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A l'approche des fêtes, l'attentat de New York sonne comme un avertissement

14 décembre 2017, 08:27

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A l'approche des fêtes, l'attentat de New York sonne comme un avertissement

L'attentat à la bombe raté dans le métro new-yorkais lundi, commis par un Bangladais inspiré par le groupe Etat islamique, est venu réveiller le spectre d'un attentat de grande envergure durant la période des fêtes, cible privilégiée des jihadistes et hantise des autorités.

Akayed Ullah, l'ancien chauffeur de taxi qui a détonné une bombe qu'il s'était attaché au corps, aurait affirmé aux enquêteurs avoir choisi sa cible en raison des nombreuses affiches de Noël placardées dans le tunnel reliant la très touristique Times Square à la gare de Port Authority.

Son engin explosif artisanal a été un pétard mouillé: il n'a que partiellement explosé, faisant trois blessés légers en pleine heure de pointe dans l'une des stations les plus fréquentées des Etats-Unis.

Mais à deux semaines de Noël, tandis que des foules convergent vers lieux touristiques et magasins, les autorités redoutent qu'une pareille attaque ne tourne au carnage. Elles ont, à cet égard, été échaudées par deux attentats majeurs à l'étranger pendant les fêtes de fin d'année en 2016.

Un homme a foncé dans la foule au volant de son camion sur un marché de Noël à Berlin (11 morts). La semaine suivante, au réveillon du Nouvel an, un autre a massacré 39 personnes dans une boîte de nuit d'Istanbul.

En Europe ou aux Etats-Unis, les autorités ont renforcé cette année la présence policière sur les sites les plus fréquentés, avec une attention particulière pour parer la nouvelle méthode phare des jihadistes: la voiture-bélier.

Si le ministère américain des Affaires étrangères déconseille à ses ressortissants de se rendre en Europe pendant les fêtes, ou au moins de «faire preuve de prudence» car les «extrémistes continuent de cibler les lieux touristiques», les avertissements valent aussi pour les Etats-Unis.

On se voit à Noël

«Nous sommes concentrés sur la sensibilisation du public, (avec des slogans) comme "si vous voyez quelque chose, dites quelque chose"», explique Christopher Krebs, un haut responsable du ministère de la Sécurité intérieure.

«Les fêtes de fin d'année ont toujours soulevé l'inquiétude sur la menace» sécuritaire, affirme à l'AFP Jeff Ringle, ancien policier du contre-terrorisme au sein de la police fédérale (FBI) devenu directeur du Soufan Group.

Pour lui, les cibles exposées que sont les grandes places, lieux de concert et autres marchés donnent aux assaillants «beaucoup de visibilité dans les médias».

De plus, considère M. Ringle, empêcher ce type d'attaque est particulièrement difficile: «Les forces de l'ordre doivent être sur leurs gardes. Cela ne peut jamais être complètement efficace».

Les groupes terroristes n'appellent pas au passage à l'acte spécifiquement pendant les fêtes de fin d'année, selon les spécialistes, mais leurs partisans sur internet semblent estimer qu'il s'agit de la période idéale.

SITE, un centre américain spécialisé dans la surveillance en ligne de la mouvance jihadiste, a révélé plusieurs affiches d'aspirants jihadistes qui semblent aller dans ce sens. Sur l'une d'elle, un père Noël se tient près d'une boîte d'explosifs, regardant vers Manhattan, avec ce texte: «On se voit à Noël sur Times Square... bientôt».

Au moment où le groupe Etat islamique a perdu la plupart des zones qu'il occupait en Syrie et en Irak, il privilégie les attaques solitaires et bien moins facilement détectables.

L'EI, a jugé lundi Nick Rasmussen, directeur de l'US National Counterterrorism Center, «adapte son modèle, cherchant à inspirer des individus à l'étranger plutôt que d'essayer de les diriger, de les commander et de les contrôler».