal à me concentrer au travail.»

Marie Lucie prend rendez-vous avec un chirurgien dans une clinique. On lui fait une mammographie et un examen d’ultrasons. «La doctoresse m’a dit qu’il s’agissait d’un cancer et que je devais me faire opérer immédiatement.» Le monde de Marie Lucie s’écroule. «J’ai pensé à la mort et je me suis demandé ce qu’il allait advenir de ma fille et de mon mari. J’étais désemparée et sur le point de téléphoner à mon bureau pour dire que je démissionne.»

Le chirurgien lui a conseillé de ne pas s’inquiéter tant que la biopsie n’a pas été pratiquée. On lui fait deux prélèvements de tumeur à des fins d’analyses. Les quelques jours d’attente sont peuplés d’idées angoissantes.

Lorsque tombent ses résultats de biopsie, le chirurgien parle de contradiction entre la mammographie et cet examen. Il estime que son cancer n’est pas agressif et comme on est à la mi-décembre, il calme le jeu en lui disant de passer les fêtes de fin d’année et de le revoir en début d’année pour qu’il lui enlève la tumeur.

Marie Lucie suit le conseil mais a du mal à se plonger dans le bain festif. Après Noël, elle écoute une amie et fait un test sanguin pour déceler la présence éventuelle du marqueur tumoral Cancer Antigen 15-3 (CA 15-3) qui ne doit pas être supérieur à 56. Son taux de CA 15-3 se trouve être à 20. Ce qui la rassure.

Or, après l’intervention pratiquée en début d’année, le chirurgien lui exprime son inquiétude. «Il m’a dit que la tumeur était dure. It seems to be bad ont été ses mots. Mon moral est retombé aussitôt.»

Lorsque Marie Lucie vient récupérer ses résultats d’analyse de la tumeur et les lit, elle bute sur le mot «carcinome» et frémit. Le chirurgien lui apprend alors que son cancer est grave, soit de stade 3 - et qu’il doit pratiquer une ablation complète du sein, et ce, le plus vite possible. Toutes sortes d’idées noires lui traversent l’esprit.

L’intervention est fixée au 16 janvier. Avant de rentrer une fois de plus en clinique, elle se rend à l’église et toute l’assemblée prie avec elle et pour elle. Sur la table d’opération, elle pleure car elle pense que plus rien ne sera comme avant. À son réveil, elle a le torse bandé. Le pays étant en alerte cyclonique 3, elle ne reçoit pas de visite. «Heureusement que le personnel a été aux petits soins avec moi. Cela m’a permis de ne pas sentir l’absence de mes proches.»

C’est le troisième jour après l’opération que le médecin vient la consulter et qu’on lui fait son pansement. Elle détourne les yeux de sa plaie. «Je ne peux toujours pas regarder. J’ai honte car c’est une atteinte à ma féminité. Je suis triste car j’avais de beaux seins et on me complimentait souvent à ce propos.»

Elle se remet rapidement de cette chirurgie lourde. «Les amis qui me rendent visite sont stupéfaits de me voir debout et active.»

Mais depuis son retour à la maison, elle fait chambre à part. D’abord parce qu’elle fait attention à sa plaie mais aussi par honte de se mettre nue devant son mari. «Il est pourtant encore plus attentionné qu’avant et me rassure en me disant que ma santé est la priorité. Mais j’ai peur qu’il me voie ainsi. Je ne me sens pas encore comme une femme normale. Je crois que cela prendra du temps…»

Elle appréhende la mi-février car bien que le chirurgien lui ait dit que son cancer est «completely cured», il veut qu’elle se prête à six sessions de chimiothérapie. Marie Lucie remet tout en question, y compris la nécessité de l’ablation des seins. Cela l’irrite parfois de réaliser que, de pilier qu’elle était dans la maison, elle est d’une certaine manière, devenue dépendante de ses proches.

Mais elle se rend compte que sans ce test de dépistage, elle aurait poursuivi son train-train quotidien et son cancer aurait pu évoluer de stade 3 à 4 et lui être fatal. «Je crois que c’est la main de Dieu qui m’a guidée vers ce test de dépistage de Link To Life que je remercie. J’ai été en contact constant avec Jaweed Nauyeck, son assistant administratif, et il a toujours trouvé le temps pour m’écouter et me réconforter. Cette ONG est fantastique».

Sa reconnaissance est telle envers Link To Life, qui, selon elle, mérite d’être davantage soutenue financièrement par l’État, qu’elle a décidé de devenir son ambassadrice dès qu’elle ira mieux et de participer aux campagnes de l’ONG pour inciter les filles et les femmes à se faire dépister. «Sans le dépistage de Link to Life, je n’aurais pas été là. D’autres sont peutêtre dans le même cas que moi. Je dois le faire savoir au plus grand nombre…»