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Accusé de viols en réunion, Georges Tron devant les assises

12 décembre 2017, 08:34

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Accusé de viols en réunion, Georges Tron devant les assises

Un ancien secrétaire d’Etat dans le box: Georges Tron comparaît mardi et pour neuf jours devant la cour d’assises de Seine-Saint-Denis, accusé de viols en réunion par deux anciennes employées de la mairie de Draveil (Essonne) qu’il dirige toujours.

A Bobigny, juges et jurés populaires décideront s’ils pensent l’élu LR coupable de viols et d’agressions sexuelles, avec la complicité de son ancienne adjointe à la Culture Brigitte Gruel. Tous deux clament leur innocence.

«Je suis sans appréhension et j’espère que (le procès) servira à éclaircir des tas de choses qui auraient dû l’être depuis longtemps», a déclaré à l’AFP l’ancien secrétaire d’Etat à la Fonction publique (2010-2011).

La justice a décidé de juger Georges Tron en dehors de l’Essonne en raison de son influence locale : il est maire de Draveil (30.000 habitants) depuis 1995, conseiller départemental et ancien député (1993-2010, 2011-2012).

Jugé dans le sillage de l’affaire Weinstein, le scandale avait éclaté en mai 2011, peu après la retentissante arrestation à New York de l’ancien directeur général du Fonds monétaire international Dominique Strauss-Kahn.

Georges Tron avait démissionné du gouvernement Fillon, affirmant qu’il ferait de la reconnaissance de son innocence une «affaire personnelle».

Soudain, sa passion pour la réflexologie plantaire devenait connue du grand public, suscitant nombre de détournements et de caricatures.

Les opposants politiques de Georges Tron «se sont servis» de sa pratique de la réflexologie «pour faire croire qu’il était un fétichiste à coloration criminelle», estime Antoine Vey, qui défendra l’élu de 60 ans au côté d’Eric Dupond-Moretti.

 'Ascendant' des accusés'

Mais ce qui vaut au maire de Draveil d’être renvoyé devant les assises va au-delà de massages de pied impromptus. Virginie Ettel et Eva Loubrieu disent avoir subi des attouchements et des pénétrations digitales entre 2007 et 2010, sans être capables de s’y opposer, tétanisées face à leur employeur.

Des accusations «fallacieuses» pour Antoine Vey, qui pense que leurs «mensonges» vont «nuire aux vraies victimes» en jetant le doute sur l’ensemble des femmes qui dénoncent des violences sexuelles.

L’avocat d’Eva Loubrieu, Alexandre-M. Braun, affirme de son côté que les parties civiles «ont vécu un enfer», sans le «soutien dont peuvent bénéficier les victimes qui parlent aujourd’hui».

Le procès s’ouvre alors que plusieurs magistrats ont estimé qu’il n’y avait pas matière à juger le maire de Draveil et son adjointe.

En 2013, après deux ans et demi d’enquête, deux juges d’instruction d’Evry avaient prononcé un non-lieu. L’année suivante, saisie par les plaignantes, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris avait finalement renvoyé le dossier devant les assises, malgré la demande de non-lieu du parquet.

Soulignant que cinq autres femmes avaient décrit dans les mêmes termes que les plaignantes les pratiques sexuelles de l’édile, seul ou avec son adjointe, la cour d’appel a considéré que les «dénégations absolues» des deux élus «suggèrent une volonté de dissimulation de leurs moeurs qui n’est pas en faveur de leur sincérité».

Elle a aussi estimé que les critères de «surprise» et de «contrainte» caractérisant un viol pouvaient être établis, notamment au vu de l'«ascendant» qu’avaient les accusés sur ces employées.

Le maire de Draveil se dit victime d’un complot de l’extrême droite locale. Pour la cour d’appel, les plaignantes ne pouvaient être «suspectes de calculs politiques» en dépit de contacts avec la famille de la présidente du Front national Marine Le Pen.

En janvier 2017, Georges Tron avait annoncé qu’il ne serait pas candidat aux législatives malgré l’investiture de LR afin de respecter la loi sur le non-cumul des mandats.

Il avait alors assuré que ce renoncement n’avait pas de lien avec l’imminence du procès, qui doit durer jusqu’au 22 décembre.