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Vinci et Benji: deux frères animés par l’amour de l’art

28 novembre 2017, 00:30

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Vinci et Benji: deux frères animés par l’amour de l’art

Ils ont le sourire facile, le même style vestimentaire. Ils se ressemblent. Vinci et Benji Gouyaïe sont deux frères, deux potes. Autre point en commun : ils sont dotés d’un talent remarquable, malgré le fait de ne jamais avoir suivi de cours de dessin, ni d’art. L’aîné, mais le plus petit de taille, c’est Vinci. Il est aussi celui qui est le plus discret et sa spécialité est la gravure sur bois. Benji, lui, ne résiste à aucun crayon.

Même s’il en possède toute une panoplie, il rêve d’en avoir d’autres. C’est grâce à ces objets, qui pour lui sont d’une importance capitale, qu’il arrive à faire des dessins dont la précision laisse sans voix. Le talent, les frères Gouyaïe pensent l’avoir dans le sang depuis leur naissance. 

«Chaque personne a un talent enfoui quelque part au fond de lui. Et tôt ou tard, au moment où nous nous y attendons le moins il y a un déclic. Et c’est ce qui s’est passé pour nous», explique Benji, 26 ans. 

Et qu’est-ce qui a causé ce déclic chez les deux frères ? La musique. «Lorsque j’écoute de la musique, il se passe des choses en moi que je veux exprimer. C’est ce qui s’est passé il y a quelques mois de cela. J’écoutais du rap et j’ai eu envie de m’exprimer sur du bois, j’ai eu une idée et je me suis laissé aller», confie Vinci. Sa première œuvre sera une gravure du roi du Reggae Bob Marley.

Le combat de Vinci

L’histoire de Vinci est particulière. Sous son sourire, se cache une détermination, une envie de pouvoir s’affirmer. Âgé de 29 ans, Vinci lutte quotidiennement contre un handicap. Depuis sa naissance, il tremble du bras droit. Ce qui complique grandement ses activités. 

«Je me sens différent. Je sais que les choses ne se passent pas comme pour les autres mais je m’efforce de faire ce que je veux. Mais parfois, c’est épuisant !» confie le jeune homme. Son handicap, Vinci le tourne presque en dérision. Il dira par exemple, qu’il doit tenir un stylo avec les deux mains. Et pour tracer les personnages qu’il souhaite reproduire sur le bois, cela s’avère être un parcours du combattant. 

Mais même s’il doit passer des heures sur un projet, le mot «abandon» ne lui vient jamais à l’esprit. «Je suis obstiné. J’aime travailler le bois et quand je commence un travail, je veux à tout prix le terminer le plus rapidement possible. Je peux y travailler toute une nuit s’il le faut.» 

Travaille-t-il le bois toute la journée ? Oui, en quelque sorte, répond-il. En effet, dans la matinée, il aide un proche à faire des travaux de menuiserie et les après-midi il s’attèle à ses gravures.

Mais devinez quoi. Benji fait, lui, tout le contraire. Il peut mettre des mois avant de finir une œuvre. Il rigole et nous raconte comment il a commencé son fameux tableau de tête de léopard en mars dernier. Il a d’abord fait les yeux, puis, petit à petit, le nez. C’est récemment, fin octobre, qu’il a complété son crayonnage. Le résultat est époustouflant.

Deux garçons trop modestes

Et le petit frère que fait-il de ses journées ? Benji est superviseur dans une société privée spécialisée dans les installations de tuyaux et de conduits d’eau. Un travail qui prend beaucoup de son temps. Mais ce n’est pas pour autant qu’il délaisse ses crayons.

«Je le fais petit à petit. Il m’arrive de ne pas avoir envie de dessiner surtout quand je suis fatigué. Des fois, je peux ne pas crayonner pendant un moment. Mais je finis toujours par compléter mes dessins», poursuit le jeune homme de La Tour Koenig.

Par ailleurs, si vous croyez que les deux frères sont conscients de leur potentiel, détrompez-vous. Il nous a fallu les convaincre de parler de leur «passe-temps», comme ils le disent. Sous leurs casquettes, Vinci et Benji n’ont pas du tout l’impression de faire quelque chose d’extraordinaire. Si leurs amis les encouragent grandement à vendre leurs œuvres, les deux frères manquent de confiance en eux.

«Moi personnellement, j’ai toujours aimé le dessin. Mais ce n’est que tout récemment que j’ai commencé à faire des tableaux. Je ne veux pas me lancer dans quelque chose que je devrais arrêter par manque de temps ou de moyens. Et puis, il faut que je me professionnalise avant d’envisager à vendre mes dessins», soutient Benji.

Du matériel qui coûte très… très cher !

<p>Il n&rsquo;y a pas que le manque de confiance qui freine les deux jeunes, il y a aussi le manque de moyens. Si Vinci fait dans la récup, c&rsquo;est-à-dire, qu&rsquo;il transforme des palettes et qu&rsquo;il en fait des tableaux, Benji, lui, a besoin de crayons de bonne qualité pour réussir de beaux dessins. <em>&laquo;Je ne suis pas encore pro, donc, je ne veux pas gaspiller le bois, je m&rsquo;essaie sur des palettes et si je rate, je sais que ce n&rsquo;est pas très grave mais pour mon frère, c&rsquo;est autre chose&hellip;&raquo;</em> affirme Vinci.</p>

<p>Benji a, une fois, reçu une boîte de crayons de couleur de son oncle qui vit à l&rsquo;étranger. <em>&laquo;Ailleurs, ce n&rsquo;est pas si cher. À Maurice, il y a un magasin. Dès que j&rsquo;y mets les pieds je deviens fou. Des crayons il y en a par milliers mais je n&rsquo;ai pas les moyens de m&rsquo;en acheter. Tro ser! Éna bwat kréyon kout Rs 8 000! Ena pli ser tou!&raquo;</em> s&rsquo;étonne encore Benji. D&rsquo;ajouter &laquo;mo pankor kapav investi sa kantité-la dan matériel&raquo;.</p>