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Conditions de travail: la vie des hommes en bleu n’est pas de tout repos

3 décembre 2017, 16:47

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Conditions de travail: la vie des hommes en bleu n’est pas de tout repos

Pour la première fois de leur histoire, des membres des forces de l’ordre ont défilé en signe de protestation contre leurs conditions de travail, mercredi. Mais les hommes en bleu n’étaient pas les seuls à gagner la rue. Ils ont pu compter sur d’anciens collègues, amis, conjoints et enfants. Les conjointes racontent ce que c’est de partager la vie d’un membre des forces de l’ordre.

Zahira a tout juste 23 ans lorsqu’elle rencontre l’élu de son cœur. Trois mois plus tard, ils se fiancent. Et six mois après, ils se disent oui pour la vie. Toutefois, trois mois après son mariage de rêve, le jeune couple se sépare. Enfin, temporairement. L’époux de Zahira rejoint la force policière comme Trainee Police Constable. Sa formation devra durer six mois et le jeune homme, qui était jusque-là employé au sein d’une compagnie d’assurances, doit rester au centre de formation de la police.

«Le plus dur, c’était le soir. Je suis issue d’une famille nombreuse, avec trois frères et une sœur. Je n’avais jamais vécu seule. Et là, dans une maison qui m’était encore inconnue, je devais rester toute seule. Je ne pouvais pas.» Alors, Zahira, qui travaille chez un opticien, remballe ses affaires, direction la maison de ses parents. Les week-ends, les tourtereaux se retrouvent chez les parents du jeune homme.

Six mois après, Zahira et son époux se retrouvent définitivement, hormis quelques nuits pendant lesquelles le jeune homme est de service. Et là commence un autre train de vie pour le couple. «Certains jours, il sort tôt le matin, à sept heures, pour rentrer vers 21 heures», indique celle, qui est aujourd’hui âgée de 26 ans.

Souvent, elle raconte qu’après avoir cuisiné pour deux, elle se retrouve toute seule à dîner devant la télé. «Il y a deux jours, mo’nn fer sousou dan dall é rougay sosis, mais il m’a appelée pour me dire qu’il devra rester au poste. Le pire, c’est que c’est son plat préféré et moi je n’aime pas ça.»

Il y a aussi la crainte, celle de recevoir une mauvaise nouvelle. «Je rejoue dans ma tête des scénarios les uns plus terrifiants que les autres. Il va souvent sur le terrain lorsqu’il y a des bagarres. Un de ses collègues a été blessé lors d’une intervention. Donc, je m’inquiète beaucoup.»

Risques du métier

Joanna, 52 ans, est épouse de policier aussi. Cette frayeur, elle la connaît trop bien. Vingt-huit ans déjà qu’elle se fait du mauvais sang. «Li gagn tansion ek lasid, lor la li pa manz dan ler. Ou pa lé mo gagn traka ? Avek so travay, li plis pa pran kont», s’insurge-t-elle.

«Kan nou ti komans frékanté, li ti déza dan la polis. Ti enn lot lerla. Il était encore un ténébreux jeune homme en uniforme. Mais aujourd’hui, c’est son ventre qui entre dans une pièce en premier», lance Joanna en éclatant de rire, les yeux pétillants d’amour. Cette institutrice à la retraite connaissait les risques du métier de son futur époux, mais aussi sa place dans son cœur. «Je le vois un peu comme mon héros à moi.»

Pour Joanna, le plus difficile était les horaires de travail de son époux après la naissance de leurs trois enfants. «Quand il n’y avait que moi, c’était facile. Je meublais mon temps en vaquant à mes occupations lorsqu’il travaillait tard le soir ou le week-end. Mais lorsque les enfants sont arrivés, on ressentait quand même ce manque.» Nombreux ont été les anniversaires et les fêtes que l’époux de Joanna a ratés et continue de manquer en raison de son métier.

Aujourd’hui, les trois enfants du couple sont tous des adultes. Et tous sont très fiers de leur père, dit Joanna. «Il a tout le temps été un père responsable, attentionné, affectueux. Même s’il n’était pas toujours là à cause du boulot, il n’a jamais oublié une date d’anniversaire, ou quand il fallait prendre les résultats de nos enfants. Mais surtout, il reste toujours mon héros.»