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Arab Town: «Enn léker Rose-Hill kinn alé zordi»

20 novembre 2017, 08:12

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Arab Town: «Enn léker Rose-Hill kinn alé zordi»

Depuis hier midi, l’accès à Arab Town est interdit à ses 56 locataires ainsi qu’au public. Et aujourd’hui, le lundi 20 novembre,  le marché sera rasé car le constructeur indien Larsen & Toubro prendra possession du site et débutera les travaux pour le projet du Metro Express, qui s’étend de Port-Louis à Rose-Hill sur une distance de 13 kilomètres.

Feuilles de tôle, bois contreplaqué, étaux démolis, bars de fer… Les locataires d’Arab Town s’affairaient, hier, à enlever les structures récupérables qui seront utilisées pour leur nouvel étal dans la New Arab Town, située sur l’emplacement de l’ancienne gare routière, à côté de la foire Da Patten.

Le déménagement se fait dans le calme. Pourtant, le coeur n’y est pas. La tristesse se lit sur chacun de leur visage. Ils avaient demandé un délai d’une semaine aux autorités ; demande qui n’a pas été agréée. Du coup, ils seront au chômage technique pendant environ 15 jours. Le temps que la nouvelle Arab Town soit opérationnelle avec toutes les facilités requises.

«Sé enn dominer pé fer. Zot pa lé tann enn sémenn extansion. Enn sémenn pa pou travay la», lance Sameer Boodhoo. Ce marchand qui porte le sobriquet de «Viré Déviré» chiffre à environ Rs 30 000 des pertes pour la semaine où il ne roulera son business de vêtements pour dames.

Il n’avait que huit ans lorsqu’il découvre Arab Town. «Nou’nn mont prémié stal.» Aux petites heures hier, il a commencé la démolition de son étal. «Je suis très triste. Pa pou trouv sa ankor.»

Imrith Shenaz ne cache pas sa tristesse non plus. «Ça me fait mal. Pé ras nou pwanié manzé.» D’une voix saccadée, elle confie qu’elle vend des vêtements à Arab Town pendant 26 ans. Avant elle, son beaupère et son époux y travaillaient. «Lanfans inn pas isi», raconte Naushad de Chez Bye.

Plus loin, l’étal d’Imtazally Jaumeer n’est plus qu’une structure vide. Tissus, nappes, rideaux n’ornent plus son étal. Lui aussi a grandi à Arab Town. À six ans, il aidait son père pour la vente des produits. «C’est notre deuxième maison. Nou létan fini la.» Ce qu’il retient des années passées à Arab Town, c’est la convivialité entre marchands. «Ti pé viv plis ki fami.»

Assad Goomany vit la fermeture d’Arab Town comme une déchirure. «Enn léker Rose-Hill kinn alé zordi.» Pendant 11 mois, il a investi dans son commerce de prêt-à-porter. «Nou’nn investi, pey det. Gro bonus sé désam. Samem nou 13e mwa.»

Mais les commerçants ne s’avouent pas vaincus. Selon Zaed Nanhuck, conseiller municipal de Beau- Bassin–Rose-Hill, qui était sur place et qui apportait un soutien aux commerçants, la bataille continue. «Dès cette semaine, nous entamerons des démarches pour le paiement d’une compensation.»