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Chili: le pape en territoire Mapuche secoué par les revendications

17 janvier 2018, 15:13

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Chili: le pape en territoire Mapuche secoué par les revendications

Le pape François poursuit sa visite en Amérique latine en se rendant mercredi en plein territoire Mapuche, ces indigènes chiliens qui revendiquent leurs terres ancestrales et comptent sur le souverain pontife pour faire avancer leur combat.

Lorsqu’il arrivera à Temuco, capitale de la région de l’Araucania, à plus de 600 km au sud de Santiago du Chili, François se trouvera dans une zone rythmée par des actions d’une minorité radicalisée visant des entreprises forestières mais aussi des églises.

Trois nouvelles attaques ont été enregistrées contre des églises du pays mardi, dont deux ont été incendiées dans la région de l’Araucania, qui s’ajoutent à cinq autres ces derniers jours dans la capitale.

Mardi, lors de son premier discours prononcé au Chili, devant les autorités politiques et civiles du pays, le pape François a appelé au respect des «droits» et de la «culture» des peuples autochtones.

Il faut «écouter» les peuples autochtones, «souvent oubliés et dont les droits ont besoin d’être pris en compte et la culture protégée, pour que ne se perde pas une partie de l’identité et de la richesse de cette nation», a plaidé le pape, sans nommer spécifiquement les Mapuches.

Pour François, «la pluralité ethnique, culturelle et historique demande à être préservée de toute tentative de division ou de suprématie».

«La sagesse des peuples autochtones peut constituer une grande contribution» à la protection environnementale de la planète, a plaidé le pape, abordant ainsi un autre de ses thèmes fétiches.

«De ceux-ci, nous pouvons apprendre qu’il n’y a pas de développement authentique pour un peuple qui tourne le dos à la terre et à tous ceux qui l’entourent», a ajouté François mardi.

Près de 400.000 personnes sont attendues à la base aérienne de Maquehue où François célèbrera une «messe pour l’intégration des peuples» rendant hommage aux premiers habitants du Chili et de l’Argentine. Il rencontrera ensuite les représentants de la communauté.

Les Mapuches (7% de la population chilienne) occupaient un vaste territoire au centre de ce pays longiligne à l’arrivée des conquistadors espagnols au Chili en 1541.

Terrorisme

Cette frontière naturelle a continué d’exister durant la conquête, jusqu’à ce que la zone soit occupée durant une vingtaine d’années par l’armée chilienne à compter de 1961 afin de «pacifier» ce territoire.

Au fil des procès et des décisions de justice, ces indigènes ont été réduits à vivre sur près de 5% de leurs anciennes terres. Regroupés en petites communautés, sans espace suffisant pour cultiver le sol ou élever des animaux, nombre d’entre eux se sont vus obligés à renoncer à leur mode de vie traditionnel et à migrer vers les villes.

Depuis une vingtaine d’années, des groupes radicaux incendient des camions et des engins des entreprises forestières et affrontent la police. Une dizaine de membres de cette ethnie y ont perdu la vie.

Ceux qui commettent ce type d’actes dans le cadre de leur lutte pour récupérer leurs terres sont visés par une dure loi antiterroriste, une législation dont l’application, pour cette ethnie, a notamment été critiquée par l’ONU.

Privés de canaux de communication et critiqués par la majorité des Chiliens, les Mapuches espèrent que la visite du pape va permettre de «mettre en lumière» leur combat.

D’autant que l’arrivée du Saint Père coïncide avec le moment où cette ethnie - la plus grande du pays - commémore deux événements marquants pour la région.

Le cinquième anniversaire de l’incendie d’une maison, en janvier 2013, dans lequel avait péri un couple de personnes âgées, des descendants de colons d’origine suisse, pour lequel 11 Mapuches sont poursuivis, et le dixième anniversaire du meurtre d’un jeune activiste Mapuche, Matias Catrileo.

Le pape arrive à Temuco «à un moment très compliqué (...) nous sommes à un point mort» au niveau du dialogue, juge l’historien Pedro Canales.