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Betamax-gouvernement: l’escalade

9 janvier 2018, 23:30

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Betamax-gouvernement: l’escalade

Betamax accélère ses demandes juridiques. Samedi, c’est Rs 95 M par cargaison, sur 43 cargaisons de carburant, qui ont été réclamées à la STC, via une motion déposée à la Haute cour du Karnataka, en Inde.

Le conflit entre le groupe Betamax et la State Trading Corporation (STC) passe à une étape supérieure. Cette fois-ci, Betamax, par le biais de Deepa Baynath, manager de la compagnie, a déposé une motion le samedi 6 janvier à la Haute cour du Karnataka, en Inde. Betamax demande en effet que la STC reverse à la cour indienne un peu plus de Rs 95 millions par cargaison, pour les 43 cargaisons de carburant en provenance de Mangalore Refineries Petroleum Ltd (MRPL), acheminées en direction de Port-Louis. 

Alors que les ministres Étienne Sinatambou et Ashit Gungah avaient, le 2 décembre dernier, qualifié d’«antipatriotique» l’action de Betamax de saisir la Haute cour du Karnataka pour bloquer le pétrolier Pacific Diamond à Mangalore, cette nouvelle action judiciaire du groupe vient accabler davantage le gouvernement. Sollicité par le biais de son conseiller en communication, le ministre du Commerce, Ashit Gungah, a indiqué ne pas vouloir faire de commentaire à ce stade. 

Du côté de Betamax, on maintient que cette motion n’est pas à prendre à la légère : «si la STC ne prend pas au sérieux cette action, le risque peut être que l’Inde ne fournisse plus Maurice en carburant.» D’autre part, interrogé par l’express, le directeur de Betamax, Veekram Bhunjun, dit, lui, qu’il n’y a pas d’autres choix et que la STC doit montrer sa bonne foi. «Ils doivent nous accorder cette garantie en totalité ou en partie. Quant aux attaques de certains, c’est mon droit constitutionnel d’agir, comment cela peut-être antipatriotique ? Un seul pétrolier a été bloqué et non les autres. Cette motion vient avec une demande raisonnable.» 

Si le patron de Betamax dit être dans son droit légitime, dans son entourage on s’interroge, surtout que les demandes de permis de Betamax pour plusieurs projets, dont un projet de marina et une de cimenterie dans le port, n’ont pas été agréées. S’agit-il de représailles, se demande-t-on ?

Extrait de l’affidavit juré par Deepa Baynath, manager de Betamax, à la Haute cour du Karnataka, en Inde, samedi.

Veekram Bhunjun ne souhaite pas s’appesantir sur le sujet, «Au lieu d’accorder cette garantie, le gouvernement parle d’investir des milliards dans un projet de stockage alors qu’il n’y a pas de plan d’ensemble. C’est un projet qui coûtera des milliards et on ne sait même pas s’il y aura des opportunités de travailler avec d’autres pays africains», dit-il. 

Péril de non-paiement 

Toute cette affaire remonte à décembre dernier. En effet, l’express révèle, le 2 décembre, que la Haute cour du Karnataka a bloqué en rade le pétrolier Pacific Diamond avec une cargaison de 40 000 tonnes métriques de produits pétroliers. Betamax avait saisi la justice indienne afin que la STC dépose une garantie bancaire de 120 millions de dollars suite au litige les opposant en cour Suprême mauricienne après la décision du tribunal d’arbitrage de Singapour. 

«Après avoir considéré plusieurs aspects, dont l’impact sur Maurice, l’Inde revient sur sa décision à condition que la STC s’approvisionne à Mangalore. Le justice indienne avait alors demandé à Betamax de venir avec une motion pour réclamer la garantie», dit une source à l’express. Un élément qui ressort de l’affidavit produit par Betamax, c’est le fait que le porte-parole du gouvernement, Étienne Sinatambou, a affirmé que le gouvernement ne prévoit pas de payer l’amende de 115 millions de dollars (4 milliards de roupies). 

Betamax argue donc qu’il y a péril de non-paiement et demande à la cour d’intervenir pour obliger la STC à faire provision de la somme due. D’où cette réclamation d’environ Rs 95 millions par cargaison quittant Mangalore. 

Autre élément, le bilan de la STC montre qu’il n’y a pas suffisamment d’actifs pour payer les 115 millions de dollars que la STC doit payer à Betamax, selon la décision de la cour d’arbitrage de Singapour. Interrogé par l’express, Rajanah Dahliah, directeur général de la STC, avance qu’il n’est pas en mesure de commenter cette affaire et qu’il laisse les hommes de loi de l’organisme faire leur travail.