Publicité

Arrêté pour avoir fait des graffitis à Port-Louis: «Je sais ce que j’ai fait», affirme Kunal Gauzee

22 novembre 2017, 21:55

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Arrêté pour avoir fait des graffitis à Port-Louis: «Je sais ce que j’ai fait», affirme Kunal Gauzee

Vous avez passé deux jours en cellule pour avoir tracé des graffitis sur des bâtiments publics dans la capitale. Pourquoi ?

On m’a privé de ma plume, je me suis donc permis de m’exprimer ainsi pour interpeller les Mauriciens. Tous mes graffitis évoquent des sujets d’actualité. Mon geste a peut-être heurté certaines personnes. Mais il y a de vraies questions qui doivent interpeller les gens. Dont l’accaparement des plages, les propos à relent communautaire d’un ministre, la privatisation de l’eau, etc.

Qu’est-ce qui vous a motivé ?

Prendre des sprays pour réaliser des graffitis requiert du courage. C’est une forme d’expression, tout le monde n’est pas sur Internet. Je m’étais préparé psychologiquement dans l’éventualité où la police m’arrêterait. Elle m’a pris en flagrant délit alors que je faisais des graffitis sur le bâtiment du Parlement. J’étais conscient qu’il y avait des caméras et je voulais qu’ils sachent que c’est moi qui ai fait ces graffitis. On m’a arrêté et saisi mon matériel.

Après deux jours en cellule, a-t-on le temps de réfléchir à ses actes ? C’était des moments très durs. On est enfermé, loin de ses proches. J’étais coupé du monde. J’ai été interrogé par la police de Pope Hennessy, et devant les caméras aux Casernes centrales. J’ai pu m’expliquer et assumer ce que j’ai fait.

«J’étais conscient qu’il y avait des caméras et je voulais qu’ils sachent que c’est moi qui ai fait ces graffitis.»

Pourquoi le magistrat a demandé un examen médical ?

C’est normal lorsqu’on est incarcéré. La police m’a emmené à Brown-Séquard pour un examen. Un infirmier a pris mon pouls, etc. Le psychiatre a refusé de me voir car il n’y avait aucune requête pour évaluer ma santé mentale. Je suis sain d’esprit. Je sais ce que j’ai fait.

Pourquoi êtes-vous au chômage ?

J’ai quitté la MBC à l’arrivée du nouveau gouvernement. J’ai fait le tour des salles de rédaction des radios privées. Vous allez voir un de mes graffitis, qui dit No To Water Privatisation.

J’avais assisté à un point de presse avec le ministre de tutelle et un représentant de l’Inde avait une opinion divergente du ministre. À mon retour à la rédaction, mon responsable a refusé de passer un tel sujet.

Un matin lorsque j’étais présentateur, j’ai passé la nouvelle. À 11 heures le même jour, on m’a informé que j’étais suspendu. Je me suis retrouvé face à un comité disciplinaire et on m’a licencié.

Après l’enquête policière, je vais chercher de l’emploi dans la presse. J’ai dix ans d’expérience. Je suis journaliste et le resterai. Même s’il me faudra chercher autre chose pour nourrir ma famille.