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Mosadeq Sahebdin: «Éviter de tomber dans le piège du surendettement»

23 décembre 2017, 18:15

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Mosadeq Sahebdin: «Éviter de tomber dans le piège du surendettement»

Entre les dépenses pour les fêtes, la prochaine rentrée scolaire et la hausse du prix des carburants, les portemonnaie prennent un coup de chaud. À cela, Mosadeq Sahebdin donne quelques conseils pour acheter malin.

Quel est votre avis sur la décision de majorer le prix de l’essence et du diesel ?
Je pense que le gouvernement a été mal avisé de procéder à une augmentation du prix des carburants en cette période festive. Cette décision frise la méchanceté. Il s’agit d’un nouveau coup de massue avant d’accorder le salaire minimal.

Selon vous, y avait-il d’autres alternatives que cette augmentation ?
Il faut savoir qu’en sus des éléments importants pris en compte dans la structure des prix, il y a l’excise duty, la contribution au transport public ainsi qu’une ponction de Rs 4 par litre pour alimenter le Build Mauritius Fund. Je déplore le manque de transparence dans l’utilisation de ce fonds.

Quelles solutions proposez-vous ?
Nous réclamons depuis 2014 que cette ponction ait une date de fin pour que les consommateurs puissent savoir quand ils ne seront plus appelés à y contribuer, mais en vain. Avec la crise provoquée par Donald Trump au Moyen-Orient, il n’est pas impossible que les prix prennent l’ascenseur. Le gouvernement devrait amortir toute hausse éventuelle en éliminant cette ponction.

Quelles seront les conséquences de l’augmentation des prix des carburants sur le panier de la ménagère ?
Elle aura un impact certain sur le budget des consommateurs. La hausse du prix du diesel pourrait se répercuter sur les produits de consommation courante ou encore sur les frais de transport.

Quid du pouvoir d’achat ?
Avec un faible taux d’inflation, le pouvoir d’achat des consommateurs commençait à se stabiliser. Néanmoins, la hausse de Rs 300 en un an de la tente ration a certainement un impact sur les ménages à faibles revenus. Maintenant, la hausse du prix des carburants vient changer la donne. Avant même la mise en application du salaire minimal, le pouvoir d’achat prend un nouveau coup.

Qui dit début d’année dit rentrée scolaire. Quel est le budget d’une famille moyenne ?
À mon avis, le budget moyen mensuel d’une famille avec deux enfants au secondaire doit se situer à environ Rs 18 000 – Rs 20 000. Ce chiffre prend en compte les priorités telles que l’alimentation, les factures des services, le remboursement d’un prêt logement ou le paiement d’un loyer, le transport de même que les fournitures scolaires et les leçons particulières.

Certaines familles n’ont pas de tels moyens…
Il est certain qu’il y a de nombreuses familles avec des revenus en dessous de ce chiffre, ce qui explique le nombre élevé de familles endettées.

Selon vous, quels devraient être les revenus d’une famille avec deux enfants en bas âge pour qu’elle ait une vie décente ?
Mon estimation se chiffre à Rs 15 000. En sus des besoins essentiels, une telle famille devra prendre en compte les dépenses pour le lait infantile, dont les prix continuent à grimper, et les frais de garderie ou d’école maternelle.

Le salaire minimum en janvier arrive-t-il donc au bon moment ?
Avec le salaire minimum, il faudra s’attendre à une relance de la consommation.Disposant d’une plus large marge de manoeuvre, l’on peut s’attendre à une montée en grade de la consommation, avec plus de consommateurs préférant des produits de meilleure qualité. Une telle évolution stimulera la concurrence permettant, sur le long terme, aux consommateurs de disposer d’un plus grand choix de produits à des prix compétitifs.

De plus avec l’abolition du resale price maintenance, les prix d’une large gamme de produits de consommation courante seront plus compétitifs, les distributeurs devant permettre aux détaillants d’offrir des prix plus attrayants. Par ailleurs, au vu de la réduction des commissions perçues par les agences de crédit auprès des revendeurs de produits tels que les appareils électroménagers et les meubles, les prix de ces produits devront baisser d’au moins 5 %.

Qu’en est-il de l’endettement des Mauriciens pour un meilleur niveau de vie ?
S’endetter est devenu un moyen incontournable pour se permettre d’avoir une qualité de vie qui ne serait pas possible si l’on devait tout acheter comptant. Ironiquement, même disposant de plus d’argent, certains consommateurs achètent davantage à crédit. Je conseille aux consommateurs d’éviter de tomber dans le piège du surendettement. Les achats à zéro dépôt sont à déconseiller. Faire un versement en vue d’un achat à crédit permet de se responsabiliser. À éviter aussi : les achats de type «achetez maintenant, payez après trois mois». Une planification des dépenses permet d’éviter de faire des achats impulsifs et de se retrouver avec des produits dont on n’a pas réellement besoin.

Le Mauricien est-il économe ?
Sans compter les acheteurs impulsifs, on peut dire que de nombreux Mauriciens sont conscients de la nécessité de mettre de l’argent de côté pour les temps difficiles. Cependant, avec le taux d’intérêt moins intéressant dans les banques, moins de consommateurs sont tentés d’épargner.

Les Mauriciens sont-ils nombreux à travailler plus pour joindre les deux bouts ?
Cumuler deux boulots pour joindre les deux bouts est devenu une nécessité pour les ménages à faibles revenus. Le dénouement avec les cas des cleaners des écoles ne signifie pas qu’il n’y a plus d’employés de maison ou d’employés d’autres secteurs tels que le gardiennage ou le nettoyage des grandes surfaces ou des gares qui sont exploités. Ceux qui sont obligés de s’adonner à des boulots précaires pour arrondir les fins de mois sont toujours là.