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Deux jours après, les New-Yorkais de retour sur leur promenade bien-aimée

3 novembre 2017, 04:36

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Deux jours après, les New-Yorkais de retour sur leur promenade bien-aimée

Des centaines de touristes, curieux ou habitués, à pied ou à vélo, quelques fleurs, une écharpe aux couleurs de l’Argentine: la promenade du sud de Manhattan où Sayfullo Saipov a semé la terreur reprenait vie jeudi, rouverte pour la première fois depuis le drame.

Aucune trace ne subsiste de la virée folle qui a fait 8 morts et 12 blessés mardi, le long de cette piste cyclable qui fait le bonheur des New-Yorkais depuis près de 20 ans.

A l’intersection où s’est arrêté Sayfullo Saipov après avoir heurté un bus scolaire, est posé un vélo blanc, un «ghost bike» (vélo fantôme), le long d’un poteau de signalisation.

Placé là il y a un an en hommage à Olga Cook, cycliste renversée par un chauffard, le vélo a été recouvert de fleurs. Attachée à un poteau, une écharpe aux couleurs de l’équipe d’Argentine, en hommage aux cinq anciens camarades de classes argentins tués par Saipov.

Mary est venue déposer une fleur. Son fils connaissait Nicholas Cleves, une des victimes, qui n’avait que 23 ans. C’était «un magnifique jeune homme qui entamait son existence», dit-elle d’une voix douce, le long de l’Hudson River, où elle vient, tous les jours, s’éloigner un moment du bruit et de la fureur de la métropole américaine.

«Nous sommes plus forts. Nous sommes New York», peut-on lire sur la piste cyclable adjacente, tracée à la craie de couleur.

'Vous ne pensez pas à ça'

A l’autre bout du parcours sanglant suivi par le jihadiste ouzbèke, dans le prolongement d’Houston Street, un autre petit autel de fortune a été dressé avec, cette fois, un maillot de l’équipe argentine de football et les cinq noms écrits dessus.

L’accès à la piste cyclable n’a pas été sécurisé depuis l’attentat, et un véhicule pourrait à nouveau s’y engager avec la même facilité que le pick-up de Saipov, même si la police quadrille le quartier.

«C’est vraiment dangereux et il y a plein d’endroits où ils n’ont pas bloqué l’accès (aux voitures). Je suis dégoûtée», s’insurge Deborah Salant.

Elle rappelle qu’en 2006, un jeune cycliste avait été mortellement percuté par un conducteur ivre, qui avait emprunté la piste par erreur, juste au-dessus de Houston Street. Quelques mois plus tôt, un autre cycliste avait déjà été balayé par un camion de police qui traversait la piste.

«Les gens se plaignent depuis cette époque», souligne-t-elle. Pour autant, ce jeudi matin, elle n’a pas hésité à enfourcher son vélo et pédaler comme une dératée vers la pointe sud de Manhattan.

«Je ne vais pas les laisser prendre le dessus», dit cette femme au frêle gabarit, qui porte un casque. «J’étais à Toulouse pendant les attaques (de Mohamed Merah) et je suis là aujourd’hui. Personne ne m’arrêtera.»

Pas de crainte chez Veronica Cohen non plus lorsqu’elle a pris son vélo ce matin pour aller de chez elle à son lieu de travail.

«Vous ne pensez pas à ça», dit-elle. «Vous vous dites: la rue, c’est dangereux, donc je vais prendre la piste cyclable. Je n’ai pas hésité une seconde.»

Un peu plus loin, un couple de sexagénaires allemands, venus de Düsseldorf pour partir en croisière depuis New York, n’a pas pensé une seconde à annuler son voyage.

«C’est une grande ville», philosophe Klaus Wiercimok, qui s’est arrêté avec sa femme sur les lieux de la catastrophe. «La probabilité que quelque chose comme ça arrive est quasiment nulle. Cela peut arriver n’importe où.»