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Xi Jinping défend l’autorité du Parti et promet «une nouvelle ère» pour la Chine

18 octobre 2017, 12:13

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Xi Jinping défend l’autorité du Parti et promet «une nouvelle ère» pour la Chine

Xi Jinping a appelé mercredi les communistes chinois à combattre toute menace à l’autorité du parti au pouvoir, à l’ouverture d’un congrès qui doit offrir à l’homme fort de Pékin un nouveau sacre.

Promettant «une nouvelle ère» du socialisme à la chinoise, dont il a brossé le tableau jusqu’en 2050, le président chinois n’a laissé aucun espoir de libéralisation du régime.

«Chacun d’entre nous doit en faire davantage pour défendre l’autorité du parti et le système socialiste chinois et s’opposer résolument à toute parole et action de nature à les saper», a martelé Xi Jinping, devant les quelque 2.300 délégués réunis pour le XIXe congrès du Parti communiste chinois (PCC).

Presque tous en costume sombre et cravate rouge, les délégués du «plus grand parti du monde» (89 millions de membres) ont écouté pendant plus de trois heures et 20 minutes le discours de M. Xi dans le cadre ultra-sécurisé du Palais du peuple à Pékin. Ils ont applaudi comme un seul homme lorsqu’il a fait son entrée, souriant, aux côtés de ses deux prédécesseurs, les anciens présidents Jiang Zemin et Hu Jintao.

En direction du reste du monde, M. Xi, qui recevra le mois prochain le président américain Donald Trump, a assuré que son pays allait «s’ouvrir encore davantage» et promis un traitement «équitable» aux entreprises étrangères. Il s’est dit décidé à poursuivre la modernisation militaire afin de «faire de l’armée populaire une armée de premier ordre» à l’horizon 2050.

En voie de poutinisation? 

Il a aussi lancé une mise en garde au frère ennemi taïwanais, tenté par une séparation définitive avec la Chine, l’avertissant que Pékin «a les moyens de vaincre les tentatives séparatistes en faveur de l’indépendance taïwanaise».

D’ici mardi, le congrès nommera à huis clos un nouveau comité central qui devrait donner sans coup férir un nouveau mandat de cinq ans à M. Xi en tant que secrétaire général, voire lui permettre d’envisager un règne encore plus long. La limite d’âge de 68 ans imposée aux membres du bureau politique, l’instance de 25 membres qui dirige la Chine, pourrait en effet disparaître à point nommé pour Xi Jinping, qui aura 69 ans lors du prochain congrès en 2022.

Xi Jinping «cherche à se poutiniser» en restant au pouvoir indéfiniment, observe le sinologue Jean-Pierre Cabestan, de l’Université baptiste de Hong Kong en référence au président russe Vladimir Poutine, avec qui le numéro un chinois semble partager une certaine nostalgie de l’ère soviétique et une défiance envers l’Occident, servie par l’essor économique phénoménal de son pays.

Depuis son arrivée au pouvoir fin 2012, Xi Jinping, considéré comme le plus puissant dirigeant chinois depuis le fondateur du régime Mao Tsé-toung et le réformateur Deng Xiaoping, a placé des fidèles aux postes-clés, aidé par une campagne anti-corruption qui a sanctionné plus de 1,3 million de cadres.

Tolérance zéro

Le Parti continuera à pratiquer «la tolérance zéro» envers les responsables corrompus, a-t-il assuré.

S’il n’a pas mis en cause le passage à «l’économie de marché socialiste», son pouvoir s’est accompagné d’un retour de l’idéologie marxiste et d’une répression tous azimuts contre les avocats, les dissidents, les croyants et sur l’internet.

«Cela ne plaît pas à tout le monde en Chine. Il y a des gens qui sont contre l’idée qu’il reste plus de 10 ans», relève M. Cabestan, qui estime que «le retour à la maoïsation suscite la perplexité dans le pays».

En luttant contre la corruption, frappant jusqu’au sommet de l’armée et au sein du bureau politique, Xi Jinping «s’en est pris à des intérêts acquis», observe le sinologue. «Tout ça lui attire beaucoup d’inimitiés. Il a pris des risques qu’il a réussi à braver jusqu’à présent».

Signe de l’influence de Xi Jinping, son nom pourrait faire son entrée dans la charte du parti, un honneur réservé jusqu’à présent à Mao et à Deng.

M. Xi a évoqué lui-même dans son discours, à côté des «théories» de ses prédécesseurs, une «Pensée du socialisme à la chinoise de la nouvelle ère», qui pourrait lui valoir une telle distinction.