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Le Moulin à Poudre: géant de pierres

14 novembre 2017, 00:34

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Le Moulin à Poudre: géant de pierres

Il bouillonnait de vie. Mais aujourd’hui, seul le bruit du vent résonne au Moulin à Poudre. Malgré les ravages du temps, il a toujours fière allure.

Il se tient majestueusement, malgré son âge très avancé. D’ailleurs, il se démarque des autres bâtiments nouvellement construits. Il faut dire que ses pierres vieillies par le temps lui donnent fière allure. Le Moulin à Poudre fait partie intégrante de l’histoire du pays, témoin des moments marquants.

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Sis non loin de l’hôpital sir Seewoosagur Ramgoolam, à Pamplemousses, l’édifice servait à produire de la poudre à canon. C’était pendant la période française, sur une partie du 18e et du 19e siècle. Après la victoire des Anglais, le Moulin à Poudre a connu une nouvelle vocation.

Les Britanniques utilisèrent les locaux en tant que prison d’Etat. Ils s’en servirent aussi comme orphelinat. Par la suite, le bâtiment fut transformé en hôpital pour les personnes souffrant de problèmes de peau. C’était en effet un asile pour lépreux. «À l’époque, on croyait, à tort, que les lépreux étaient hautement contagieux et on les isolait des autres au Moulin à Poudre», raconte Harry Oodunt. Âgé de 83 ans, il a été témoin de cette époque et y a même passé une tranche de sa vie.

«Il y avait les sœurs du Bon Secours qui avaient établi un couvent et s’occupaient des lépreux. Il y avait aussi les travailleurs et un infirmier qui étaient postés sur place dans des quarters. Le docteur Herman André venait quotidiennement voir les malades qui ne vivaient que là. Ils venaient de Maurice mais aussi de Rodrigues», se souvient celui qui a d’ailleurs vécu dans les quartiers attribués aux travailleurs. Il y est né en 1934 et y est resté trente ans, jusqu’à ce qu’il se marie et déménage à Curepipe.

Autrefois, le Moulin à Poudre bouillonnait de vie. Aujourd’hui, seul le bruit du vent y résonne. Sur place, scène de désolation : les toitures de bardeaux sont défoncées, les volets tiennent à peine sur leurs gonds.

Loin d’être triste

«Il y avait toujours du monde ici, un va-et-vient constant. Il y avait une quarantaine d’employés à l’asile, 25 lépreux, en plus des bonnes sœurs qui vivaient là», se souvient encore Harry Oodunt. La vie au Moulin à Poudre n’était pas triste, contrairement à ce que peuvent laisser penser les lieux à présent, confie cet ancien résidant.

«On faisait de belles fêtes dans la salle d’œuvre où tout le monde se retrouvait. Il y avait même le police band qui venait y jouer le 28 décembre de chaque année alors que les volontaires venaient y distribuer des gâteaux et des rafraîchissements», relate Harry, revenant sur ses plus beaux souvenirs. Il y a aussi eu l’épisode moins réjouissant du cyclone de 1945 qui a détruit la cuisine.

«Les cyclones n’avaient pas de nom à l’époque. Je me souviens que c’était peu après 17 heures, les gens venaient juste de quitter la cuisine lorsque les rafales firent tomber le multipliant qui l’a détruite complètement», raconte celui qui ne manque pas d’anecdotes sur ce lieu qu’il aurait voulu voir mieux préservé. Toutefois, dans ses souvenirs, le Moulin à Poudre a conservé sa beauté d’antan.