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Avant le mariage royal à Windsor, la mise au ban contestée des SDF

7 janvier 2018, 10:50

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Avant le mariage royal à Windsor, la mise au ban contestée des SDF

Dans la pittoresque ville anglaise de Windsor, à quelques pas de l'imposant château où la reine Elizabeth aime passer ses week-ends, une dizaine de sans-abri se protègent du froid dans un amoncellement de couvertures et de cartons.

Mais à quatre mois et demi du mariage du prince Harry avec sa fiancée américaine Meghan Markle dans la chapelle gothique du château, la volonté des autorités locales de faire place nette suscite l'indignation.

Dans un courrier adressé au chef de la police locale, le dirigeant conservateur de la municipalité de Windsor et Maidenhead, Simon Dudley, presse la police d'agir.

«Il est de plus en plus inquiétant de voir les quantités de sacs et de déchets que ces mendiants accumulent sur nos trottoirs», écrit l'élu qui dénonce aussi une «mendicité agressive».

«Cette situation fait apparaître une belle ville sous un jour peu favorable» alors que «l'intérêt touristique des lieux va se multiplier à l'approche du mariage royal en mai», déplore-t-il.

Selon le cabinet Brand Finance, la cérémonie devrait attirer des centaines de milliers de touristes dans la ville de quelque 30 000 habitants à une quarantaine de kilomètres à l'ouest de Londres. Les retombées pour l'économie britannique sont estimées à 500 millions de livres (environ 564 millions d'euros).

Scandalisés

Pour Simon Dudley, les SDF ont d'autant moins droit de cité pour ce grand jour que leur condition résulte d'un "choix" de vivre dans la rue.

Tentant de s'abriter du vent hivernal dans le centre-ville où elle a atterri il y a deux ans à la suite d'une maladie mentale, Stéphanie conteste. «Je n'ai pas choisi d'être ici, les gens me donnent ce qu'ils veulent bien me donner», confie-t-elle à l'AFP.

Les propos de l'élu de Windsor, qui ont suscité la réprobation jusqu'au sommet du gouvernement, sont d'autant plus choquants aux yeux de Murphy James, responsable d'une association locale d'aide aux sans-abri, que le prince William, son frère cadet Harry et la future mariée, sont eux-mêmes engagés de longue date dans leur défense.

«Je suis sûr qu'ils sont scandalisés par ces commentaires, comme moi-même et de nombreux habitants de Windsor», assure-t-il à l'AFP, dans l'église où Windsor Homeless Project offre repas chauds, vêtements, douche et soutien aux démunis.

Selon lui, au lieu de criminaliser les SDF, il faut au contraire s'attaquer aux racines de leurs difficultés. Mariage royal ou pas.

«Nous avons toujours eu 12 à 15 personnes dormant dans la rue. C'est un problème permanent», explique-t-il.

Il déplore l'absence d'abri d'urgence dans la ville et l'insalubrité des logements proposés par la municipalité, souvent "infestés de rats".

- 'Paresseux' -

Dans les rues de Windsor, de nombreux passants accordent à peine un regard aux SDF. Peggy Outhwaite, elle, s'agace de ne pouvoir attendre le bus tranquillement, en considérant d'un air désapprobateur l'un d'entre eux, abrité dans l'abribus.

«Je ne pense pas qu'ils devraient être ici», soutient cette retraitée à l'AFP, les jugeant "paresseux". «C'est une ville royale. Ca doit être la journée de Harry, et surtout une belle journée».

Derek Prime, le gérant d'un magasin de souvenirs où s'exposent déjà des mugs et autres bibelots à l'effigie des fiancés, s'interroge sur la réalité des mesures de relogement revendiquées par les autorités. «Il devrait juste passer une nuit dans la rue pour voir ce que c'est», s'insurge-t-il contre Simon Dudley.

Le chef de la police locale, Anthony Stansfeld, prépare sa réponse mais a d'ores et déjà noté dans un communiqué que "ces questions n'ont pas été soulevées" au conseil municipal d'octobre.

En décembre, la police de Windsor avait renvoyé à ses responsabilités l'élu qui se plaignait déjà sur Twitter d'une "épidémie" de SDF dans sa ville. «Nous devons protéger les personnes les plus vulnérables de notre société en travaillant ensemble», avait-elle rétorqué sur le réseau social, tout en soulignant que «le logement relève de la responsabilité du conseil».