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Vivek Pursun: «Les émissaires de Soodhun ont fait pression sur moi pour que je retire ma plainte»

25 novembre 2017, 20:30

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Vivek Pursun: «Les émissaires de Soodhun ont fait pression sur moi pour que je retire ma plainte»

Vivek Pursun sort de son silence après ses explications confuses de mercredi. Cet homme était présent à la réunion pendant laquelle l’ex-ministre du Logement et des terres avait tenu des propos à relent communal et à caractère discriminatoire. Dans un affidavit juré en Cour suprême vendredi 24 novembre, il accuse : «Les hommes de Showkutally Soodhun m’ont proposé Rs 5 millions pour le disculper.»

Ce développement survient après qu’il est parti au bureau du Central Criminal Investigation Department (CCID) lundi pour donner une déposition suivant celle du 10 novembre dans laquelle il avait incriminé l’ancien ministre. Nous avons contacté Showkutally Soodhun, il n’a pas souhaité faire de commentaire.

Alors qu’il proférait des propos racistes durant la réunion en question, Showkutally Soodhun a été filmé en caméra cachée. Des journalistes de l’express ont remis à Pravind Jugnauth une copie de cette vidéo. Trois jours plus tard, le Premier ministre annonçait la démission de Showkutally Soodhun comme ministre.

L’affaire était confuse mercredi quand des sources policières ont affirmé que Vivek Pursun, également candidat à la partielle de Belle-Rose-Quatre-Bornes, avait déclaré que le leader de l’opposition Xavier-Luc Duval était l’instigateur d’un complot contre Showkutally Soodhun. Quand l’express l’a sollicité pour connaître la nature de sa seconde déposition, il a nié en bloc les allégations selon lesquelles il avait incriminé le leader de l’opposition même si ses propos étaient quelque peu incohérents.

Vivek Pursun a tout déballé dans un affidavit. Dans ce document, il explique en détail dans quelles circonstances il a été contraint à rencontrer les hommes de Showkutally Soodhun qui étaient en constante conversation téléphonique avec un homme qu’ils appelaient «Boss». «J’ai été informé que ledit “Boss” est effectivement Showkutally Soodhun. Si j’obéissais à ses instructions pour faire une déclaration au CCID afin de le disculper, Soodhun reprendrait son poste de vice-Premier ministre», a-t-il révélé dans son affidavit.

Avec moult détails, le candidat à l’élection à la circonscription n°18 raconte dans quelles circonstances on lui a proposé d’abord Rs 1 million afin qu’il revienne sur sa déposition. Devant son refus, dit-il, ils ont renchéri pour amener la proposition à Rs 5 millions.

Sa vie et celle de sa famille en danger

Un agent du Mouvement socialiste militant (MSM), Sateedanand Badaye, également son ami, lui a téléphoné le lundi 20 novembre et lui a dit de venir le rencontrer à l’IVTB House à Phoenix à 15 heures, dit-il. La réunion a finalement eu lieu au centre commercial de Phoenix.

Quand il était sur place vers 17 heures, ajoute-t-il, un policier du CCID l’a appelé pour qu’il se rende aux Casernes pour une nouvelle déposition. «Le policier m’a informé que le commissaire de police lui a demandé de m’attendre au CCID.»

Lors de la rencontre avec l’agent du MSM, ce dernier, maintient Vivek Pursun, a essayé de le convaincre de retirer sa déposition contre l’ancien ministre. «Il m’a rappelé que c’est un “high profile case” et que la vie de ma famille et la mienne seraient en danger si je n’acceptais pas», relate-t-il.

Le candidat du Mauritius National Congress a été invité ensuite à rencontrer deux autres agents du MSM qui sont très proches de Showkutally Soodhun. Les trois hommes l’ont emmené ailleurs dans la région de Bonne-Terre alors qu’ils étaient en contact avec le «Boss». Dans un premier temps, il était question de Rs 1 million.

«J’étais sidéré quand on m’a dit que je devais impliquer Xavier-Luc Duval», lit-on dans le document. Devant son refus, un des hommes était en communication avec le «Boss» pour revoir le montant proposé qui était toujours écrit sur un portable.

«J’ai réalisé que j’étais coincé et que si je n’allais pas respecter leurs instructions, j’allais me retrouver dans une situation critique entre leurs mains.» Vivek Pursun leur a fait croire qu’il allait respecter les consignes, mais, affirme-t-il dans l’affidavit, il s’est rendu au CCID pour soutenir sa première déposition et ce faisant, il n’a pas respecté les consignes données.

Après cet exercice, ils sont partis pour Carreau-Laliane. «J’ai aperçu une Jaguar noire immobilisée devant la mienne. L’agent s’est approché de ladite voiture et a conversé avec l’occupant de la Jaguar qui ressemblait à Showkutally Soodhun», a-t-il avancé dans son document.

Après ce développement, nous avons contacté Xavier-Luc Duval et Vivek Pursun. Ils sont également restés injoignables.

Autres dépositions

<p>Dans son affidavit, Vivek Pursun a affirmé qu&rsquo;il avait fait savoir aux proches de Showkutally Soodhun que même s&rsquo;il allait retirer sa plainte, d&rsquo;autres personnes ont fait des dépositions contre l&rsquo;ex-ministre. &laquo;J&rsquo;étais surpris d&rsquo;apprendre que le &ldquo;Boss&rdquo; avait déjà pris soin de ces gens et que je ne devais pas m&rsquo;inquiéter pour eux&raquo;, soutient-il dans l&rsquo;affidavit.</p>