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Piñera, le milliardaire qui veut ramener la droite au pouvoir au Chili

17 novembre 2017, 16:56

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Piñera, le milliardaire qui veut ramener la droite au pouvoir au Chili

 Son sens des affaires a fait de lui l'un des hommes les plus riches du Chili et sa persévérance l'a mené à présider le pays. Le milliardaire Sebastian Piñera, 67 ans, est favori pour remporter le premier tour de la présidentielle dimanche et revenir au pouvoir avec la droite.

Sa fortune, estimée à 2,7 milliards de dollars par Forbes, a toujours fait grincer des dents: «il ne peut pas se consacrer à gagner de l'argent et en plus gouverner le pays. C'est l'un ou l'autre», critique son principal concurrent, le candidat socialiste Alejandro Guillier.

Pourtant, il semble que M. Piñera n'a jamais su choisir entre la politique et les affaires.

Patron pilotant son propre hélicoptère, ancien propriétaire d'une chaîne de télévision et d'un club de football, il était devenu en 2010 le premier président de droite du Chili depuis le retour à la démocratie après la dictature d'Augusto Pinochet (1973-1990).

A mi-chemin entre l'homme politique et la célébrité, il se considérait alors parfois comme une sorte de PDG de «l'entreprise» Chili.

Bronzé, souriant, élégant, il avait mis du temps, une fois élu président, à renoncer comme il le devait à ses actions dans la télévision, la compagnie aérienne nationale et le club de football Colo Colo.

«Dans la vie, on ne fait pas toujours ce qu'on veut», avait-il dit, un brin déçu, en annonçant la cession de ses parts dans le club de foot qui lui avaient rapporté 7,4 millions de dollars.

Le mélange des genres lui a attiré quelques ennuis. Ainsi, alors que Chili et Pérou démêlaient leur litige maritime devant la justice internationale, une de ses entreprises avait acquis des actions d'un groupe péruvien de pêche. Cette bonne opération - le Pérou venait justement de gagner 22 000 kilomètres de mer - avait valu une enquête à M. Piñera, récemment blanchi.

Après une première défaite contre Michelle Bachelet en 2005, quatre ans plus tard l'homme d'affaires, devenu entre-temps député puis sénateur, avait mis fin à des décennies d'hégémonie du centre gauche au pouvoir en se présentant comme leader d'une droite rénovée, débarrassée de l'héritage Pinochet.

 Gaffes et erreurs

Mais ses promesses de gouverner différemment se sont vite évanouies, quand il a réalisé que diriger un pays, ce n'est pas comme gérer une entreprise.

«Il s'est rendu compte que c'était beaucoup plus complexe que ce qu'il pensait. Son étape (au palais présidentiel de) La Moneda lui a appris que les choses sont plus difficiles», selon la journaliste Bernardita del Solar, auteure d'une biographie de l'ex-président.

Ses gaffes et ses fréquentes erreurs au moment de citer des faits historiques en ont fait la risée d'un hebdomadaire, «The Clinic», qui s'est chargé de compiler les «Piñericosas».

Cela ne l'a pas empêché de terminer son mandat en 2014 sur une popularité plus qu'acceptable, à 50%. Il n'avait pas pu se représenter dans la foulée, la loi chilienne interdisant deux mandats consécutifs.

Lors de la campagne cette année, il a été forcé de durcir son discours face à l'irruption du candidat d'extrême droite José Antonio Kast qui n'hésite pas à revendiquer l'héritage de Pinochet.

Jusque-là, il avait toujours cherché à marquer ses distances avec cette période noire du Chili: en 1988, il avait voté non au plébiscite qui avait précipité la chute du régime. Puis, lors de son mandat, il avait accusé une partie de la droite d'héberger des «complices passifs» de la dictature.

Au fur et à mesure que chutait la popularité de la présidente socialiste sortante Michelle Bachelet, éclaboussée par un scandale de corruption, son image d'entrepreneur à succès a de nouveau séduit l'électorat chilien.

Il recueille désormais 34,5% des intentions de vote, grand favori pour remporter l'élection, peut-être même dès le premier tour dimanche.

Une revanche pour Sebastian Piñera qui admettait, à la fin de son mandat, sa «jalousie» face à une Michelle Bachelet charismatique et populaire, pendant que lui pâtissait d'une image froide, distante et arrogante.