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Syrie: un convoi d’aide entre dans une zone touchée par la malnutrition

31 octobre 2017, 02:19

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Syrie: un convoi d’aide entre dans une zone touchée par la malnutrition

Des dizaines de camions transportant de l’aide humanitaire pour 40.000 personnes ont pu entrer lundi dans une zone rebelle assiégée près de Damas, où des centaines de cas de malnutrition sévère ont été rapportés ces dernières semaines.

Ce mois-ci, des photos choc d’enfants squelettiques dans la Ghouta orientale ont été publiées par l’AFP. Au moins deux nourrissons malnutris sont décédés, dont Sahar Dofdaa, une fillette d’un mois, selon des médecins locaux.

L’ONU et le Croissant rouge ont affirmé lundi qu’un convoi de 49 camions transportant de la nourriture et des médicaments a pu parvenir jusqu’à ce secteur totalement assiégé depuis 2013.

«Nous sommes entrés dans la Ghouta orientale», a affirmé Linda Tom, porte-parole du bureau des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha) pour la Syrie. Elle a précisé que l’aide était destinée à quelque 40.000 personnes.

«Il y a 49 camions qui transportent 8.000 colis alimentaires et un nombre équivalent de sacs de farines, de médicaments, de matériel médical et d’autres aides alimentaires», a indiqué à l’AFP Mona Kurdi, porte-parole du Croissant-Rouge syrien.

A Mesraba, des habitants s’étaient massés pour accueillir le convoi, portant des pancartes demandant la levée du siège. Sur l’une d’elles apparaissait la photo de la petite Sahar «qui n’a pas résisté jusqu’à l’arrivée de votre convoi», pouvait-on lire.

Dans la ville de Saqba, le correspondant de l’AFP a pu voir des travailleurs décharger dans des entrepôts des sacs de farine et des caisses en carton.

Le précédent convoi était entré dans la région fin septembre. Il transportait de la nourriture et de l’aide médicale pour 25.000 personnes.

Désespoir d’une mère

Une délégation accompagnant le convoi, composée notamment d’employés de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), s’est rendue à l’hôpital de Kafr Batna pour s’enquérir de la santé des enfants.

«Nous ne voulons pas de nourriture, nous voulons seulement la levée du siège!», s’est écriée une mère désespérée, tenant son enfant dans les bras.

D’après Amani Ballour, pédiatre dans cet hôpital, «il y a de nombreux cas de malnutrition sévère (...), certains ayant besoin d’être évacués». «Nous avons fait passer le message» à la délégation du convoi.

La Ghouta orientale est l’un des derniers fiefs de la rébellion syrienne en lutte contre le régime de Bachar al-Assad depuis six ans.

Autrefois région agricole importante pour la Syrie, elle a été assiégée à partir de 2013 par les troupes gouvernementales, après sa prise de contrôle par les rebelles.

Ce siège a provoqué une flambée des prix des produits locaux ou de ceux qui parviennent aux habitants par la contrebande.

Les infrastructures de base ont en outre été ravagées par les bombardements: l’électricité est uniquement disponible grâce à des générateurs, et l’eau est difficilement potable et souvent vecteur de maladies.

Le 22 juillet, la Russie a annoncé la conclusion d’une trêve avec des groupes rebelles «modérés» dans la Ghouta orientale, où a été créée une «zone de désescalade».

L’aide humanitaire y parvient toutefois encore au compte-gouttes et il faut obtenir au préalable l’autorisation du régime.

Selon l’Unicef, plus de 1.100 enfants ont souffert ces trois derniers mois de malnutrition aiguë.

La semaine dernière, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a de son côté prévenu que les besoins humanitaires dans la Ghouta orientale étaient «énormes» et que «la situation empirait».

«Nous savons d’expériences passées que de telles situations (...) peuvent se détériorer très rapidement et prendre des proportions tragiques», a fait valoir une porte-parole du CICR, Ingy Sedky.

L’ONU a condamné la «privation de nourriture délibérée de civils» comme tactique de guerre, après la publication des photos choquantes d’enfants squelettiques dans la Ghouta.

Le Haut Commissaire aux droits de l’Homme de l’ONU, Zeid Ra’ad Al Hussein, a déclaré que ces photos étaient «une indication effrayante de la détresse de la population».

Quelque 400.000 personnes vivent toujours dans des localités assiégées en Syrie, la majorité dans la Ghouta orientale, selon l’ONU.