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Mauvais temps: «Pa pé kapav al lékol, bann kamarad pou riy mwa…»

25 janvier 2018, 23:30

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Mauvais temps: «Pa pé kapav al lékol, bann kamarad pou riy mwa…»

Il est 14 heures dans l’après-midi de ce mardi 23 janvier. Le ciel est tantôt gris, tantôt bleu, le soleil et la pluie livrent bataille. À Cité Longère, Baie-du-Tombeau, on a toujours la phobie des averses. L’eau a pris ses quartiers dans plusieurs maisons et, malgré les coups de balai, ne semble pas vouloir s’en aller.

Aurella ne sait plus où donner de la tête. Sa serpillière a presque perdu la sienne. Le nettoyage n’en finit plus. «Inn fatigé ek sa bann problem-la. Tou kout éna lapli, nou lakaz vinn basin.» Cette fois, pourtant, le «taux de remplissage» du «basin» en question l’a quelque peu surprise. Mais ce qui la tracasse, c’est le sort de ses enfants mais aussi de ceux qui habitent le quartier.

Ils sont une vingtaine à errer dans les rues, dans les cours boueuses, certains armés de balais, tentant de donner un coup de main aux parents. L’école ? Pour l’instant, ils n’y pensent pas. Pour eux, les congés forcés durent, comme à chaque fois, plus longtemps. 

La faute aux uniformes trempés, aux livres et cahiers abîmés, aux sacs à dos qui n’ont pas encore séché, qui sentent encore le moisi, aux chaussures qui ont pris l’eau. Mais ce n’est pas tout. La grattelle et la diarrhée sont également de la partie. «Éna boukou zanfan pé malad, pé bizin absan lékol.»

Il y a aussi un autre fléau qui guette les enfants de ce quartier, qui, pour beaucoup, se sont rendus dans des centres de refuge pendant le cyclone. «Nou zanfan santi zot imilié kan zot al lékol. Zot tou prop laba, alor ki zot, zot res malang, linz santi pi akoz lapli. Iniform, soset tou gagn labou», s’exclame Aurella, visiblement à bout. 

Brandon, huit ans, est actuellement en Grade 4. Il ne s’est pas rendu à l’école parce que toutes ses affaires n’ont pas échappé aux averses. «Pann alé akoz tou mo liv inn tranpé. Iniform inn fek lavé la, li ti gagn labou, mo pa kapav al lékol koumsa, mo kamarad pou riy mwa.»

Véronique, la maman de Brandon, explique que trois de ses quatre enfants ne peuvent se rendre à l’école pour les mêmes raisons. Elle est aussi d’avis qu’ils «ne pourront sortir de la misère de cette façon». L’éducation étant «une des meilleures routes à emprunter pour échapper à la pauvreté, la précarité».

Tout comme Brandon, Mika est, lui aussi, forcé de rester à la maison. D’un air triste, il confie : «Pa fasil pou aprann dan bann kondision parey. Ziss kan al lékol ki pou kapav sorti ladan, mé pa pé kapav alé mem…»

Michelle, âgée de dix ans, s’avance timidement. Elle souhaite, elle aussi, s’exprimer sur les malheurs qui s’abattent sur elle et ses petits camarades de Cité Longères. Ses affaires à elle n’ont pas subi de dégâts, lâche-t-elle tout de go. Mais alors, pourquoi n’est-elle pas allée en classe ? «Inondasion kinn gagné ar lapli inn gat tou manzé… Pann kapav al lékol akoz péna manzé…» Des propos repris par sa mère, Annabelle.

Pour elles et d’autres familles, la vie est loin d’être un long fleuve tranquille.