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Overseas Citizen of India: retour aux racines indiennes

2 novembre 2017, 22:28

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Overseas Citizen of India: retour aux racines indiennes

Un visa à vie, pouvoir vivre et travailler en Inde tout en bénéficiant des avantages qu’offre le pays à un natif. C’est à quoi se résume le programme d’Overseas Citizen of India (OCI). Depuis le début de l’année, tout Mauricien qui a des origines indiennes peut faire une demande de la carte OCI.

Il suffit pour cela de remonter au premier ancêtre qui a fait le voyage de l’Inde à Maurice. À l’heure actuelle, environ 5 000 Mauriciens détiennent la carte OCI et près d’un millier en ont fait la demande.

Nishan Moheeputh, 39 ans, médecin de profession, a obtenu sa carte depuis le début de l’année. «En 2005, alors que je faisais mes études en Roumanie, on me demandait souvent quelles sont mes origines. C’est ce qui m’a poussé à faire des recherches afin de connaître mes origines indiennes.»

Après des mois de recherches, il arrive à retrouver les premiers membres de sa famille qui ont atterri à Maurice. Il s’agissait d’un prénommé Deegamber, qui portait le numéro 264 319, âgé de 30 ans à son arrivée sur le navire Myaram Dyaram, en 1860. Il était accompagné de son épouse, Sooghoorea, 23 ans.

Un passepartout

Le couple venait du village de Bhuruthpoora, à Patna. Deegamber était sirdar sur une compagnie sucrière dans le Nord. En décembre 1888, il est reparti en Inde pour un voyage, laissant derrière lui son épouse et ses enfants. Il ne reviendra pas. À Maurice, ses enfants ont commencé à acquérir des biens dans le Nord et sont devenus propriétaires terriens. Aujourd’hui, la famille Moheeputh, à Petit-Raffray, habite toujours sur une propriété ancestrale.

Sunniah Bungaradu avait six ans lorsqu'il est arrivé à Maurice. 

Connaître ses origines, c’est une chose, mais pourquoi choisir d’avoir la carte OCI ? Pour le médecin, c’est un passepartout pour des opportunités en Inde. Ce chirurgien plastique explique que la carte OCI lui permet de travailler en Inde en tant que médecin en bénéficiant des mêmes conditions qu’un natif.

«J’avais déjà des opportunités de collaboration, notamment avec certains grands hôpitaux indiens et avec l'Indian Air Force. Cela me donne une certaine légitimité en Inde. Maurice est un très petit pays où le développement dans certains secteurs, comme la chirurgie plastique, se fait très lentement. Pouvoir exercer en Inde me permet également d’être à la pointe de la technologie dans mon secteur.»

Les opportunités d’emploi, c’est aussi une des raisons qui ont poussé Rubeena Goomiah Jugurnauth, 29 ans, à faire la demande pour la carte OCI. «J’ai étudié en Inde et c’est un pays auquel je tiens beaucoup. En fin d’études, j’ai eu plusieurs opportunités d’emploi avec des multinationales. Le fait de connaître le français est d’autant plus un avantage. Mais je n’ai pas pu prendre de l’emploi car j’avais le statut de foreigner, ce qui rend plus difficile toute démarche pour accepter un emploi là-bas.» Pour la jeune femme, un retour en Inde est inévitable.

Anomalie dans les noms

C’est ainsi que Rubeena Goomiah Jugurnauth s’est lancée dans une recherche afin de retrouver ses ancêtres. La recherche a débuté avec le nom de famille Goomiah. Toutefois, en remontant les générations, il s’avère que le nom de famille de Rubeena Goomiah Jugurnauth s’écrivait initialement Gooniah. Impossible pour sa famille de changer d’identité à ce stade. Rubeena se tourne alors vers la branche maternelle.

Mais, là encore, un obstacle majeur. Sa mère découvre que, pour l’état civil, son nom s’écrit Lilowtee au lieu de Lilawtee, le nom qu’elle a toujours utilisé. Au lieu de retrouver ses ancêtres, la mère de Rubeena Goomiah Jugurnauth a dû cette fois-ci retrouver sa propre identité. En attendant, la jeune femme ne se laisse pas décourager et cherche du côté de sa grandmère paternelle.

Elle tient le bon filon et remonte jusqu’à Sunniah Bungaradu, son arrière-arrière-grand-père. Celui-ci est arrivé à Maurice à l’âge de six ans, en 1872, sur le navire John Allan. L’enfant était originaire du village d’Itchempetta, dans le district de Vizagapatam.

Arrivé à Maurice, c’est à Grand-Port qu’il emménagera, sur la propriété d’un certain A.Pierrot, auprès duquel il s’était engagé. Il a eu un fils, Apalsamy Bungaradu, et celui-ci a eu une fille,

Paysama Bungaradu. Cette dernière a épousé Errayah Goomiah et a donné naissance à Kottapa Appanah Goomiah, le père de Rubeena Goomiah Jugurnauth.

Les archives du Mahatma Gandhi Institute

<p>Plus de 2 000 registres, environ 450 000 migrants, des détails sur leur arrivée, leur taille, leur âge&hellip; C&rsquo;est, entre autres, ce que recèlent les archives du Mahatma Gandhi Institute (MGI), à Moka. Vishwanaden Govinden, chargé de cours en histoire et responsable des archives, explique qu&rsquo;ils sont six à y effectuer des recherches.</p>

<p><em>&laquo;Tout commence à partir de la demande d&rsquo;une personne. Si elle a retrouvé le nom et le numéro d&rsquo;enregistrement de son ancêtre qui est venu à Maurice, elle vient au MGI. De là, nous essayons de retracer les documents originaux qui concernent cette personne.&raquo;</em> Vishwanaden Govinden explique que le service de recherche est gratuit, mais le travail qui se fait est conséquent.</p>

<p>Souvent, il y a des disparités dans l&rsquo;orthographe du nom ou encore dans le numéro. Surtout, dit notre interlocuteur, que tout s&rsquo;écrivait à la main à l&rsquo;époque. Il faut alors travailler par permutation. Souvent, affirme-t-il, ce sont des petits changements comme une lettre en moins ou en plus dans un nom.</p>

<p>Aux archives, l&rsquo;âge de la personne à son arrivée de l&rsquo;Inde, sa caste, son village ou sa ville natale, celui avec qui elle était engagée ou encore des détails physiques comme sa taille sont conservés. <em>&laquo;Ce sont surtout les registres des bateaux qui ont été conservés jusqu&rsquo;en 1910. Les premiers datent de 1842&raquo;</em>, souligne Vishwanaden Govinden.</p>

<p>De plus, les chercheurs du MGI essaient d&rsquo;agrémenter le dossier de chacun des migrants grâce aux détails contenus dans des registres officiels, comme la date de décès, si le migrant est reparti en Inde ou encore ce qu&rsquo;il est devenu.</p>

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