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Farook Dowlut: la perle des bijoutiers

19 décembre 2017, 23:30

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Farook Dowlut: la perle des bijoutiers

Assis devant sa bijouterie, il s’affaire à nettoyer une chaîne, tout en nous racontant son parcours dans la bijouterie, qui a débuté il y a 60 ans de cela. Brosse en main, eau savonneuse aux pieds, il redonne brillance et vie au bijou qu’un client fidèle lui a apporté. «Je me sers du savon ‘normal’ maintenant mais avant on allait chercher des graines d’un arbre qu’on appelait ‘lagrin savon’ pour nettoyer les bijoux. On en trouvait à Port-Louis, près de l’hôpital civil, tous les bijoutiers l’utilisaient», lâche l’homme de 70 ans, féru d’anecdotes. Devant son gros seau bleu, il revient sur ce métier dans lequel il baigne depuis qu’il a 10 ans. Et qui lui a laissé des souvenirs en or.

«Monn bien pass mizer. Je n’ai pas été longtemps à l’école. Je n’ai fait que le primaire car notre famille était pauvre et on n’avait pas assez pour payer le collège. J’ai alors commencé à travailler comme manev mason tout en apprenant la bijouterie avec la famille», confie Farook avec un sourire nostalgique.

Fier de son parcours

C’est sous la varangue du bâtiment en bois et en tôle, où il répare, poli, confectionne toujours des bijoux, que l’histoire a commencé. «Nou ti asiz lor ti ban ouswa lor nat, guet granfami travay pou aprann metié-la», se souvient Farook Dowlut, qui a hérité son savoir-faire de ses oncles et cousins, notamment. Plusieurs générations de bijoutiers de la famille Dowlut et Kaudeer ont travaillé dans cette bijouterie. «Il y en a cinq et moi je le tiens depuis 25 ans», confie le septuagénaire.

Si Farook Dowlut est fier de son parcours, il a un regret. C’est que ces fils ne comptent pas prendre la relève. «Népli gagn lavi ar metié bizoutié», déclare le vieil homme, la voix empreinte d’émotion. Il aura pourtant essayé de convaincre les jeunes. «Mes deux fils ont été formés au métier. L’un a été bijoutier pendant 10 ans mais aujourd’hui il est chauffeur d’autobus et l’autre livreur. La bijouterie que j’avais ouverte pour eux en face de la mienne n’a pas marché», regrette-t-il.

Il est d’avis que le mode de vie, les coutumes et moeurs à Maurice ont bien changé et que les bijoux en or n’ont plus la cote comme avant. «Les jeunes filles préfèrent des bijoux fantaisie, un pour aller avec chaque couleur de robe. L’or coûte également trop cher…» Malgré les difficultés, Farook continue à chouchouter ses clients. Et de faire son précieux travail avec passion. «Les jeunes filles préfèrent des bijoux fantaisie, un pour aller avec chaque couleur de robe.»