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JO-2018: les pom-pom girls, stars attendues de la délégation nord-coréenne

11 janvier 2018, 18:51

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JO-2018: les pom-pom girls, stars attendues de la délégation nord-coréenne

Les stars de la Corée du Nord ? Leurs pom-pom girls ! Ce seront elles, et non les quelques sportifs qu’elles encourageront, qui symboliseront le mieux l’étrangeté et le mystère que ne manquera pas de susciter la délégation nord-coréenne aux jeux Olympiques de Pyeongchang, dans un mois.

Cette «Armée de beautés», comme la surnomme la Corée du Sud, crée systématiquement l’événement quand Pyongyang la déploie, une manifestation toujours déroutante dans le cadre diplomatique, surtout dans un contexte de menaces d’apocalypse nucléaire.

Ces jeunes supportrices sont pourtant en Corée du Nord une institution, au point que la femme de Kim Jong-Un elle-même, Ri Sol-Ju, fut pom-pom girl dans le groupe qui avait accompagné la délégation nord-coréenne aux championnats d’Asie d’athlétisme de 2005 à Incheon.

Pyongyang a formellement accepté mardi, lors des premières discussions intercoréennes en deux ans, d’envoyer en février au Sud une délégation comprenant des sportifs, des artistes, une équipe de démonstration de Taekwondo, mais aussi ces pom-pom girls. Potentiellement 400 à 500 personnes, estime le Premier ministre sud-coréen Lee Nak-Yon.

Aucun traité de paix n’ayant été signé à la fin du conflit de 1950-1953, Nord et Sud sont encore techniquement en guerre. Et aucun contact -autre qu’officiel- n’est autorisé entre les deux camps.

Dès lors, la délégation nord-coréenne sera sélectionnée avec soin, et les mouvements de ses membres au Sud seront étroitement encadrés.

Bonne nouvelle pour la billetterie

A en croire An Chan-Il, un transfuge nord-coréen animant l’Institut mondial pour les études nord-coréennes, les pom-pom girls, toutes plus ou moins âgées d’une vingtaine d’années, sont choisies par le régime sur des critères précis.

«Elles doivent faire plus de 1,63m et provenir d’une bonne famille», a-t-il expliqué à l’AFP. «Beaucoup étudient à l’Université d’élite Kim Il-Sung.»

Après des décennies de division hermétique de la péninsule, les Nord-coréens sont toujours une curiosité pour les habitants du Sud.

Des pom-pom girls du Nord étaient pour la première fois apparues au Sud en 2002 lors des Jeux d’Asie de Busan. Près de 300 de ces «reines de beauté» avaient fait une arrivée remarquée en ferry, toutes vêtues d’une robe traditionnelle et agitant ce qui était présenté comme des drapeaux de la Corée unifiée.

Des centaines d’habitants de Busan s’étaient alignés pour les accueillir et leurs chorégraphies millimétrées avaient fait sensation.

En 2005, l’ancienne pom-pom girl nord-coréenne Cho Myung-Ae, dont la beauté avait fait une énorme impression au Sud, était apparue dans un spot publicitaire de Samsung au côté de Lee Hyo-Ri, une star de la pop sud-coréenne.

Pour la billetterie des JO, la présence de ces pom-pom girls est une très bonne nouvelle.

«Cela va aider les ventes de billets», explique Sung Baik-You, porte-parole du Comité d’organisation des jeux (Pocog). «Cela va nous aider à atteindre notre objectif qui est de faire de ces jeux les jeux Olympiques de la paix.»

Sédition

Quand des équipes nord-coréennes viennent au Sud sans supportrice, des partisans sud-coréens de la réunification prennent le relai pour les encourager.

«Ce serait phénoménal d’avoir une équipe commune de pom-pom girls», rêve Sun-Kyung, qui avait organisé un groupe de supporters sud-coréens lors d’une rencontre féminine de hockey sur glace en 2017.

Mais la présence nord-coréenne peut aussi être un casse-tête diplomatique.

Pas sûr déjà que les Sud-Coréens se montrent aussi accueillants qu’en 2002, tant le climat s’est dégradé sur la péninsule du fait de la menace nucléaire nord-coréenne.

En outre, arborer le drapeau nord-coréen ou jouer l’hymne du Nord sont des actes de sédition au Sud. Ce qui fait que c’est le drapeau de la Corée unifiée qu’on sort lors des rencontres sportives intercoréennes.

Dans les enceintes olympiques, les règles du Comité international olympique (CIO) prévalent. Mais les lois réprimant la sédition pourraient être invoquées en dehors des stades si apparaissent des drapeaux du Nord.

Quand ils avaient défilé ensemble lors des cérémonies d’ouverture à Sydney en 2000, Athènes en 2004 et Turin en 2006, Nord et Sud-Coréens marchaient derrière le drapeau de la Corée unifiée.

Mais si elles font de même le 9 février, cela signifie que le drapeau sud-coréen sera totalement absent de Jeux que Séoul a pourtant organisés.

Comment le Sud pourrait l’accepter, interrogeait mercredi dans un éditorial le quotidien sud-coréen conservateur Chosun Ilbo, rappelant que les Jeux avaient été obtenus «au prix d’efforts acharnés, après deux échecs».