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Pour battre le PSG, encore faut-il jouer

3 décembre 2017, 20:54

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Pour battre le PSG, encore faut-il jouer

Les coachs de Ligue 1 sont des farceurs. Lundi dernier, deux jours avant le match de Troyes au Parc des princes face au Paris-SG, l’entraîneur aubois, Jean-Louis Garcia, s’était demandé tout haut si prendre quatre buts face à Neymar et compagnie n’était somme toute pas une sortie honorable, laissant penser à son auditoire qu’il était hanté par l’angoisse d’un tarif à deux chiffres face à la vitesse d’exécution et la classe des attaquants parisiens. Même topo pour l’entraîneur strasbourgeois, Thierry Laurey, jeudi, soit deux jours avant la visite des Parisiens à la Meinau : «A part si vous leur payez du vin chaud à leur arrivée au stade et qu’ils arrivent un peu torchés, tu perds contre eux.»

Battu mercredi (0-2) au Parc, Troyes n’en a pas moins fait un match remarquable et serait parti du Parc avec un ou plusieurs points si l’équipe avait eu la réussite maximale dont a bénéficié Strasbourg, première formation à tomber (2-1) le Paris-SG cette saison, toutes compétitions confondues : «On a eu un peu de réussite, a expliqué Laurey ensuite. Ça se joue sur pas grand-chose, il faut le reconnaître. Pour battre une telle équipe, il faut que toutes les planètes soient alignées et il faut se sublimer. On s’est arrachés et on s’est attachés à ne pas faire n’importe quoi, avec ou sans le ballon. Les garçons se sont battus comme des lions.»

On peut remarquer que le Paris-SG est tombé lors d’une rencontre précédant un rendez-vous de Ligue des champions (mardi à Munich), un de ces matchs réputés piégeux puisque les joueurs pensent alors à s’économiser. Il n’en reste pas moins que la Ligue 1 commence à prendre le Paris-SG sous mandature qatarie et ses stars par le bon bout : non pas l’occasion de faire un selfie avec un type payé plus d’une dizaine de millions d’euros par an ou de récupérer son maillot en fin de match – celui de Zlatan Ibrahimovic s’étant dealé à l’avance pendant des années – mais sous un prisme sportif. L’essence du jeu n’est pas le déferlement d’argent sur le marché des transferts, pas plus d’ailleurs que le storytelling ciselé (ah, Mbappé à Bondy…) autour des stars : le foot, c’est ce qu’on fait avec ce qu’on a.

Et, par la bande, l’ambition de mettre un savoir-faire (nous, on joue et on existe comme ça) à l’épreuve des meilleurs joueurs du monde, une opportunité de se faire des souvenirs et d’en donner au public, ces souvenirs constituant à leur tour une manière de récit s’inscrivant dans l’histoire du club. Samedi, ces souvenirs étaient les larmes d’un gardien de 21 ans contraint de quitter ses équipiers pour cause de vertiges au plus fort du combat ou d’interminables (neuf minutes) arrêts de jeu étirant le suspense. Le football dans toute sa splendeur. Que le passage du Paris-SG et ses superstars ont le pouvoir de sublimer, c’est-à-dire de révéler à grande échelle dans le contexte hautement médiatique du sport de haut niveau. On se doute bien que Thiago Silva et consorts s’en foutent. Pourtant, ce n’est pas le moindre de leur mérite.