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Commission drogue: Raouf Gulbul hésite, oublie…

27 octobre 2017, 09:00

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Commission drogue: Raouf Gulbul hésite, oublie…

Il a tergiversé devant la commission d’enquête sur la drogue, jeudi 26 octobre. Tant et si bien que Paul Lam Shang Leen a dû remettre au lundi 30 octobre la suite de l’audition. Retour sur les échanges entre les deux hommes.

Paul Lam Shang Leen (PLSL) : Vos anciens clients ont dit des choses troublantes à votre sujet. On vous donne l’opportunité de vous expliquer. Nous ne sommes pas là pour vous punir.

Raouf Gulbul (RG) : Je vous en suis très reconnaissant pour cela. Plusieurs choses ont été dites sur moi et ma famille ces quatre derniers mois.

PLSL : En tant que président de la Gambling Regulatory Authority (GRA), devez-vous déclarer vos avoirs ?

RG : Je n’ai pas l’obligation de le faire d’après la loi, mais je suis disposé à le faire maintenant.

«You are running a 100m race when I did not even say go and then you fall in a pit.» 

PLSL : Allez-y. (Raouf Gulbul énumère les avoirs qu’il a acquis en compagnie de son épouse, soit deux portions de terre à Mesnil, un terrain à Bagatelle, un autre à Highlands et finalement des espaces bureaux à la Hennessy Tower, à Ébène).

PLSL : Avez-vous une propriété à l’étranger ?

RG : Non.

PLSL : Je vous rappelle que vous êtes sous serment.

RG : Je l’affirme sous serment. Je n’ai aucune propriété à Londres.

PLSL : Vous voyagez souvent à Londres.

RG : Oui, j’ai des proches là-bas et mes deux enfants y sont aussi.

PLSL : En 2014, sur une période de quatre mois, des terrains dont la valeur s’élève à Rs 18,89 millions ont été achetés.

RG : Oui, mais il faut aussi compter l’emprunt de Rs 5,6 millions de la banque Barclays. Tous les paiements ont été faits par chèque.

PLSL : Lorsque je vois votre salaire et vos déclarations d’impôts, il y a des incohérences.

RG : Non, de 2005 jusqu’à 2017, j’ai payé Rs 6,6 millions d’impôts. (Il donne des détails)

PLSL : C’est à moi de vous poser des questions. Vous n’écoutez pas.

«Vous devez écouter lorsque je vous pose des questions. Nous irions plus vite. Vous êtes un avocat avec tant d’expérience et vous répondez vaguement aux questions.»

RG : Mais lorsque vous émettez des doutes…(Le secrétaire lui demande de ne pas parler en même temps que le président mais Raouf Gulbul lui demande de se taire)

PLSL : Vos clients disent que vous leur avez demandé de changer de versions parce qu’ils ont impliqué certaines personnes. Vous avez essayé de vous justifier dans la presse. Évidemment, dans le cas de Jeeva et de Bottesoie, il n’y a pas eu d’action. Mais j’ai eu une autre lecture de la façon dont cette décision a été prise.
Selon les relevés des prisons, la dernière fois que vous êtes rendu à une prison remonte à juillet 2013. Vous confirmez ?

RG : Si ma mémoire ne me fait pas défaut, je me suis rendu l’année dernière, ou peut-être pas. Je ne sais pas.

PLSL : C’était une simple question. Sur combien de cas travaillez-vous actuellement et combien sont reliés à la drogue ? (RG feuillète les pages de ses documents et détaille tous les différents cas sur lequels il travaille)

PLSL : Vous nous faites perdre du temps. Voulez-vous une pause ?

RG : Non.

PLSL : Qui a retenu vos services pour le cas de Yanick Eole ?

RG : Je sais que son père et lui-même sont en contact avec moi. (Paul Lam Shang Leen l’interrompt)

PLSL : Vous pensez avoir répondu ? Remettez-moi une copie du reçu.

RG : L’informateur n’est pas là. Mais moi, je réponds sous serment que je ne suis pas intervenu pour faire changer les données de l’enquête.

PLSL : Peut-être qu’il est dans la salle. On a reçu des informations qu’on a vérifiées avant de vous poser la question. Qui a retenu vos services dans le cas de Parwiza Jeeva ?

