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Hommage: Ursule, celle qui garde en vie la mémoire des morts

3 novembre 2017, 01:45

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Hommage: Ursule, celle qui garde en vie la mémoire des morts

Il est décédé en 2010, à l’âge de 23 ans. Il s’appelait Marcus Vainqueur. Le jeune homme était orphelin de père et de mère. Mais il avait, ou plutôt il a toujours sa tante… Qui se fait un devoir, aujourd’hui encore, de garder sa mémoire vivante. Tous les jours, Ursule pense à son neveu. Mais, pour la Fête des morts, elle vient s’assurer que sa tombe est bien propre, bien fleurie, bien entretenue. Tout comme celle de son fils, d’ailleurs…

Ursule Job, 72 ans, ne veut pas que, de là où il est, son neveu se sente délaissé… D’autant que la vie de ce dernier n’a pas été facile. Marcus Vainqueur était orphelin de père et de mère. Mais s’il y a bien une personne sur laquelle il pouvait compter, c’était sa tante. «Pa akoz li pa ti éna fami ki bizin bliyé li. Mo la mwa… Ti enn bien bon garson.»

Son ange à elle est parti il y a sept ans. Il est décédé des suites d’une insidieuse maladie. Et, elle a fini par l’accepter. De toute façon, on ne peut grand-chose contre la mort. Mais elle ne l’a pas oublié pour autant. Marcus vit toujours dans son cœur, dans ses souvenirs. Même si le quotidien a repris le dessus après la douleur, il est avec elle tous les jours. Et, faire en sorte que sa tombe soit entretenue, fleurie, repeinte, est une façon d’honorer sa mémoire.

Raison pour laquelle Ursule s’affairait au cimetière de Bois-Marchand, à la veille de la Toussaint, mardi. Mais ce n’est pas uniquement en cette période qu’elle lui «rend visite».

Dans la famille, Ursule est la seule qui «s’occupe» de son neveu. Sa seule crainte, c’est qu’après sa mort, la mémoire de ce dernier ne sombre dans l’oubli…

Le trajet jusqu’à la dernière demeure de son neveu, elle l’effectue aussi souvent que possible. Et elle n’oublie jamais son anniversaire. «Je viens pour le Nouvel an aussi, pour qu’il ne se sente pas seul…»

Même si, cette année, les visites ont été un peu plus rares, concède Ursule. La faute à des ennuis de santé. «Voyez-vous, je me suis blessée. Mo ti tonbé, mo lézo ti kasé. Ziska ler mo ankor pe swiv tretman» explique-t-elle. Le jour où on l’a rencontrée, elle revenait justement de l’hôpital. Hors de question que la tombe de Marcus ne soit pas «remise à neuf» pour la Fête des morts.

Une fois sur place, elle hèle un des nombreux «agents d’entretien» qui s’activent çà et là. En ce moment, ils sont débordés. Ursule Job ne tergiverse pas. Elle sait ce qu’elle veut. Et ce que Marcus voudrait aussi. Désherber la tombe, repeindre les pierres autour, replanter quelques géraniums, les arroser, histoire d’égayer cette petite parcelle où il profite du repos éternel. «Si vous avez le temps, venez l’arroser de temps en temps…» demande-t-elle à l’employé du cimetière, tout en lui remettant Rs 200.

Ursule remonte l’allée des souvenirs. Jadis, elle s’occupait elle-même de l’entretien. Avec l’aide de son époux, âgé de 76 ans. «Nou ti pé touzour fer nou enn dévwar okip tom bann fami kinn alé.» Mais la vieillesse est passée par-là, rendant ce devoir de mémoire plus ardu.

D’autant que la Grande Faucheuse lui a également pris son fils, balance-t-elle entre deux confessions. Il est décédé d’un arrêt cardiaque, alors qu’il avait 40 ans. Alors, les 1er et 2 novembre, elle va lui rendre visite également, au cimetière de Roche-Bois. Elle va ensuite rendre hommage à ses parents, qui reposent au cimetière de Mahébourg. «Éna lézot fami ki antéré Saint-Pierre. Mé aster-la népli éna kouraz pou al get tou dimounn. Pa Kapav fer tou. La, si pa rési al partou mem zour, ziska dimans nou pou alé…»

Retour à Bois-Marchand. Où Ursule ne quitte pas la tombe de Marcus des yeux. «Ses parents sont au cimetière de Saint-Pierre. Comme personne ne s’est proposé pour prendre son dernier voyage en charge, nous avons décidé de le faire» confie-t-elle. Et la seule parcelle de terre disponible était celle où il repose maintenant. C’est pour cela que Marcus est loin des siens. Dans la famille, Ursule est la seule qui «s’occupe» de son neveu. Sa seule crainte, c’est qu’après sa mort, la mémoire de ce dernier ne sombre dans l’oubli…

Le cimetière grouille de vie

<p>Les 1er et 2 novembre, en particulier, les Mauriciens se font un devoir d&rsquo;honorer la mémoire des morts. Et, parmi les files interminables de voitures garées près des cimetières, les vendeurs de fleurs, des enfants, qui font le pied de grue. À cor et à cri, ils essaient d&rsquo;attirer l&rsquo;attention des visiteurs. Ce qu&rsquo;ils ont à leur vendre ? De l&rsquo;eau. <em>&laquo;Enn galon Rs 10. Ou pa bizin al lwin laba&hellip;&raquo;</em> Pour eux, c&rsquo;est l&rsquo;occasion de se faire un peu d&rsquo;argent afin d&rsquo;aider leurs familles à l&rsquo;approche des fêtes de fin d&rsquo;année.</p>

<p>Plus loin, les ouvriers s&rsquo;activent. Ils doivent avoir fini toutes leurs <em>&laquo;commandes&raquo;</em> au plus vite. <em>&laquo;Et cela ne sert à rien de commencer à l&rsquo;avance. Avec la terre et les feuilles, ce sera comme avant dans quelques jours&raquo;, </em>confie l&rsquo;un d&rsquo;eux&hellip;</p>