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François Eynaud: «La crise à Air Mauritius n’aura pas d’impact sur la réputation de Maurice comme destination touristique à ce stade»

19 octobre 2017, 01:30

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François Eynaud: «La crise à Air Mauritius n’aura pas d’impact sur la réputation de Maurice comme destination touristique à ce stade»

François Eynaud monte au créneau et soutient que les relations industrielles, telles que vécues à Air Mauritius récemment, existent dans toutes les compagnies. Et insiste que cette turbulence n’a eu aucune incidence sur les opérations de son groupe. Le patron de Veranda Leisure and Hopitality (VLH) note, par ailleurs, que l’industrie touristique demeure fragile et attire l’attention sur la stagnation du marché chinois qui demande à être développé avec plus d’agressivité.

L’actualité oblige. Quelle a été l’incidence de la «grève» des pilotes sur les opérations hôtelières du groupe Veranda ?

Aucune incidence majeure. Quelques vols de certains clients ont été retardés d’un jour et Air Mauritius a pris en charge les frais de prolongement de séjour.

Vu qu’Air Mauritius est un partenaire important de l’industrie hôtelière, estimez-vous que la crise à laquelle la compagnie fait face est susceptible d’impacter la réputation de Maurice comme destination touristique ?

Non, à ce stade pas du tout. Il peut y avoir des problèmes liés aux relations industrielles dans toutes les compagnies. Chez Air Mauritius, il semble que ce soit un manque de communication qui ait été à l’origine du différend mais que le dialogue est en train de se remettre en place.

Comment évaluez-vous le pôle hôtelier du groupe Rogers ? Comment expliquez-vous que malgré une bonne performance du groupe Veranda, les résultats financiers ont été, au final, très décevants ?

Dans le reporting de Rogers, le pôle ‘Hospitality’ inclut les résultats de VLH, Rogers Aviation et notre investissement dans NMH. En ce qui concerne les résultats de VLH pour 2016-2017 à fin juin 2017, nous avons maintenu, voire même légèrement amélioré, la bonne performance de 2016 avec Rs 190 M de profit après impôts, malgré les fermetures de certains hôtels pour rénovation et le taux de change plutôt défavorable.

Comment se présente la performance pour le premier semestre 2017-2018 ? Êtes-vous satisfait du taux de remplissage dans les hôtels du groupe ?

La performance de VLH pour le premier semestre 2017-2018 sera affectée par les fermetures pour rénovation en juillet et août d’Heritage Awali, Le Telfair, Heritage Le Château et Veranda Paul & Virginie.

Tous nos hôtels sont opérationnels depuis le 1er septembre et les ‘forward revenues’ sont en forte progression, aussi bien en taux d’occupation qu’en prix moyen. Nous recevons de nos clients et partenaires de nombreux commentaires élogieux sur nos produits rénovés, en particulier sur l’environnement amélioré d’Heritage Resorts à Bel-Ombre, ainsi que la réhabilitation de la plage.

Nous nous préparons actuellement avec enthousiasme à accueillir à nouveau, à Bel- Ombre, le grand tournoi de golf, l’AfrAsia Bank Mauritius Open à Heritage Resorts, fin novembre. Cet événement, dont nous sommes le promoteur, va encore donner plus de visibilité à nos produits et à notre marque.

Quel est l’apport du pôle hôtelier sur le chiffre d’affaires du groupe Rogers ?

VLH a un chiffre d’affaires d’un peu plus de 2 milliards et contribue donc à plus de 20 % au chiffre d’affaires de Rogers à fin juin 2017.

Quelle est la rationalité de l’exercice de rebranding autour des principales sociétés de Rogers, opérationnelles dans le sud-ouest du pays ?

J’aimerais d’abord rappeler que notre premier hôtel 5-étoiles, à Bel-Ombre, ouvert en 2004, s’appelait Heritage. Lorsque VLH a repris Le Telfair en 2009, nous avons créé la marque 5-étoiles Heritage Resorts qui englobait Heritage Awali (le premier hôtel, Heritage Le Telfair, Heritage Golf Club et Heritage The Villas).

Aujourd’hui, au-delà de Heritage Resorts et Heritage Golf Club gérés par VLH, la marque Heritage se rapporte aussi au pôle Property (avec l’apport de Heritage Villas Valriche) et au pôle Leisure & Events (Heritage Nature Reserve). Le Château de Bel-Ombre devient Heritage Le Château, le C Beach Club, Heritage C Beach Club, et le Domaine de Bel-Ombre devient Heritage Bel Ombre.

En faisant de Heritage une marque mère dont l’image rejaillit sur toutes les entités, Rogers souhaite apporter encore plus de cohérence et de synergie à toutes ses activités à Bel-Ombre et dans le Sud-Ouest. De plus, cette marque ne se réfère pas uniquement à des activités. Elle va plus loin en se présentant comme un condensé d’expériences et d’émotions, déclinées à travers son slogan ‘Embrace the Extraordinary ’.

C’est une nouvelle offre que vous proposez ?