RG : Son oncle est venu à mon bureau.

PLSL : C’est bizarre. Nous avons écouté son témoignage sous serment et c’est vous qui étiez à la recherche d’un proche de Parwiza Jeeva.

RG : J’ai une lettre de Parwiza Jeeva qui affirme qu’elle a choisi de retenir mes services.

PLSL : Je ne vous ai pas posé cette question. You are running a 100m race when I did not even say go and then you fall in a pit. Pourquoi êtes-vous sur la défensive? Je suis désolé si vous ne comprenez pas l’anglais. Êtes-vous toujours l’avocat de Peroomal Veeren ?

RG : La dernière fois que sa mère est venue me rencontrer remonte à 2010.

PLSL : Ma question est simple. Vous devez écouter lorsque je vous pose des questions. Nous irions plus vite. Vous êtes un avocat avec tant d’expérience et vous répondez vaguement aux questions.

RG : Je ne me souviens pas.

PLSL : Selon Tisha Shamloll, vos juniors ont rendu visite à plusieurs reprises à Peroomal Veeren à votre requête.

RG : Elle ment. Je ne lui ai jamais demandé de rendre visite à Peroomal Veeren. Il aurait dû y avoir une entrée si je l’avais fait.

PLSL (sarcastique) : À chaque fois que vous donnez des instructions à un junior, vous allez au poste de police pour faire une entrée ? Est-ce éthique de la part d’un avocat de votre calibre d’être à la fois l’avocat de Parwiza Jeeva et celui de Peroomal Veeren ?

RG : Ce n’était pas en même temps.

PLSL : C’était durant la même période !

RG : Laissez-moi vous expliquer. Il n’y avait pas de conflits. (Il essaie de s’expliquer)

PLSL : J’ai été très patient avec vous aujourd’hui pour cette audition épuisante. Je vais m’arrêter là. On va continuer lundi.


 

Une audition très attendue

<p>Il est 13 heures pile lorsque Raouf Gulbul fait son entrée à la cour commerciale. Il est accompagné de l&rsquo;avocat Athon Murday et de Nashreen Saudagur, une junior. Le Chairman de la GRA et de la <em>Law Reform Commission </em>(LRC) est tout sourire. Il scrute la salle remplie pour l&rsquo;occasion avant de s&rsquo;adresser à l&rsquo;inspecteur Hector Tuyau. <em>&laquo;Pourquoi n&rsquo;y a-t-il pas de membres du public ?&raquo;</em> s&rsquo;interroge-t-il. Avant de lancer : <em>&laquo;Pas grave, le plus important, c&rsquo;est que la presse est bien présente.&raquo;&nbsp;</em></p>

<p>Me Raouf Gulbul donne l&rsquo;impression de s&rsquo;être préparé avant de venir. Il a, en sa possession, des sacs de documents. Il échange quelques mots avec des journalistes présents, mais aussi avec des membres de l&rsquo;Anti-Drug and Smuggling Unit, qui étaient nombreux.&nbsp;</p>

<p>L&rsquo;avocat Noor Hussenee, qui a été entendu par la commission plus tôt cette année, est lui aussi présent dans l&rsquo;assistance. L&rsquo;audition débutera quelques minutes plus tard. Lors de l&rsquo;audition, Raouf Gulbul préfère rester debout. <em>&laquo;When you face a judge, you stand up out of respect.&raquo;</em> L&rsquo;avocat s&rsquo;empressera d&rsquo;ailleurs de dire à Paul Lam Shang Leen qu&rsquo;il est reconnaissant que la commission lui donne l&rsquo;opportunité de répondre aux allégations portées contre lui.&nbsp;</p>

<p>Mais, au fil de la séance, la tension est montée d&rsquo;un cran entre le président de la commission et l&rsquo;homme de loi. Ce dernier a été rabroué à plusieurs reprises sur le fait qu&rsquo;il <em>&laquo;faisait perdre du temps à la commission&raquo;</em>, au lieu de répondre à des questions<em> &laquo;simples&raquo;</em>. Las, Paul Lam Shang Leen a finalement reporté l&rsquo;audition à lundi.</p>