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Porlwi by Nature: le trésor caché d’une ruelle sans nom

2 décembre 2017, 23:15

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Porlwi by Nature: le trésor caché d’une ruelle sans nom

Le festival «Porlwi by Nature» a trouvé un nom à une ruelle de Port-Louis qui n’en avait pas. Menant au Grenier, cette ruelle sépare deux pans de l’hôpital militaire. En guise de cadeau de baptême : un petit espace vert en hauteur a été aménagé sur place.

Connaissez-vous la rue de la Balance, à Port-Louis ? Pas la peine de chercher sur une carte de la capitale, vous ne la trouverez pas. Parce qu’officiellement, la ruelle que ce nom désigne n’existe pas. C’est le festival Porlwi by Nature – qui dure jusqu’à demain minuit – qui a ainsi baptisé la ruelle faisant face au Grenier et bordée par les deux structures de l’hôpital militaire.

En plus d’avoir trouvé un nom, cette ruelle, ombragée le jour et sombre la nuit, a désormais une installation tout à la fois écologique, artistique et urbaniste. Il s’agit de L’Escalier Rouge, imaginé par l’architecte et plasticien Oliver Maingard. Particularité de l’oeuvre : elle va rester après la clôture de Porlwi by Nature. 

Nous sommes dans l’un des coins historiques de Port-Louis. L’Aapravasi Ghat – lieu de débarquement des travailleurs engagés – est à un jet de pierres. En haut des marches de L’Escalier Rouge, Oliver Maingard a aménagé un espace vert tout en longueur, ramenant un peu d’oxygène, alors que l’on est à deux pas de l’autoroute. 

En plus des plantes fraîchement mises en terre sur ce bout de terrain en hauteur, il y a semé du verre pillé, produit à partir du recyclage de bouteilles. Des morceaux de troncs d’arbres, qui invitent à prendre place, complètent l’ensemble. 

Le tout est adossé à «l’un des plus vieux murs de Port-Louis», a affirmé Astrid Dalais, directrice du festival Porlwi by Nature, lors de sa présentation de la manifestation. Il s’agit de l’un des murs de l’ancien store de l’hôpital militaire. Une structure qui, sous le précédent régime, avait été choisie pour abriter le musée d’art national, projet qui ne s’est pas concrétisé. 

Pourquoi la rue de la Balance ? Sur place, dans une petite guérite occupée par une imposante balance rouge, des explications sont fournies aux visiteurs. La balance est une référence au Grenier et au pesage des stocks. 

Avec pour référence une carte de 1785, on y apprend qu’«à l’emplacement actuel de la rue de la Balance se trouvait la cour de l’hôpital ‘des Noirs’; c’est le terme utilisé au 18e siècle pour désigner les esclaves. Les archives nous apprennent que le bureau du marronnage était également installé à cet endroit»

Au temps de la colonisation britannique, une ruelle est aménagée, séparant l’hôpital militaire (l’imposante bâtisse a accueilli les locaux de l’ex-Development Works Corporation. Ils servent aujourd’hui de bureaux à l’Aapravasi Ghat Trust Fund) de l’hôpital civil. Puis la zone devient prison pour esclaves marrons «alors séparée du bagne»

La documentation affichée indique que Ratsitatane, prince malgache exilé à Maurice, y est incarcéré et s’en évade en 1822. «Cet espace est reconverti en hôpital civil d’une capacité de 270 lits après des travaux entrepris entre 1854 et 1862. Associé à l’hôpital militaire adjacent, ce lieu est emblématique de la lutte contre les épidémies de malaria et de choléra des années 1850 et 1860 qui déciment près de 20 % de la population.»