C’est une offre intégrée, unique en son genre à Maurice, qui découle de la volonté du groupe de faire émerger ce lieu exceptionnel qu’est Bel-Ombre. Sur le plan géographique, la région dispose de ressources inégalées, avec une nature bien préservée, entre montagnes et océan, dont les visiteurs peuvent profiter au maximum. Il y a non seulement une volonté de valoriser cette région, mais aussi une nécessité d’appliquer, plus que jamais, la notion de durabilité à toutes nos opérations dans le Sud-Ouest.

D’une manière plus générale, comment évaluez-vous le secteur touristique aujourd’hui ?

L’industrie touristique mauricienne se porte très bien mais reste fragile. La croissance des arrivées (+ de 10 % en 2015, + de 10 % en 2016 et sans doute +7 % en 2017) est soutenue par un service aérien dynamisé. Nous profitons d’une forte demande pour Maurice et de quelques déconvenues pour certaines destinations concurrentes. Les efforts de diversification réussissent également, que ce soit pour l’Europe centrale et de l’Est, comme pour les pays scandinaves et l’Europe du Nord.

Je pense que les hôteliers aussi bien que la MTPA ont beaucoup amélioré et modernisé la stratégie et les outils de marketing et promotion. La reprise de confiance se traduit par le nombre important d’hôtels qui sont en rénovation cette année.

Dans quelle mesure l’ouverture du ciel aérien avec l’avènement de nouveaux opérateurs (Turkish Airlines, Saudi Airlines) a-t-elle permis de doper la croissance du secteur touristique?

C’est certain que le dynamisme de la desserte aérienne est le principal support de notre croissance retrouvée. La meilleure santé d’Air Mauritius et la venue de nouvelles compagnies comme Turkish, Saudi Arabian Airline, mais surtout le nouveau hub d’Amsterdam, avec les vols directs KLM/Air Mauritius qui offrent de belles perspectives à notre industrie, du moins pour les 18 prochains mois.

C’est au niveau de la Chine que nous stagnons. Il nous faudra trouver les solutions pour dynamiser et le service aérien et la promotion sur cet énorme marché.

On parle beaucoup de retombées de l’ouverture du corridor Asie-Maurice-Afrique. Certains spécialistes parlent d’échec, d’autres de couloir de réussite. Quel a été l’impact sur le taux de remplissage dans les hôtels ?

L’impact de cette nouvelle initiative ne se mesurera pas en 18 ou 24 mois. On sait aussi que cette même démarche a la faculté de déplacer une part du trafic existant, qu’il est difficile de mesurer. De plus, certains événements concomitants nous empêchent d’isoler les résultats propres au corridor comme, par exemple, le phénomène AirAsia ou encore le transit, court ou prolongé, des voyageurs de La Réunion. Cela étant, il était clair dès le début que le couloir devrait s’enrichir de nouveaux accords aériens ainsi que de nouveaux produits touristiques multi-destinations. Ces tentatives ne se mettent pas en place aussi rapidement que nous pourrions le souhaiter.

«Sur le plan géographique, la région dispose de ressources inégalées, avec une nature bien préservée, entre montagnes et océan, dont les visiteurs peuvent profiter au maximum.»

«Nous profitons d’une forte demande pour Maurice et de quelques déconvenues pour certaines destinations concurrentes. »

«L’Afrasia Bank Mauritius open à Heritage Resorts fin novembre va encore donner plus de visibilité à nos produits et notre marque.»

Contexte

Un groupe aux offres touristiques intégrées

Le groupe hôtelier VLH dispose d’un portefeuille de sept hôtels des catégories milieu et haut de gamme, d’une marque de spa et cosmétique, d’un golf de championnat, d’un beach club, d’un château-restaurant de la fin du XIXe siècle et gère les opérations d’une cinquantaine de villas de luxe. Employant 1 500 personnes et représentant le secteur d’activités hôtelières au sein de Rogers & Co, VLH brasse un chiffre d’affaires de Rs 2 milliards et contribue à plus de 20 % au chiffre d’affaires du groupe.

En presque 35 ans, la petite entreprise familiale, dont l’aventure a commencé avec Veranda Bungalow Village, à Grand-Baie, est devenue au fil des années un acteur majeur du paysage hôtelier mauricien ayant développé deux domaines d’activités distinctes et complémentaires : l’«hospitality», activité première et majeure du groupe avec ses deux marques hôtelières,Veranda Resorts et Heritage Resorts, fortes d’un inventaire de 937 chambres, ainsi qu’une cinquantaine de villas de luxe au Domaine de Bel-Ombre dont Heritage Resorts assure les opérations quotidiennes et la gestion locative ; le «leisure», une activité qui s’est annexée ces dernières années à son métier d’hôtelier, avec notamment le Domaine de Bel-Ombre qui comprend le C Beach Club, dernier-né du groupe en 2011, l’Heritage Golf Club et le Château de Bel-Ombre. Enfin Seven Colours est la marque de bienêtre représentée dans tous ses hôtels et la première marque mauricienne de spa et cosmétiques.