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Josianne Cassombo: le séga typique, une histoire de famille

6 janvier 2018, 23:00

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Josianne Cassombo: le séga typique, une histoire de famille

Des soirées de séga tipik qui se tenaient chez Josianne Cassombo, à Petite-Rivière, sont nés des refrains qui sont aujourd’hui bien ancrés dans la culture mauricienne. Ses paroles ont voyagé au-delà des frontières mauriciennes.

«Mo Tangalé li finn alé…» Qui ne se souvient pas de ce refrain provenant d’un de nos ségas typiques, chanté d’une voix perçante, fleurant bon une authenticité mauricienne ? Celle qui porte ce chant émotionnel en elle s’appelle Josianne Cassambo. L’habitante de Petite-Rivière, âgée de 78 ans, est célèbre, même au-delà de nos frontières, pour d’autres refrains, tels «mo al sinéma, mo mari, mo vwayaz dan loto», ou encore «éna dis pié, ena dis pié divan mo laport». Des oeuvres qui auront marqué plusieurs générations. Elle nous le rappelle bien, le séga typique reste une histoire de famille. 

Grosses lunettes noires cachant ses yeux, les pieds posés sur une chaise, Josianne Cassombo est bien calée dans son fauteuil. «Mo pé pran inpé répo akoz mo fek oper lizié ek mo lipié ousi fermal.» En effet, elle explique qu’elle ne peut plus trop chanter en ce moment. Devant elle s’étend une grande cour, avec ses fameux pié des deux côtés. Cependant c’est la grande surface en béton, cirée de rouge, au centre de la cour, qui domine le regard. 

«C’est ici que se tenaient les soirées de séga que j’organisais, que la MBC venait filmer et que les touristes voulaient voir», dit la ségatière. Les soirées de séga typique que la famille Cassombo organisait à Petite-Rivière étaient renommées, à un point tel qu’aujourd’hui encore les deux restent associés. 

Josianne Cassombo, Madame Nankoo pour l’état civil, nous raconte que son enfance a été bercée par le séga. «J’avais des oncles qui étaient ségatiers. J’ai bien vite appris à chanter et à peine sortie de l’adolescence, je composais moimême mes chansons. Pourtant je ne sais ni lire, ni écrire.» 

Celle qui a fait la différence par sa voix et ses textes, comme Tangalé, se raconte. «Tangalé est en fait dédié à mon mari. Maintenant je peux le dire : c’est le nom que je lui donnais. Il était parti à La Réunion, pour faire du séga aussi et j’avais composé ce morceau», dit celle qui avait longtemps tenu l’identité de son Tangalé secrète. 

Ses compositions, dont certaines remontent aux années 1960, lui permettent de représenter cette musique à l’international mais aussi de recevoir des touristes. «Ils venaient aux soirées de séga typique. Ti éna Blan mé ti éna ousi bann Amérikin nwar», raconte Josianne Cassombo. Elle se souvient aussi de ses voyages en France, à Rodrigues, pour chanter du séga. 

Consentant à nous chanter un bout de Éna dis pié, Josianne Cassombo se dit aussi ravie que la relève soit assurée par ses fils, sa belle-fille et ses petits-enfants. Son message aux Mauriciens : «Mazinn touzour nou séga tipik, kouma linn bien fer nou bouzé, fer nou dansé.»