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Patrimoine: jardin de la Compagnie, espace occupé

22 octobre 2017, 02:00

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Patrimoine: jardin de la Compagnie, espace occupé

C’est un lieu emblématique des grèves de la faim. Le jardin de la Compagnie abrite actuellement celle des cleaners. Les ont précédées les victimes du Super Cash Back Gold. Et bien d’autres auparavant...

Vert de rage

Depuis quand le jardin de la Compagnie accueille-t-il des grèves de la faim ? Tout en nous rappelant que le jardin date de la période de la Compagnie des Indes, l’historien Jocelyn Chan Low affirme qu’il a «toujours été un lieu de rassemblement». Il insiste : «Le syndicalisme à Maurice remonte plus loin qu’Emmanuel Anquetil.»

Selon Jocelyn Chan Low, en 1908, le Syndicat des ouvriers et travailleurs de l’île Maurice, fondé par les artisans de Port-Louis, a envoyé une pétition au gouverneur de l’époque. «Il y parle d’un rassemblement de travailleurs au chômage, qui a attiré environ 1 500 personnes.»

Jardin de la Compagnie, terre fertile pour les rassemblements politiques ? Jocelyn Chan Low met cela sur le compte de sa proximité avec l’hôtel du gouvernement. Ensuite, la municipalité de Port-Louis sera longtemps contrôlée par le Mouvement militant mauricien. Le jardin lui, abrite la grève de la faim de 1979, puis celle de 1980, qui vise à faire respecter les accords obtenus en 1979.

Politiques, mais aussi société civile, trouvent refuge au jardin. Comme en 2013, la grève de la faim de 21 jours de Jeff Lingaya, qui réclamait la suspension du permis Environmental Impact Assessment accordé au promoteur d’une centrale à charbon à Pointe-aux-Caves, Albion.

Menacé de disparition

En 1998, le ministère des Collectivités locales – portefeuille dont est alors titulaire James Burty David – a décidé d’aménager un parking souterrain de plusieurs niveaux sous le jardin de la Compagnie. Un parc de loisirs, des emplacements commerciaux, des restaurants, des boutiques d’artisanat ainsi qu’un cybercafé font partie du projet initial. En outre, le statut du jardin, qui était jusquelà public, est modifié.

Levée de boucliers. Des artistes se mobilisent contre ce projet de privatisation du jardin de la Compagnie. En première ligne des protestataires : Firoz Ghanty, Nitish Joganah, Zul Ramiah et Bam Cuttayen entre autres. Ils tiennent un mouvement de protestation au jardin, le 24 juillet de cette année. Les autorités finiront par abandonner le projet.

Déboulonner la statue Adrien d’Épinay

En 2006, James Burty David, alors ministre des Collectivités locales, réclame la tête d’une statue. Il veut faire disparaître du jardin de la Compagnie la statue d’Adrien d’Épinay, avocat et homme politique. Certains retiennent surtout qu’Adrien d’Épinay s’est opposé à l’abolition de l’esclavage. Il sera le porte-parole de planteurs face au gouvernement anglais, dans le cadre des réclamations de compensation. Il finira par forcer l’expulsion de John Jeremie, procureur anglais, de Maurice. Adrien d’Épinay avait une sucrerie à Argy et fut le premier à introduire le moulin à vapeur à Maurice. La statue est toujours à sa place. Visible après que le visiteur eut croisé Remy Ollier. Parmi les nombreux autres personnages qui peuplent le jardin : le poète Léoville L’Homme, Ti Frer, Manilal Doctor, le buste de Brown-Séquard, entre autres.

La statue d’Adrien d’Épinay.
Le buste de Brown-Séquard.
La statue de Manilal Doctor.
Ti Frer.

Histoire

<p>Le jardin tient son nom de la Compagnie française des Indes orientales. Il était à l&rsquo;origine un lieu marécageux où dévalaient les eaux de la montagne du Pouce, par temps de pluies torrentielles &ndash; d&rsquo;où le Ruisseau du Pouce voisin. Des documents d&rsquo;archives montrent qu&rsquo;à proximité se trouvait le premier cimetière de l&rsquo;île, appelé cimetière de l&rsquo;Enfoncement. Les colons y enterrèrent leurs morts jusqu&rsquo;en 1771, date de la création de cimetière de l&rsquo;Ouest.</p>