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Rentrée: «Sans économie pas possible d’envoyer son enfant à l’école»

8 janvier 2018, 23:15

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Rentrée: «Sans économie pas possible d’envoyer son enfant à l’école»

Cela aurait dû être un moment de joie et de fierté. Pour Michelette Casimir, toutefois, la rentrée scolaire rime surtout avec honte et tristesse. Mère célibataire, elle n’a rien pu acheter à son fils qui devait faire son entrée en Grade 1 ce lundi 8 janvier. Mais les écoles sont cependant restées fermer suite aux fortes averses…Mais le casse-tête de Michelette Casimir reste la même.  «Li pou al lékol ar so ansien iniform. Sak ek soulié péna.»

Michelette est sans le sou. Employée de Bedino & Sons Ltée, l’habitante de cité Florida, à Baie-du-Tombeau, n’a perçu que la moitié de son salaire de novembre. Cette maman n’a pas reçu son salaire de décembre, ni son boni de fin d’année. À l’instar des salariés de la compagnie spécialisée en bijouterie, sise à Rose-Belle.

La papeterie, elle se l’est procurée avec l’aide des proches ou des amis qui ont bien voulu lui venir en aide. Michelette ne demande pas la charité. «Mo travay mwa mé konpani pa payé», lâche-t-elle, comme si elle éprouvait le besoin de se justifier. D’ailleurs, bien que la compagnie n’ait pas payé ses employés, elle continue à s’y rendre, presque religieusement. «Sak lané mo garson al lékol avek iniform, sak, soulié tou nef lorli. Cela m’écœure de ne pas pouvoir lui donner tout ce dont il a besoin cette fois-ci.»

Pour la rentrée des classes prévue aujourd’hui, mais par la suite annulée pour cause d’intempéries, Michelette avait prévu d’accompagner son fils à l’école. Pour ce faire, elle avait décidé de ne pas se rendre au travail. Elle exprimait même sa douleur de savoir que son fils irait le vendre vide à l’école pour ce premier jour. «Kouma sa zanfan-la pou aprann kan so vant vid?» Un peu plus loin, nous rencontrons Maryline et ses quatre filles. Imasha devait faire ses premiers pas dans le primaire aujourd’hui, tandis qu’Aurélie devait intégrer le Grade 7 au Labourdonnais College. Les deux autres, Anastasia et Noémie, sont toutes deux au collège.

Chômage

Maryline est au chômage. La famille ne peut compter que sur les revenus de son époux pour faire bouillir la marmite. Pour cette mère de quatre enfants, il est inexact de dire que l’éducation est gratuite. «Si ou péna enn ti kas a par, ou pa gagn avoy ou zanfan lékol, sé enn tris lavérité nou péi. Zis pou dir li gratis.»

Elle l’avoue, ce n’est pas facile d’envoyer tous ses enfants à l’école. Maryline dénombre la quantité de choses qu’elle doit procurer à ses filles pour la rentrée scolaire. Livres, papeterie, uniformes, sacs, chaussures, nouveaux «garde-manger»… La somme est moindre pour la dernière qui intègre le primaire. «Sé enn kou Rs 6 000 à Rs 7 000 par zanfan ek li inévitab», soupire-t-elle.

Viennent s’ajouter à cela les frais du transport des premiers jours et la somme de Rs 300 destinée à la Parent Teachers’ Association (PTA). Reste que le fait que les élèves bénéficient du transport gratuit est d’une grande aide, reconnaît Maryline. Cela aurait été plus difficile d’envoyer tous ses enfants à l’école s’il fallait payer les frais d’autobus, fait-elle remarquer.

Dans la foulée, la mère de famille dit avoir constaté que le coût de la rentrée scolaire grimpe graduellement chaque année. «Li minim, dimounn pa rémarké, lan pasé enn sak ti Rs 200, sa lané-la li vinn Rs 215.» Ce n’est, certes, pas une grande augmentation mais cela se fait certainement sentir sur les portefeuilles de ces parents. Pour Maryline, c’est aberrant que le coût de la vie grimpe sans cesse. «Zamé pou arivé si koumsa…»

Loin de ces tracas «d’adultes», les quatre filles de Maryline ont d’autres préoccupations. La petite dernière, Imasha, qui intègre le Grade 1, murmure ses incertitudes. «Sé enn nouvo kitsoz pou mwa ek mo per…»

Nine-year schooling

Noémie et Anastasia sont déjà au collège, tandis que leur soeur Aurélie fera son entrée en Grade 7aujourd’hui.
 

Aurélie affirme, quant à elle, qu’elle attendait ce lundi avec impatience, avide de rencontrer ses nouveaux amis et d’apprendre. «Qui plus est, je suis très satisfaite de mon collège, il a une très bonne réputation et l’infrastructure est bonne, que peut-on demander de mieux ?»

Anastasia et Noémie sont plus affirmées. Les deux collégiennes déclarent travailler dur pour «avoir une vie meilleure à l’avenir». Elles ont un avis très tranché sur le Nine-Year Schooling. Pour elles, il s’agit ni plus ni moins qu’«un gaspillage des fonds publics». Il est vrai, expliquent-elles, que cela leur a apporté une nouvelle façon d’apprendre. Sauf que, «rien n’aurait changé dans le fond».

Anastasia développe sa réflexion. «On doit toujours passer par le School Certificate et le Higher School Certificate, ce n’est que la structure menant à ces examens qui a changé», fait-elle ressortir. Le souci majeur de Noémie, c’est surtout de changer de collège à la fin des examens de Grade 9. Elle dit s’être déjà habituée à ses amis et à ses enseignants. «C’est trop de changements en trois ans…»