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Descentes policières: ces opérations «nétwayaz» qui mettent «difé dan sité»

20 octobre 2017, 20:47

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Descentes policières: ces opérations «nétwayaz» qui mettent «difé dan sité»

Des «sekter so». C’est ainsi que la police considère certaines régions du pays. Et les descentes dans ces lieux se font de plus en plus fréquentes afin de porter un coup au trafic de drogue. Sauf que les membres du Groupement d’intervention de la police mauricienne (GIPM), de la Special Supporting Unit (SSU), des Commandos et de l’Anti-Drug and Smuggling Unit (ADSU) se retrouvent souvent, lors de ces opérations, face à des situations quelque peu compliquées. Hystérie, révolte, rébellion, qu’en est-il réellement ? Pour répondre à cette question, nous nous sommes rendus au cœur des cités. Inside Story…

Il est 11 heures, le mardi 17 octobre. Le signal d’assaut est donné. Plusieurs véhicules de la police pénètrent les avenues de la Résidence Kennedy. Les membres des différents groupes d’intervention spéciaux barricadent tout le périmètre. Désormais plus personne n’entre et ne sort des limitations imposées par les officiers.

Matraque, flingues, boucliers et autres «zouti» sont en la possession des membres des forces de l’ordre, parées à toute éventualité. Les chiens renifleurs sont également de la partie.

Déjà, une petite foule commence à s’approcher. Certains, des curieux, veulent voir ce qu’il va se passer. D’autres attendent que soit donné le signal pour agir et empêcher que les suspects ne soient embarqués. Cette descente survient après les «informations» des enquêteurs sur un trafic de drogue dans lequel seraient impliqués des habitants du coin.

«Aret fer sa bann lisien…»

«Isi la so lakaz sa», confie un spectateur. «Kas enn poz gété», lance un autre. Les perquisitions commencent. Pour pénétrer à l’intérieur de la cour du premier suspect, les officiers ont dû se munir de cisailles afin de se frayer un passage dans les barbelés. Jusqu’ici tout se passe dans le calme. Des barreaux sont coupés, les serrures dévissées.

Lors des fouilles, les officiers font main basse sur huit cachets de Tramadol. Le suspect, connu de tous dans la région, est embarqué. S’en sont suivies six autres perquisitions. Toutes, à l’exception de deux des maisons ciblées, font le bonheur des officiers. Une importante somme d’argent est retrouvée ainsi que des graines de cannabis. Les limiers mettent la main sur plusieurs doses de drogue synthétique, un «joint» déjà roulé et un gramme d’héroïne.

Au moment d’embarquer les suspects, l’un d’eux tente de résister. Est-ce le signal qu’attendait le groupe de personnes ? La réponse viendra bien vite. Cris, insultes et injures en tout genre, «dominer, zot dominer, aret fer sa bann lisien… bann…», résonnent de partout. En une fraction de seconde, les policiers se retrouvent encerclés à leur tour…

Là commencent de vifs échanges verbaux qui n’ont pas tardé à échauffer les esprits. La situation dégénère. À la vue de la foule présente pour les défendre, les autres suspects tentent, eux aussi, de faire de la résistance. Des habitants et les forces de l’ordre s’affrontent.

Des débris, des cailloux sont lancés dans la direction des officiers, sous des pluies d’injures. Certains en viennent même aux mains. Mais mieux équipés et protégés par leurs boucliers, les policiers arrivent à tirer avantage de la situation et embarquent les suspects de force dans leurs véhicules.

Démarrage en trombe pour les quelques dizaines de véhicules. En pas même une heure, le calme revient. Tandis que les «zoké» guettent les moindres allées et venues…

«Mo pa lé répas mizer, pa pran mo mari»

Le même jour, aux alentours de 21 heures cette fois à Phoenix. Cris, pleurs, jurons et le bruit des vitres qui partent en éclats résonnent en cette fin de soirée. Les curieux s’empressent de sortir de chez eux pour s’enquérir de la situation. C’est à moto que des limiers de l’ADSU ont suivi un habitant qu’ils soupçonnent de s’adonner au trafic de drogue. Ils ne tardent pas à vouloir perquisitionner son domicile. Deux véhicules de police sont en renfort.

Le suspect, connu des services judiciaires, refuse que les policiers accèdent à son domicile. Il hausse le ton. Femmes et enfants sont présents. Face au refus de coopérer, les officiers n’ont d’autre choix que de tenter de forcer le passage.

Une femme se trouve derrière la fenêtre et se prend les éclats de verre au visage. Elle est bousculée dans la foulée car elle aussi manifeste des signes de résistance. Il s’agit de l’épouse du suspect. Dans ses bras, son enfant d’environ trois ans…

«Li pa pé fer nanyé, li fek sorti kifer zot pé rod instal li?» Elle hurle et pleure en même temps. Ajoutant : «Mo pa lé répas mizer, pa pran mo mari, li pa pé fer nanyé.» Aucune «wardress» (policière) n’est appelée en renfort.

Le premier suspect ainsi que l’un de ses proches sont embarqués. Ce dernier, menottes aux poignets, hurle à la foule amassée sur les lieux : «Zot inn fer mazik! Pa ti éna nanyé ek mwa zot pé baté. Mo pa’nn fer nanyé. Pa ti éna nanyé, zot inn mété!»

 Briques, sabres et rondin ne sont pas bien loin. Mais un compromis est finalement trouvé et le véhicule de l’ADSU appelé en renfort quitte les lieux avec le suspect initial.

Sa femme ensanglantée s’effondre au sol à la vue de son mari qui se fait embarquer par les officiers munis de matraques…