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Mahébourg: c’est la grogne parmi les poissonniers

30 novembre 2017, 11:57

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Mahébourg: c’est la grogne parmi les poissonniers

«Nou bayan, nou pa gagn nanyié. » L’indignation gronde parmi les poissonniers à la rue Suffren, Mahébourg. D’où les remarques et reproches qui fusent. Ils sont trois poissonniers à exercer leur métier là. Pour eux, ils n’existent même pas sur la carte et cela s’explique du fait de l’attitude des autorités à leur égard. «Nou pa rekonet par gouvernman. Tou letan koz zis pou peser me pou nou zamé tann parlé. Nou pena nanyié kont ceki fer pou bann peser mé nou ti pou kontan ki gouvernman rekonet nou», explique Sharifa Ukkhoy Fangoo, poissonnière depuis dix ans déjà.

L’avis partagé ici est que le gouvernement a un devoir envers eux, tout comme il le montre envers leurs confrères pêcheurs. Car eux aussi sont affectés par le mauvais temps et la saison creuse. «Il faut comprendre que quand les pêcheurs ne rapportent pas de poissons, nous aussi nous n’avons rien à vendre. Mais eux au moins ils ont une allocation et des compensations». 

Nous, nous n’en avons pas», poursuit Farook Ukkhoy. Les jours cycloniques, ils doivent puiser dans  leurs économies pour vivre. 

Si celui-ci parle du mauvais temps, Premdev Boojhawon, lui, dit qu’à Mahébourg, auparavant c’était non seulement les pêcheurs de l’endroit qui leur fournissaient des poissons et autres fruits de mer. En effet, les pêcheurs du Bouchon aussi leur vendaient leurs prises. Sauf que «depi kinn ena problèm MV Benita la, pena pwason dan lagon laba. Nou pa resi gayn otan kouma avan. Et kan ena fermtir ourit, apar bann pwason ki gayn avek peser nou pa fer ankor la vente. Bann bayan osi soufer avek peser».

Pourtant Sharifa Ukkhoy Fangoo avance qu’ils sont en règle avec les autorités. «Nous devons payer un permis pour opérer comme poissonnier chaque année. On paye Rs 200 au ministère. Pourquoi payer des frais si on n’est pas reconnus?» Premduth Boojhawon, lui, explique que l’intention y était, il y a quelques années, mais qu’au final les promesses n’ont pas été tenues. 

Il y a huit ans, lui et deux autres bayans avaient participé à un atelier organisé par le ministère de la Pêche. Atelier qui visait à expliquer aux poissonniers les règles, le mode d’opération et l’hygiène. Ils étaient aussi encouragés à créer une association syndicale. 

«Ti ena bann bayan depi partou ki ti partisip ladan. Zot ti pé montré nou kouma pou van pwason, ki kalité pwason, lor ligiènn ek bann règleman bâtiman. Zot ti pé mem dir nou fer enn sindika pou ki zot donn nou tou lavantaz.»

 L’atelier avait bien motivé les poissonniers, explique Farook Ukkhoy. «Nou ti mem kré enn asosiasion sindikal. Ti ena pre enn 30 bayan kan ti komansé. Mé apré pa ti ena personn pou représant nou. Personn pann pran nou kont.» Si l’association n’a pas fait long feu, les poissonniers, eux, ont tenu à mettre en pratique ce qu’ils ont appris. Les trois poissonniers ont même contribué une somme de  Rs 700 000 pour construire un bâtiment où ils pourraient  opérer en toute assistance. 

«Nous avons fait construire cet emplacement sans aucune aide. On a dû puiser de nos économies. Mais si nous étions reconnus comme tous les pêcheurs, on aurait au moins pu demander un emprunt. On ne bénéficie d’aucun avantage. Des fois on a besoin de ressources financières pour mieux travailler. On a besoin d’avoir un moyen de transport avant tout. Et même une petite aide de la banque serait utile», explique Sharifa Ukkhoy Fangoo.